L'abandon des droits d'auteurs pour les enregistrements de plus de cinquante ans est une bonne chose en soi puisqu'ils tombent dans le domaine public, en permettant à n'importe qui d'éditer gratuitement Maria Callas, Ernest Ansermet, Antal Dorati (photo ci-dessus), Wilhelm Kempff, David Oïstrakh, Wilhelm Furtwängler et bien d'autres interprètes dont on peut enfin retrouver le legs discographique, mais cela ouvre aussi la porte à de pseudos éditeurs qui font n'importe quoi. Voilà que le marché, physique et dématérialisé, est inondé de rééditions réalisées à la hâte - votre Qobuz n'échappe pas à la règle - avec des présentations hideuses, un son médiocre souvent réalisé directement à partir d'un microsillon, sans recourir aux bandes originales et le plus souvent sans aucun contenu éditorial. La médiocrité règne en maître sur certains labels qui nous gratifient sans vergogne de sons distordus, de contenus tronqués par rapport à l'édition princeps, quand ce n'est pas d'un diapason fautif et d'une dénaturation pure et simple du signal d'origine. La méfiance est donc bonne conseillère et toute l'équipe de Qobuz joue de sa compétence pour vous signaler les rééditions soignées qui en valent vraiment la peine.

Heureusement beaucoup d'éditeurs sont au dessus de tout soupçon, à commencer par les majors, quand elles veulent bien rééditer leur fonds de catalogue, ce qui est loin d'être toujours le cas. D'autres labels proposent des rééditions très soignées comme Naxos Classical Archives, Biddulph, Tahra, APR, BDMUSIC, Preiser Records, Myto Historical ou Testament (qui se refuse malheureusement pour l'heure à l'édition numérique).

Plus encore qu'hier le mélomane d'aujourd'hui se doit d'être vigilant et ne pas se laisser abuser par un prix d'appel trompeur, derrière lequel se cache souvent autant d'incompétence que de mépris pour la musique et pour le client.

Parmi de belles rééditions, signalons les derniers enregistrements de Ginette Neveu (photo ci-dessus), de l'art du grand chef-d'orchestre oublié Joseph Keilberth ou des gravures de Charles Munch à l'époque où il était le "patron" de l'Orchestre de Boston. Les mélomanes sont redevables à NAXOS de l'exhumation d'enregistrements devenus rares et de curiosités comme Pierre Boulez dirigeant Christophe Colomb de... Darius Milhaud (si, si !) pour la compagnie Renaud-Barrault.

Si vous aimez passionnément le piano, le label APR est fait pour vous. Vous y trouverez des raretés soigneusement mises en valeur, comme les ultimes captations d'Alfred Cortot ou l'intégrale des gravures d'Edwin Fischer. Dans la mesure du possible, et lorsque vous avez le choix, il est bon de donner la préférence aux enregistrements originaux plutôt qu'à de mauvaises copies. L'édition discographique est devenue une jungle dans laquelle il faut certes faire son marché avec circonspection, mais qui nous apporte aussi un nombre de titres et de possibilités quasi infinies pour que les artistes que nous aimons ne meurent jamais.

François Hudry : 26 juin 2013 par qobuz.com