Aussi bon sur scène que sur disque, Robert Finley revient, ce 27 octobre, avec un quatrième album aussi blues que funky.

Et c’est reparti pour un tour, l’éternel come-back du blues qui ne meurt jamais. A chaque génération, cette musique centenaire est annoncée en voie de disparition, à l’agonie, balayée par des nouveaux genres musicaux ou déshonorée par ses plus mauvais prétendants. Et tous les dix ou vingt ans débarque, en général d’un coin perdu du Sud des Etats-Unis, un vieux bonhomme qui joue du blues comme s’il venait de l’inventer, à l’ancienne, avec ses tripes, son cœur, ses histoires et ses chansons pour faire bouger les jambes d’un public qui n’a pas la moitié de son âge.

Longtemps, c’est le génial papy R. L. Burnside qui a tenu ce rôle sous sa casquette de retraité. Puis il est mort (en 2005), et on a cru que qu’il avait emporté le blues dans sa tombe. Mais une dizaine d’années plus tard, un vieil alligator est sorti des bayous de Louisiane avec son premier album titré Age Don’t Mean a Thing. En 2016, Robert Finley avait 62 ans, un grand sourire, une silhouette de cow-boy, un cœur de bluesman, des jambes de soulman et sa carrière devant lui. Ancien militaire, charpentier, musicien du weekend, il construisait ses chansons sur le toit de la soul, avec les fondations du gospel et les murs porteurs du blues.

Produit par la bande du label Fat Possum (celui qui avait relancé la carrière de R. L. Burnside dans les années 90), ce premier album très soul n’était en fait qu’un amuse-gueule. Le meilleur restait à venir, de mieux en mieux album après album : Goin’ Platinum ! en 2017, Sharecropper’s Son en 2021 et Black Bayou en cet automne 2023. Trois albums qui ont en commun d’avoir été produits par Dan Auerbach (des Black Keys), le Stéphane Bern du patrimoine musical américain. Et comment sait-on que Robert Finley est devenu un gars important ? C’est sa bonne tête, toutes dents apparentes, qui illustre la compilation Tell Everybody!, orchestrée par Easy Eye Sound (le label de Dan Auerbach) pour montrer la bonne santé du blues au XXIe siècle.

Les trois derniers albums de Robert Finley montent en intensité, s’éloignant petit à petit de la soul classique avec cuivres et chœurs pour retourner dans le rhythm’n’blues du bayou sauvage, celui qui donne très chaud et très soif. Si Sharecropper’s Son était un bijou brut de blues swampy, avec des ambiances à la Creedence Clearwater Revival ou Tony Joe White, Black Bayou s’inscrit dans la tradition du blues funky et saturé des années 50, et c’est son meilleur album. On va encore partir de ses concerts avec des fourmis dans les jambes et des courbatures le lendemain. En attendant sa sortie ce 27 octobre, le single Nobody Wants To Be Lonely est disponible.