Avec « Baltimore », nouvel album en forme d’ode au voyage, ces deux musiciens hors cadre s’unissent brillamment.

Le premier est rappeur et n’a de cesse, depuis plus de vingt ans, de défier les codes du genre. Le second, beatmaker belge venu des musiques électroniques, s’acoquine régulièrement avec des lyricistes, Roméo Elvis il fut un temps, Fuzati aujourd’hui. Une bonne génération les sépare, mais qu’importe : ensemble, Fuzati et Le Motel inventent quelque chose d’autre.

Fuzati & Le Motel - Tout ça

KlubdesLoosers

Leur collaboration a débuté en 2018, lors d’un concert du Klub des Loosers (le projet historique de Fuzati) à Bruxelles. Tous deux très occupés, ils décident un an plus tard de composer ensemble mais, comme l’essentiel du monde, ils subissent les confinements à partir de mars 2020. Leur union artistique se fera à distance, loin de l’effervescence.

En est sorti ce Baltimore, un album en hommage à la notion de voyage, qu’il soit immobile, impossible, physique ou mental. Fuzati, armé de sa voix faussement monotone, met de côté sa misanthropie pour embrasser une forme de beauté, et se faire plus poétique – et apaisé peut-être. Comme toujours avec lui, son flow brille par ses imperfections. Les respirations hâtives, les légers décalages… Son rap est organique, technique, preuve de l’expérience et d’une confiance totale en sa voix. De l’autre côté, Le Motel s’amuse. Il explore les sonorités comme il construirait des cocons, joue avec l’enveloppe des synthétiseurs, puise ses drums dans la vaporwave plutôt que dans le boom bap ou la trap. Un album inventif qui dépasse largement la somme de ses deux talents.