Motown au nord. Et Stax au sud. Deux conceptions bien distinctes de la soul music. Dans la moiteur sudiste de Memphis, Isaac Hayes, Otis Redding, Sam & Dave, Booker T. et quelques autres ont inventé un groove unique, biberonné au blues et surtout au gospel.

Tout au long des années 60, le label Stax de Memphis a engendré les plus grandes voix d’une soul inspirée du gospel. Mais surtout, Stax proposait un son propre, en total opposition avec celui de Motown. Alors que Berry Gordy, fondateur de Motown, insufflait l’élément pop à la tradition rhythm’n’blues, Stax ancrait davantage son discours dans le rhythm’n’blues, le blues, le gospel voire la country. Les deux écuries véhiculent alors l’idée de famille. Mais qu’on ne s’y trompe pas, seul Stax pouvait revendiquer sans arrière-pensées cette appellation. Motown contrôle ses artistes à chaque étape de leur carrière. Alors que Stax pousse ses poulains à s’exprimer assez librement dans un cadre certes défini. L’overdub est roi à Detroit, l’enregistrement collectif est la règle à Memphis ! Tandis que les disques Motown se font en grande partie de la table de mixage, ceux de Stax sortent directement de la pièce d’enregistrement. Et même si au moment de l’addition, Motown rafle la mise haut la main (Stax n’atteignant jamais de tels dividendes), l’influence du son créé par le label de Memphis sur ce qui deviendra le funk est, par exemple, sans comparaison. Paradoxe là encore car en cumulant les disques d’or des Temptations (période Norman Whitfield), des Commodores, des Jacksons et de Undisputed Truth, Berry Gordy ramassera davantage que Jim Stewart et Estelle Axton (tandem fondateur de Stax) avec Isaac Hayes, les Emotions et les Dramatics. Stax jette (temporairement) l’éponge en 1976 ; Motown court toujours…

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