Le célèbre réalisateur/scénariste/dialoguiste Francis Veber fêtera ses 80 ans le 28 juillet prochain. L’occasion de revenir sur la carrière de ce grand vaudevilliste, dont les films – et leurs musiques – sont gravés dans la mémoire collective des spectateurs français depuis 50 ans.

« J’ai vite compris que la musique n’intéressait pas particulièrement Francis Veber. Il la considérait plutôt comme un ‘mal nécessaire’ ». Ainsi parle Vladimir Cosma dans son autobiographie Comme au cinéma (Hors Collection, 2009), Cosma étant l’un des compositeurs qui connaît sans doute le mieux l’univers de Francis Veber, mais aussi l’homme. Et pourtant, en dépit de cette « phobie » de la musique, le nom de Francis Veber est associé à de grands thèmes populaires, qui font désormais partie de la mémoire collective française, mais aussi, parfois, internationale (la BO du Jouet est considérée comme un hymne en Russie). Le petit neveu de Tristan Bernard est l’une des grandes figures de la vague qui bouleverse la comédie à la française dans les années 70 et 80. Ses films sont en bonne place à côté des brûlots hilarants de Jean Yanne, des brillantes parodies de films noirs de Georges Lautner, des burlesques méticuleux de Gérard Oury, ou bien des vaudevilles subtils du duo Yves Robert/Jean-Loup Dabadie. En tant que scénariste – principalement à ses débuts – Francis Veber travaille d’ailleurs avec certains de ces réalisateurs, pour lesquels il signe de grands succès. 

 

Le premier d’entre eux est Le Grand Blond avec une chaussure noire d’Yves Robert (1972). C’est la comédie qui propulse le candide et malchanceux Pierre Richard au rang de star. Musicalement parlant, ce film est intéressant à deux points de vue. D’une part il marque le début d’une relation riche et (plus ou moins) fidèle entre Veber et Vladimir Cosma. D’autre part, la couleur musicale, ainsi que l’écriture choisie par le compositeur franco-roumain pour ce film est comme la première pierre d’une esthétique qui a contribué à la grandeur du style de Francis Veber. À la fin des années 60 et durant les années 70, Vladimir Cosma s’attache à trouver des timbres instrumentaux originaux qui collent aux personnages ou aux sujets des films qu’il met en musique. C’est le cas notamment de l’ocarina basse d’Alexandre le Bienheureux (Yves Robert, 1968) ou bien des saxophones sopranino du Distrait (Pierre Richard, 1970). Avec Le Grand Blond, il poursuit ce travail en utilisant une flûte de pan et un cymbalum évocateurs de ses contrées d’origine. Ce choix étonnant, à la limite du non-sens (le film est un pastiche de récit d’espionnage se situant à Paris), fait l’objet d’un rejet violent de la part du très cartésien Francis Veber, qui ne comprend pas la licence poétique de Vladimir Cosma. Les choses rentrent finalement dans l’ordre, et la musique est un tel succès qu’avec le temps, Veber finit par apprécier sa musique à sa juste valeur, à tel point que Cosma sera le compositeur de ses sept premiers films en tant que réalisateur.

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