En 1998, Richie Hawtin, producteur originaire de Windsor dans l’Ontario, juste en face de Detroit, sortait, sous son alias Plastikman, son album Consumed, vite élevé au rang de classique de la techno. Un disque minimaliste, étouffé et étouffant, qui prenait les dancefloors électroniques à contre-pied. Et c’est ce qui a captivé Chilly Gonzales, génial touche-à-tout électronique québécois adoubé roi du piano après son album Solo Piano en 2004.
Plastikman & Chilly Gonzales - Consumed In Key
TurboRecordingsSéduit par ce disque qui sortait du 4/4 techno utilitaire, Gonzales est devenu obsédé par Consumed, sur lequel il s’amusait à superposer son jeu de piano. “La structure unique de cet album m’a poussé à composer des pièces de piano pour accompagner chacun des morceaux, à trouver son contrepoint acoustique”, explique-t-il. C’est le producteur montréalais Tiga, patron du label Turbo Recording, qui a réussi à convaincre Richie Hawtin de l’intérêt d’éditer le projet. Hawtin, qui avait peur de voir quelqu’un d’autre “changer” cet album, a fini par accepter de voir son travail remodelé, mais à condition qu’il puisse lui aussi remixer l’album avec ces nouveaux éléments en tête. Une perspective “terrifiante” pour Gonzales : “J’avais une relation depuis deux ans avec cet album, et là, je devais démarrer une relation avec une personne.”
Derrière ce Consumed in Key, il y a donc une approche profondément humaine de la part de deux virtuoses pour revisiter un album déjà considéré comme un classique. La techno si minimaliste de Plastikman, si sombre et délibérément dépourvue de hook, la plaçant parfois aux limites de l’ambient et de l’expérimental, prend de la couleur avec les lignes mélodiques de Gonzales, comme un tunnel noir qui se parerait petit à petit de motifs hallucinatoires. Une expérience à la fois puissante et transcendante, à écouter, comparer et à laisser infuser.
En 2015, Qobuz rencontrait Chilly Gonzales à l'occasion de la sortie de son album Chambers. Séance de rattrapage :
