AVM Inspiration CS 2.3

La société allemande AVM a été créée en 1986. Depuis cette date, elle produit des électroniques haute-fidélité destinées à créer des chaînes en multi-éléments : lecteurs CD, platines vinyle, préamplificateurs et amplificateurs de puissance. Elle est aussi très active dans le domaine de l’amplificateur intégré qu’elle a doté au fur et à mesure de plus en plus de fonctions.

Actuellement, les intégrés AVM sont connectés au réseau, disposent d’un DAC et, pour certains, d’un lecteur CD. Ce qui en fait les intégrés parmi les plus complets du marché. La gamme se découpe principalement en trois séries : Inspiration, Evolution et Ovation. Les tarifs vont du simple au triple. Nous testons ici le modèle le plus accessible : l’intégré Inspiration CS 2.3.

Présentation générale du CS 2.3

L’AVM Inspiration CS 2.3 est un appareil tout-en-un compact, comme son nom l’indique. En effet, les deux lettres CS signifient Compact Streamer. Avec ses 10 centimètres de hauteur, il occupe à peu près autant de place qu’un amplificateur intégré classique. A la différence près qu’il en offre beaucoup plus. Ce que sa façade ne laisse pas vraiment paraître. A ce sujet, le CS 2.3 est disponible en aluminium noir, argenté ou chromé. Cette dernière finition implique un coût supplémentaire.

Sur le modèle noir que nous avons reçu, la sobriété est de mise. L’afficheur encastré en affleurement est quasiment invisible, tout comme la fente du lecteur CD. Sur la droite, la grande molette de volume est facile à utiliser. Elle est flanquée sur sa gauche de trois touches afin de sélectionner les sources. Tout en bas prend place la sortie casque au format 3,5 mm.

L’afficheur monochrome donne un maximum d’informations. Surtout, cinq touches tactiles se cachent sur sa partie basse. Dynamiques, elles changent selon la source et le mode enclenché. Il est ainsi possible d’accéder à un certain nombre de réglages, complétés par d’autres via l’application mobile. Ainsi, la plupart des actions peuvent être effectuées directement sur le CS 2.3.

La face arrière offre une connectique complète pour rassembler la plupart des sources externes. On trouve aussi bien des entrées analogiques que des entrées numériques. L’entrée phono assez élaborée accepte tous types de cellules avec un réglage de charge via des bouchons RCA fournis. Côté numérique toujours, il y a un port USB pour lire le contenu d’une clé, des sorties numériques si l’on souhaite utiliser le CS 2.3 en mode streameur uniquement et une entrée HDMI ARC pour connecter un téléviseur.

N’oublions pas que le CS 2.3 est avant tout un amplificateur intégré. Il dispose de 140 watts d’amplification par canal sous 4 ohms. Les sorties haut-parleurs sont disponibles sur des borniers en taille réduite, rapport au peu de place disponible en face arrière sur cet appareil compact. Ils acceptent bien évidemment les fiches bananes.

La conversion numérique/analogique est confiée à une puce ESS 9038Q2M que l’on trouve dans d’autres DAC de qualité. Elle permet au CS 2.3 de lire des fichiers jusqu’en 32 bits en 384 kHz. L’AVM sait également reproduire le son des fichiers DSD256. Certains raffinements de ce modèle sont déclinés directement de son grand frère très haut de gamme, l’Ovation CS 8.3.

Utilisation du CS 2.3

Bien que l’on puisse piloter le CS 2.3 via les boutons en façade ou la télécommande en aluminium simplifiée, tout n’est pas possible. Il faut alors télécharger l’application mobile AVM X permettant d’aller bien plus loin, parfois un peu trop. Une fois l’application lancée et le CS 2.3 connecté au réseau, ce dernier est immédiatement reconnu. On peut l’allumer et l’éteindre depuis l’app.

Le menu principal de l’app liste l’ensemble des sources et des raccourcis. Il y a même une sous-liste pour les sources physiques car visiblement, tout ne rentrait pas. Le menu permet d’accéder au contenu d’une clé reliée en USB, aux dossiers partagés sur son réseau personnel, aux radios Internet, aux podcasts et bien sûr à Qobuz. N’oublions pas le Bluetooth ainsi que le lecteur CD intégré. Toutes les commandes sont dans l’app. Par ailleurs, si le CD inséré est reconnu, alors les informations telles que le nom de l’album, de l’artiste et les titres seront affichées.

L’application permet d’aller assez loin dans la personnalisation de l’appareil et l’on peut parfois s’y perdre. Il y a par exemple un réglage de gain en entrée pour chaque source ainsi qu’un réglage de volume relatif en sortie. Il est possible d’effectuer quelques réglages sonores, mais il n’y a pas d’égaliseur ou de système de calibrage. C’est vraiment la seule absence dans ce déluge de réglages. Si bien qu’une commande simple comme l’éjection d’un CD nécessite plusieurs manipulations dans l’app car il n’existe pas de touche dédiée directement sur l’appareil.

Qobuz est donc intégré nativement à l’app AVM X. Comme d’habitude, on retrouve un premier niveau de sélection assez classique laissant le choix entre les recommandations et ses propres favoris et playlists personnelles. Le menu « Discover » liste les nouveautés par genre, avec un affichage par jaquettes.

En revanche, la gestion de ses playlists Qobuz au sein de l’app AVM est limitée. Il est possible d’ajouter un titre à ses favoris Qobuz ou à une playlist existante, mais ça s’arrête là. La partie rédactionnelle se limite à la liste des musiciens participants à chaque titre. On ne pet pas accéder aux informations à propos des artistes et des albums. Toutefois, en cours de lecture, les caractéristiques du flux audio ainsi que le débit sont indiqués clairement afin de confirmer sa qualité. Une autre fonction plutôt rare : on peut ajouter l’ensemble de ses favoris Qobuz (albums, artistes ou morceaux) dans une présélection qu’il sera facile de rappeler depuis la page d’accueil de l’app.

A l’écoute

L’avantage du tout-en-un réside dans sa facilité de mise en œuvre. Le CS 2.3 a donc pris place au centre de notre système, relié simplement à nos enceintes Dynaudio de référence. Nous avons utilisé l’app AVM grâce à l’intégration de Qobuz. Nous aurions pu tout aussi bien profiter de Roon.

Le CS 2.3 a un côté un peu vintage dans sa restitution, loin de l’hyper-précision, mais attention, dans le bon sens du terme. Il est plutôt adepte de la chaleur et d’une mise en avant du haut-grave et du bas-médium. Guitare basse et contrebasse ressortent ainsi plus qu’à l’ordinaire pour un plaisir non feint de notre part. Il y a ainsi une grande concentration de matière au centre de la scène sonore tout en conservant un bon étagement entre les voix et les instruments. En parcourant les titres de l’album soul-funk For All Time de Mayer Hawthorne, on profite d’une présence appuyée et d’une bonne projection des effets sonores vers la position d’écoute.

Le CS 2.3 présente d’excellentes capacités à détacher les voix du reste de l’enregistrement. C’est particulièrement probant sur la réédition de l’album Call Off The Search de Katie Melua. Sa voix très reconnaissable ressort avec un maximum de détails dans les intonations et les fins de notes. L’AVM respecte parfaitement les variations dynamiques afin d’offrir une restitution pleine de naturel où la beauté des timbres peut s’exprimer. Les instruments tels que les cuivres et les percussions ne sont pas en reste avec un réalisme renforcé par les réverbérations associées leur faisant prendre place virtuellement dans notre pièce d’écoute.

L’album remasterisé Diamonds and Pearls de Prince dans son édition Super Deluxe passe admirablement bien avec l’AVM CS 2.3. On peut en profiter comme rarement grâce à une excellente séparation des voix et des instruments. Le grave est maîtrisé avec de la tension, de l’impact et de la descente vers les basses fréquences, le tout sans s’écrouler devant la complexité du message. Le CS 2.3 tire sans conteste le meilleur de chaque enregistrement. Seul l’aigu nous semble parfois, sur certains titres, légèrement écourté, ce qui se remarque essentiellement sur les cymbales.

A l’écoute de grandes formations orchestrales, telle que la Symphonie No. 0 de Bruckner jouée par l’Orchestre Gewandhaus de Leipzig, nous retrouvons cette capacité à bien séparer les différents instruments pour que tous restent lisibles. En même temps, le CS 2.3 reproduit une grande masse musicale constituant un tout. C’est une écoute différente par rapport à d’autres appareils qui seront plus analytiques, plus précis, mais aussi moins entraînants. Les partis pris du CS 2.3 procurent un plaisir d’écoute que nous acceptons sans réserve.