Avec son modèle DAC-9, la société américaine NuForce se positionne nettement sur le marché du convertisseur numérique analogique de début de haut de gamme. Si l'on précise qu'à sa conception très audiophile, sa qualité de fabrication et ses résultats sonores s'ajoute la possibilité de l'utiliser en préamplificateur grâce à sa sortie audio paramétrable en sortie à niveau variable, voilà qui rend la bête très intéressante.

NuForce n'est pas une marque inconnue des lecteurs de la rubrique Hi-Fi Qobuz puisque nous avons déjà testé le modèle Icon HDP de cette marque américaine née en 2005 et qui propose des amplificateurs numériques, des DAC, des DAC avec amplificateur ou avec amplificateur pour casque, des enceintes, etc.

Nu Force s'est également fait une grande renommée parmi les amateurs d'audio et de vidéo de haute qualité en "boostant" les performances audio des excellents lecteurs de Blu-ray Oppo en remplaçant leur carte de conversion numérique analogique par des cartes spécifiquement développées par ses soins, dont le lecteur BDP-93, devenant BDP-93NE/NXE.

Le DAC-9 qui fait l'objet de ce banc d'essai fait partie des produits High End de NuForce, bien que son prix de 1700 € qui représente déjà une certaine somme, reste raisonnable dans cette catégorie de la Hi-Fi où les prix sont parfois si délirants que l'on peut alors à juste raison se demander ce qui peut les expliquer...

Présentation

Disponible en noir ou en blanc, le DAC-9 NuForce se présente avec une façade anguleuse proéminente à multiples pans coupés et semble sorti tout droit d'un film de science-fiction.

Le large plexiglas rouge situé en milieu de façade masque deux affichages situés à ses extrémités. Celui de gauche indique le numéro de la source sélectionnée (de 1 à 6) et le volume de la sortie préamplifiée, tandis que celui de droite affiche la fréquence d'échantillonnage du signal numérique reçu.

Le bandeau supérieur en plexiglas masquant des chiffres de 1 à 6 et deux petites flèches, l'une pointant vers le bas et l'autre vers le haut est en fait le "clavier" de la façade. Les chiffres représentent les entrées et les flèches permettent la diminution ou l'augmentation du volume de la sortie préamplifiée.

La partie inférieure gauche accueille deux prises casque, l'une au standard Jack 3,5m (combinée avec une entrée S/PDIF optique) et l'autre au standard Jack 6,35. Le bouton situé à l'opposé permet de régler le volume du casque.

La connectique

Le DAC-9 dispose de six entrées numériques, toutes compatibles avec des signaux 24 bits à 192 kHz. Il dispose bien sûr d'une entrée USB, de quatre entrées S/PDIF (trois coaxiales, dont une à baïonnette noté BNC3, qu'il faudra relier par un câble 75 ohms muni de connecteurs BNC mâle, et une optique), et d'une entrée numérique symétrique au standard AES/EBU. A noter que l'entrée S/PDIF à baïonnette et l'entrée Cinch au-dessus d'elle ne peuvent être raccordées simultanément.

Les signaux audio analogiques sont disponibles en asymétrique sur prises Cinch et aussi en symétrique sur connecteur professionnel XLR. Le niveau de sortie peut être fixe (utilisation comme source) ou variable (utilisation comme préamplificateur) par un paramétrage réalisé depuis la télécommande et le clavier de la face avant.

La fabrication

Le boîtier du NuForce DAC-9 est entièrement réalisé en aluminium brossé anodisé noir, comme un véritable appareil de haut de gamme, et sa façade aux lignes si particulières est usinée dans un bloc d'aluminium massif.

La structure de ce boitier constitué d'un profilé en "U" avec deux rebords inférieurs sur lesquels est fixé le fond, lui-même doublé par une plaque d'aluminium, lui confère une excellente rigidité.

A l'intérieur on découvre deux grands circuits imprimés, l'un accueille l'alimentation et l'autre la partie conversion numérique analogique, le filtrage, ainsi que l'interface USB sur une petite carte additionnelle.

On trouve également deux autres petits circuits, l'un à même la façade accueille les modules d'affichage et l'autre, perpendiculaire à celle-ci, est équipé des prises casque et du potentiomètre de volume.

Un transformateur toroïdal de taille respectable se charge de d'alimenter le DAC-9 en énergie et reçoit un capot de blindage d'un magnifique rouge pompier !

L'alimentation

L'alimentation du NuForce DAC-9 est de type "linéaire", c'est à dire qu'elle utilise un transformateur fournissant des tensions secondaires sinusoïdales à la fréquence de 50 Hz, tension qui vont être transformées en tensions continues par des opérations de redressement et de filtrage.

Contrairement aux alimentations à découpage qui sont de véritables générateurs de rayonnement électromagnétique du fait des fronts raides provoqués par le découpage, rayonnement qui peut être transmis à l'électronique, voire à d'autres appareils, les alimentations linéaires sont exemptes de bruit de fonctionnement et sont particulièrement prisées des audiophiles et des puristes.

Sur l'alimentation du DAC-9, les tensions redressées sont filtrées par des condensateurs chimiques de qualité fabriqués sur cahier des charges NuForce et dont la valeur n'est pas indiquée mais qui doit avoisiner les 10.000 µF.

On dénombre également sur cette alimentation six régulateurs de tension, l'un de type LD50V fournissant du 5V à l'électronique de gestion, un régulateur +12V et un -12V, probablement destinés à l'alimentation des amplificateurs opérationnels utilisés dans le filtrage, deux régulateurs positifs ajustables de type LM317 et un négatif ajustable de type LM337.

On remarque dans la partie gauche de la carte un circuit intégré à quatre rangées de broches. Il s'agit du micro contrôleur de gestion du DAC-9, de type PIC16F44 du fabricant Microchip.

Interface USB

Le circuit d'interface USB, monté sur sa propre carte utilise un circuit programmable dont le logiciel assurant le transfert des données depuis le port USB d'un ordinateur a été développé par NuForce. Cette conception modulaire permettra de changer facilement cette interface si le constructeur lui apporte de futures améliorations.

Les entrées numériques S/PDIF coaxiales et AES/EBU sont interfacées par des transformateurs (dont on aperçoit l'un d'eux sur la photo), tandis que l'interface optique fait usage d'un récepteur spécifique.

Conversion numérique analogique et filtrage

L'interface entre les différentes entrées numériques du DAC-9 est réalisée par un DIR (Digital Interface Receiver) Asahi Kasei AK4113 capable de commuter six sources numériques stéréo 24 bits avec une fréquence d'échantillonnage jusqu'à 216 kHz.

Le signal numérique est ensuite transmis à deux performants convertisseurs numérique analogique Burr-Brown PCM1798, capables de traiter des flux numériques jusqu'à 24 bits à 192 kHz et travaillant en parallèle afin d'améliorer le rapport signal sur bruit du DAC-9.

NuForce utilise pour le filtrage des signaux issus de ces convertisseurs un filtrage passif qu'il a baptisé Passive IV Digital Output Filter, utilisant des condensateurs à couche plastique dont les qualités en audio sont reconnues et qui ne fait pas usage de contre réaction.

On remarque cependant la présence de deux amplificateurs opérationnels à très faible bruit National Semiconductor LME49860, probablement utilisés en étages "tampons" (ou buffer en anglais) encore appelés "adaptateurs d'impédance".

Volume et symétrisation des signaux audio

Le NuForce DAC-9 qui offre la fonction préamplificateur est muni d'un réglage de volume électronique Burr-Brown PGA2310 réagissant aux ordres de la télécommande ou aux touches de la façade.

En plus des sorties audio stéréo analogiques standards (asymétriques) sur prises Cinch, cet appareil dispose de sorties audio symétriques sur connecteurs professionnel de type XLR.

Les signaux symétriques sont réalisés à partir de circuits intégrés spécialisés Burr-Brown DRV134, ce qui garantit une symétrie quasi parfaite de ceux-ci.

La sortie casque dispose de son propre amplificateur intégré de conception NuForce dont le volume est commandé par le potentiomètre en façade.

Utilisation et écoute

Pour utiliser le DAC-9 avec un PC ou un Mac, il faudra installer les driver que l’on peut télécharger ici, et surtout bien prendre connaissance des recommandations données par le constructeur.

Le début de ce joli mois de mai 2012 n’ayant pas été avare en journées maussades, j’avais, à juste raison, emmené le DAC-9 à mon domicile en ce jeudi de Pentecôte pour procéder à l’écoute. A cela s’ajoutait le fait que cet appareil disposant de sorties audio à niveau variable, il m’était possible d’utiliser cette fonctionnalité à mon domicile, contrairement à mon lieu de travail où nous ne disposons pas de "blocs" d’amplification.

Mes enceintes personnelles étant en effet des modèles actifs multi amplifiés, je leur ai raccordé directement le DAC-9 (via des transformateurs symétriseurs audio Sowter), bénéficiant ainsi du trajet le plus court possible qui me permettrait d’apprécier sans intermédiaire le "son" de ce DAC-9, méthode dont je ne pense pas qu’elle puisse être sujette à critique.

D’autre part, comme nous avons lu très récemment qu’une certaine presse écrite allait bientôt publier "de vraies évaluations entre ces téléchargements et la lecture de CD correspondants" dans un article dont nous nous sommes fait l'écho pour d'autres raisons, je n’ai pas manqué de procéder (de nouveau) moi-même à ce genre d’exercice avec le NuForce DAC-9 qui m'offrait diverses possibilités de comparaison instantanée grâce à ses nombreuses entrées, et dont le compte-rendu, qui pourra peut-être sembler long à certains, me semble être une sorte de "droit de réponse" aux propos cités ci-dessus.

Pour ce, j’ai raccordé le DAC-9, d’une part en USB à un EEEPC, et d’autre part à un (ancien mais excellent) lecteur de DVD-Audio Technics DVD-A10 (désolé de ne pas disposer de matériel de plus haut de gamme) en liaison S/PDIF avec un câble numérique coaxial de qualité.

Cela m’a permis, dans un premier temps, de faire une écoute comparative entre la version CD et la version "téléchargée Qobuz" de la Fantasia on British Sea Songs de Sir Henry Wood, dans l’excellente interprétation, chez Naxos, de Paul Daniel conduisant l’English Northern Philharmonia, un de mes "classiques" auquel je reviens régulièrement pour évaluer le matériel.

En effet, en à peine un quart d’heure, cette œuvre propose une grande richesse de timbres, des passages intimistes joués tout en finesse, comme des passages très dynamiques, et bien sûr la complexité musicale du jeu d’un orchestre symphonique générant un large spectre sonore dans un espace important, le tout extrêmement bien enregistré. En bref, tout ce dont j’ai besoin pour me faire rapidement, et objectivement, je pense, une idée des qualités sonores d’un appareil. Au-delà, à mon avis, c’est pour le plaisir, ou pour le remplissage.

Concernant l’écoute, déjà je peux dire que je n’ai perçu aucune différence de niveau sonore entre l’entrée USB (avec le volume de Foobar au maximum) et l’entrée S/PDIF coaxiale, ce qui n’est pas sans importance car les différences de niveau sonore sont loin d’être innocentes dans l’appréciation que l’on peut avoir d’un résultat sonore et celles-ci, de leur simple fait, peuvent conduire à trouver un résultat sonore meilleur qu’un autre.

Il m’a également été impossible de déceler des différences dans la restitution sonore entre ces deux entrées, et ce en comparaison instantanée, la lecture du CD et celle de Foobar ayant été synchronisées, je pouvais passer en un clin d'oeil d’une entrée à l’autre sans rupture de continuité musicale.

En écoutant la Fantasia on British Sea Songs, j'ai pu caractériser la restitution sonore du NuForce DAC-9 en disant, pour simplifier, que celle-ci se montre extrêmement élégante. Cet appareil ne fait absolument pas dans l’esbroufe ni dans l’artifice plaisant mais vite fatigant car pas naturel, au contraire il montre une petite tendance à lisser un peu ce qui pourrait accrocher dans les zones médium et aigu.

Ainsi les violons offrent une sonorité nettement plus douce que celle offerte par nombre de convertisseurs, et peut-être aussi moins proche de leur son naturel, mais on notera que le léger tintement du triangle au fond de l’orchestre se détache de l'orchestre avec suffisamment d’acuité, bien que l’instrument semble être fait d’un métal un peu plus doux. Quant au grave, il descend bien en se montrant ferme et précis.

Bien que j’aime particulièrement les appareils offrant le plus de détails possible qui permettent quasiment de "toucher" à l’original, la restitution sonore du DAC-9 m’a donc paru extrêmement agréable, avec, entre autres, et c'est un point important à mes oreilles que je tiens à préciser, des extinctions de notes paraissant très naturelles. Et même si j'ai trouvé que la dynamique paraissait légèrement contenue, cette restitution offre un bel équilibre, génère un très bel espace sonore et fait montre d’une grande élégance.

Ensuite, je me suis servi de mon lecteur DVD-A10 pour comparer la restitution sonore du DVD-Audio de la Symphonie Alpestre de Richard Strauss par Rudolf Kempe dirigeant la Staatskapelle de Dresde (24 bits à 48 kHz stéréo envoyé en S/PDIF par câble coaxial au DAC-9), avec la restitution de cette même oeuvre "rippée" en stéréo sur mon EEEPC, également en 24 bits à 48 kHz, et lue depuis Foobar2000 en mode Kernel Streaming. En effet, comment aurais-je pu comparer un fichier en haute définition téléchargé sur Qobuz avec sa version physique alors que celle-ci n'existe pas ?

J'ai retrouvé, à l’écoute de la Symphonie Alpestre en haute définition, la même signature sonore, équilibrée, élégante et un peu "apaisante" du DAC-9, en particulier avec des cuivres qui n'agressent pas lors des forte. Là encore, pas de différences perceptibles entre les deux modes d’écoute (USB et S/PDIF), mais le format 24 bits à 48 kHz creuse la différence en termes de dynamique sur la version CD de cette œuvre qui comporte des envolées "décoiffantes" qui s'expriment mieux avec 24 bits qu’avec 16 bits.

Cela s'entendait nettement en écoute comparative instantanée avec la version CD de cette œuvre. De même que les faibles écarts de dynamique étaient mieux mis en valeur, ce qui peut se comprendre sachant qu'avec 16 bits on dispose de 65 536 pas de tension alors qu'avec 24 bits leur nombre est de 16 777 216 (256 fois plus), ce qui offre une résolution en tension largement meilleure du fait d'un codage beaucoup plus précis, et donc une aptitude supérieure à révéler les nuances les plus faibles en termes de dynamique.

Pour terminer, quelques mots sur la sortie casque, sur laquelle nous avons raccordé un B&W P5, sortie qui utilise, comme nous l'avons vu, son propre amplificateur. Sa restitution m’a semblé un peu plus vive et fouillée qu’avec les sorties préamplifiées, d'un bel équilibre tonal, et se révèle de très bonne qualité.

Et je confirme, à la suite de cette écoute au casque au cours de laquelle j'ai également procédé à une comparaison instantanée entre les versions CD et DVD-Audio de la Symphonie Alpestre, que le gain en dynamique de la version 24 bits est net, sans que j'ose cependant aller jusqu'à dire que c'est le jour et la nuit.

Pour preuve, après un fortissimo de l'ensemble de l'orchestre qui est plus marqué en 24 bits, lorsque la musique revient à un niveau normal, les niveaux sonores des deux versions redeviennent rigoureusement identiques (les deux lecteurs utilisés, un Panasonic DVD-RA61 pour lire la version DVD-Audio, et un Sony DVP-NS05V pour lire la version CD, étaient tous deux reliés au DAC-9 par cordon optique, afin de bénéficier d'une liaison identique).

En conclusion, le DAC-9 de NuForce joue bel et bien dans le clan des appareils audiophiles en affichant une certaine personnalité sonore que se refuserait un appareil aspirant stricto sensu à une reproduction haute fidélité. Cette personnalité sonore est faite d’équilibre et d’élégance, édulcorant très légèrement les messages sonores qui n’en charment que plus les oreilles. Au niveau des possibilités tant en connectique qu’en décodage des formats audio, c’est le sans faute, et il propose deux sorties casque, la fonction préamplificateur et son entrée USB peut être "upgradée" par le simple remplacement d'une petite carte d'interface. Un appareil très recommandable.

Spécifications

Manuel d'utilisation (en anglais uniquement)

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