Les impressionnantes coupes du budget de la culture inquiètent les directeurs des opéras italiens.

En Italie, le monde de l’opéra est en état d’alerte : près d’un milliard de dollars consacré à la culture sont censés disparaitre du budget du gouvernement dans les trois années à venir ! « Pour l’instant, rien n’est sûr », a commenté Gianni Tangucci, directeur artistique du Teatro San Carlo de Naples.

Les rumeurs vont pourtant bon train quant aux théâtres qui devraient souffrir de ces importantes coupes budgétaires. Une chose est sûre, les maisons d’art lyrique ne seront guère épargnées. Le serrage de ceinture avait même été anticipé avant même le début de l’actuelle crise financière.

En Italie, la part de financement privée est quasi inexistante dans l’art et le Premier Ministre Silvio Berlusconi a déclaré, à de nombreuses reprises, que chaque théâtre, musée et site archéologique étaient devenus « un luxe ».

« Les théâtres vont devoir trancher », a déclaré Sandro Malatesta, trompettiste à la Scala et secrétaire général du Fials, syndicat qui représentent 90 artistes dans la célèbre maison milanaise. « Continuer à payer les salaires et réduire le budget des productions. Ou licencier et produire moins d’opéras, ou produire moins d’opéras disons grandioses ».

L’Italie compte quatorze opéras, dont trois (Gênes, Naples et Vérone) sont au bord de la faillite avec plus de 60 millions de dollars de dettes. Au San Carlo de Naples, Tangucci produit en moyenne six opéras par saison et deux ballets. Désormais, le rythme sera de trois opéras et deux ballets.

Le gouvernement italien espère réduire de 922 millions de dollars sur trios ans le budget de la culture. Pour augmenter les revenus, l’Etat a même augmenté le prix des entrées des sites culturels ainsi que des produits vendus dans les boutiques des musées. A Venise, on attend également la hausse du prix des transports locaux pour les pass touristiques. Et sur le site archéologique de Pompéi jusqu’ici très préservé, le gouvernement a autorisé l’implantation de nouvelles boutiques de souvenirs et de restaurants !

Tangucci et les autres directeurs des opéras italiens font remarquer que les traditions italiennes sont menacées par l’approche régionaliste de l’opéra. La Scala bénéficie d’une position à part, précise Malatesta à Milan. « Elle doit conserver sa dignité. C’est un symbole de l’Italie dans le monde entier ». Avant d’ajouter que le pays où est né l’opéra doit apprécier son passé. « Il faut se souvenir que l’opéra était le langage qui symbolisait l’unité de l’Italie. Chaque région avait son dialecte propre. L’opéra n’en a qu’un ! Dans une Italie unifiée, l’opéra était le langage compris par tous. Cela vous montre un peu sa place dans l’ADN de l’Italie ».