Les récentes mesures prises par le gouvernement italien de centre-droit visant à privatiser les opéras entrainent un mouvement de grèves.

Une récente altercation entre les autorités politiques et les artistes a entrainé la fermeture des portes des opéras italiens - musiciens, danseurs et chanteurs s’insurgeant contre les mesures de privatisation des quatorze théâtres nationaux ! Daniel Barenboim, l’un des chefs d’orchestre de La Scala, annonçait mercredi à Milan que le patrimoine musical italien méritait d’être protégé.

Les mesures incluent aussi une limitation notable des embauches ainsi qu’une réduction de bonus, et sont susceptibles de « causer d’énormes dommages à la musique italienne à court et à long terme » a confié à l’AFP le célèbre maestro israélo-argentin. «La musique est quelque chose de vivant, ce n’est pas juste quelque chose qui va avec la publicité comme pour la télévision», a précisé Barenboim.

La Scala, le plus prestigieux opéra italien, a de fait annulé la représentation de Simon Boccanegra dirigée par Barenboim avec Placido Domingo, pour suivre le mouvement de grève.

Proposée par le gouvernement de centre-droit de Silvio Berlusconi, la réforme compte aussi durcir les critères d’obtention de financements publics, point qui doit être voté au parlement.

Le Ministre de la Culture, Sandro Bondi a rencontré les syndicats jeudi dernier dans l'espoir de tempérer le débat. « L’amour que je tiens pour la culture est exactement ce que je veux préserver, en particulier nos opéras actuellement en situation de faiblesse », a annoncé le Ministre auprès de l’Associated Press. Une situation qui n’excède pas que les employés. Le directeur du théâtre Regio de Turin s’est exprimé depuis Shangaï au sujet des embauches moratoires qu’il dit être une « profonde injustice », vis-à-vis des 5500 travailleurs concernés.

Pourtant la Scala a considérablement diminué l’aide apportée par l’Etat depuis plusieurs années, un des principaux objectifs du gouvernement. Les 115 millions de budget annuel du célèbre théâtre milanais sont à 60% couverts par les ventes de tickets et les donations privées, avec seulement 40% fourni par l’Etat. « Pas un seul autre théâtre n’a le même niveau d’autosuffisance que la Scala », a déclaré à l’AP le porte-parole de la Scala, Carlo Maria Cella.