Une fois n'est pas coutume, en ce début d'année penchons-nous plutôt du côté des interprètes, en oubliant pour aujourd'hui les compositeurs dont la naissance sera commémorée au cours de 2014. Ils auraient été nombreux à fêter leur centenaire cette année, à commencer par le chef-d'orchestre italien Carlo Maria Giulini dont la renommée est encore grande et la présence bien vivante aujourd'hui. Il débute en tant qu'altiste au théâtre de l'Augusteo de Rome où il voir défiler les grands chefs de l'époque, Furtwängler, Bruno Walter, Monteux, Erich Kleiber, de Sabata, Klemperer, Mengelberg et bien d'autres. De son pupitre d'instrumentiste, il observe, compare et assimile parfaitement ce qui fait l'étoffe d'un grand Maestro. Il dirige son premier concert à la Libération de Rome en 1944 et fonde l'Orchestre de la RAI de Milan six ans plus tard. Encouragé par Toscanini, il devient le directeur musical de la Scala de Milan et prend son envol. L'industrie phonographique s'intéresse à lui et ne le quittera plus durant toute sa longue carrière. Sous la direction artistique de Walter Legge, on lui doit des réussites éclatantes dans le domaine de l'opéra où il excelle. Certains enregistrements sont demeurés légendaires, comme ceux consacrés à Mozart (Don Giovanni et Le Nozze di Figaro) à Verdi (Falstaff, Don Carlo), ou encore ce choix d'ouvertures de Rossini. Mais on ne saurait cantonner Giulini dans ce seul domaine. Il laisse une grande quantité d'enregistrements symphoniques où se retrouvent ses qualités, ce mélange d'élégance et d'intensité quasi spirituelle. Si l'âge a considérablement ralenti ses tempi et sa vivacité, il a marqué le siècle de sa forte personnalité.

Fils du grand violoniste Jan Kubelik, Rafael Kubelik fait partie d'une lignée de musiciens tchèques. Il a 23 ans lorsqu'on lui confie la baguette pour diriger l'Orchestre Philharmonique Tchèque avec un succès qui n'est jamais démenti. Son répertoire est immense avec une nette prédilection pour les compositeurs de son pays (Smetana, Dvorak, Janacek, Martinu) et pour Mahler. Son intégrale des Symphonies de ce dernier est curieusement passée inaperçue, coincée qu'elle était entre celles de Bernstein et de Haitink. Il convient aujourd'hui de la réévaluer. A côté de ses très nombreux enregistrements de studio (de superbes gravures avec Dietrich Fischer-Dieskau), il existe des captations de concerts, comme ce miraculeux Chant de la Terre (Mahler) avec Janet Baker et Waldemar Kmentt, enregistré en 1970 qui fut une véritable révélation lors de sa parution, en 2002. On lui doit également un des Rigoletto les plus mythiques de l'histoire du disque, avec Renata Scotto, Carlo Bergonzi et Dietrich Fischer-Dieskau.

La pianiste hongroise Annie Fischer aurait elle aussi cent ans cette année. Son souvenir est toujours choyé et entretenu par une poignée de mélomanes fidèles. Très admirée par Sviatoslav Richter, elle nous laisse son précieux témoignage dans des enregistrements consacrés à Mozart (très beaux Concertos 21 et 22 sous la direction de Wolfgang Sawallisch), Schumann et Béla Bartok.

Paul Tortelier reste un des grands représentants de ce qu'on a appelé L'Ecole du violoncelle français, avec Pierre Fournier, André Navarra ou Maurice Gendron. Le personnage était brillant, exubérant, cabotin en diable (on se souvient de lui haranguant le public d'un concert pour lui faire chanter l'Hymne des casques bleus de l'ONU !). Né le 21 mars 1914 à Paris, Tortelier commence très tôt à apprendre le violoncelle. Engagé comme violoncelle solo de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le jeune homme a la chance de jouer la partie soliste de Don Quichotte sous la direction de Richard Strauss qui deviendra son œuvre fétiche durant toute sa carrière. Il en réalisera un enregistrement de référence absolue sous la direction de Rudolf Kempe avec l'Orchestre de la Staatskapelle de Dresde. Il laisse un très grand nombre de disques (3 intégrales des Suites de Bach), dont un excellent Concerto de Elgar enregistré à Londres sous la direction de Sir Adrian Boult. Vous les trouverez sans peine, comme tous les autres décrits dans cet article, sur votre QOBUZ.

A suivre...

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