À la tête de l'Accademia Bizantina, le maestro italien poursuit ses enregistrements de Haendel avec cette fois l'Opus 3...

Quelques semaines après sa somptueuse intégrale, colorée et réfléchie, de l’Opus 6, l’Accademia Bizantina – sous la direction d’Ottavio Dantone – poursuit son exploration du concerto grosso haendélien avec l’Opus 3, ensemble de six œuvres particulièrement redoutables ; la grande diversité des configurations instrumentales du premier opus, comme la multiplicité des influences stylistiques que souhaite maîtriser le compositeur dans ce premier jet d’« études orchestrales », contrarie de nombreux interprètes. On se souvient néanmoins de l’interprétation très élégante et aérienne d’un Gardiner (Erato, mars 1980) ou celle plus contrastée d’un Minkowski (Erato, 1994).

G.F. Händel - Concerto Grosso in B-Flat Major Op. 6 No. 7 HWV 325: V. Hornpipe - Accademia Bizantina

Accademia Bizantina

Dans l’Opus 6, Ottavio Dantone se délectait des raffinements polyphoniques de l’écriture, les creusant, imaginant ensuite des équilibres subtils entre chaque pupitre, et donnant ainsi une profondeur entêtante à la texture sonore – à cet égard, le Concerto No. 12 en si mineur est passionnant, exemple particulièrement significatif de sa version très équilibrée. Sans doute Dantone était-il alors stimulé par le caractère directement corellien de l’Opus 6, rendant à cet ensemble son ton profondément italien.

L’Opus 3 est d'une nature plus versatile, très protéiforme au niveau de l'expression, et ne cache pas ses désirs de France, Lully s’y fait plus d'une fois davantage sentir. Poursuivant dans sa vision analytique, Ottavio Dantone se distingue par son caractère ici mesuré, et magnifiquement articulé. Ses tempos sont plutot modérés, son geste tranquille. En 2020, l'Akademie für Alte Musik Berlin, pour le label Pentatone, osait plus de fougue, plus de drame aussi, mais moins de raffinement.

Dans cette démarche un rien pointilliste, n'aurions-nous pas besoin aussi d'un soupçon de fantaisie ? Au moins la démarche de Dantone est-elle, depuis ses Concertos Op. 4 pour L'Oiseau-Lyre (2009), d'une cohérence admirable, et son Opus 6 saura dispenser de grands bonheurs aux mélomanes les plus désireux d'élégance dans ce répertoire.

ÉCOUTEZ LES "CONCERTI GROSSI, OP. 3" DE HAENDEL PAR L’ACCADEMIA BIZANTINA DIRIGÉE PAR OTTAVIO DANTONE SUR QOBUZ