Dans une longue interview de 1992, le leader de Television revenait sur ses débuts, son rapport à la scène punk new-yorkaise et le mythique album "Marquee Moon". Une archive passionnante.

En 1992, alors qu’il n’intéresse plus grand monde, Tom Verlaine refait surface avec un double joker : un album solo instrumental de toute beauté (Warm and Cool) et la reformation de son groupe mythique, Television. On sait l’animal plutôt réservé et plus qu’avare en interviews. De passage à New York au moment de cette actualité, j’active mes réseaux pour tenter de l’intercepter et décrocher, sans trop y croire, le saint entretien. Une flopée de coups de téléphone plus tard, l’affaire semble compromise. Alors que je prépare ma Samsonite pour rentrer bredouille à Paris, je tente un ultime appel à Patrick Derivaz, musicien et ingénieur du son français installé à New York qui a participé à Warm and Cool ainsi qu’à ce qui deviendra le troisième album de Television : « Finalement, il veut bien vous rencontrer demain après-midi. ».

Le rendez-vous est fixé le 21 mai 1992 devant un théâtre, au coin de la 8e avenue et de la 18e rue. Bien en avance sur ce bout de trottoir désert de Manhattan, je vois au loin une grande silhouette mince s’avancer vers moi, long manteau, col relevé. Tom Verlaine me serre la main, le regard fuyant, et me propose de traverser la rue pour s’attabler dans un restaurant chinois de seconde zone. Sa timidité de façade va vite s’éclipser et laisser place à des tirades bien senties. Ses débuts, la scène new-yorkaises des 70's, son rapport à la guitare, le chef-d’œuvre Marquee Moon, tout y passe et c’est assez passionnant. L’interview a été publiée dans le n°132 de juillet 1992 du défunt mensuel Guitare & Claviers. Trente ans plus tard, alors que Tom Verlaine vient de mourir à 73 ans, l’archive valait le coup d’être exhumée pour déguster à nouveau les propos sans langue de bois d’un musicien vraiment singulier de l’histoire du rock. À noter que Warm and Cool, comme de nombreux albums solo de Verlaine, ne sont pas disponibles sur les plateformes de streaming.

Vous n'étiez plus vraiment habitué à travailler avec un "vrai" groupe ?

C'est très chiant de faire un groupe. Faut répéter, enregistrer, puis vient la tournée qui n'en finit pas. C'est vraiment l'enfer ! En plus, les gens se fichent complètement des concerts. Ils n'arrêtent pas de papoter et de boire. C'est pour ça que pour mon dernier album solo, j'avais préféré faire des shows acoustiques.

C'était tout de même un peu frustrant d'écouter Tom Verlaine seul avec une guitare acoustique...

Les gens étaient prévenus. Ils n'avaient qu'à rester chez eux… Pour moi, la guitare électrique reste une coïncidence qui date d'une vingtaine d'années…

Vous n'avez pas commencé par la guitare ?

Non, par le saxophone. Quelques années plus tôt, j'avais pris des leçons de piano puisque nous en avions un à la maison. Vers 12-13 ans, j'ai donc acheté un sax soprano d'occasion et pris quelques cours. Je me suis mis à la guitare car je voulais jouer et chanter en même temps. Avec un sax, c'était difficile. Mon meilleur ami jouait du ténor. On avait le vieux magnéto tout pourri de son père et nous passions des heures à enregistrer nos jams. Ce copain était tellement fan de Roland Kirk qu'il avait acheté un alto qu'il avait immédiatement customisé et greffé sur son ténor pour pouvoir jouer des deux à la fois. Je sais que quelqu'un possède une cassette de ces sessions. J'aimerais beaucoup réentendre ça, c'était tellement délirant !

Comment s'est faite la transition vers la guitare et le rock ?

J'adorais le live des Yardbirds. Mais lorsque je me suis mis à la guitare, j'ai complètement arrêté le saxophone. J'ai d'ailleurs essayé de m'y remettre en 1978. Mais pour revenir à cette transition, ça ne m'a posé aucun problème. Vous savez, quand vous vivez seul dans un appartement avec votre sax, les voisins ne vous aiment pas trop. En plus, à un certain stade, le sax demande énormément de travail.

Tom Verlaine
Tom Verlaine of Television performs on stage at Hammersmith Odeon, London, 16 April 1978. He is playing a Fender Jazzmaster guitar. (Photo by Gus Stewart/Redferns)

Tom Verlaine à l'Hammersmith Odeon de Londres, le 16 avril 1978 - © Gus Stewart / Redferns

Qu'est-ce qui vous fascinait chez les Yardbirds ?

Le son. Le côté sauvage. Parfois ce n'était pas très éloigné du jazz. Cet élément "wild" dans le rock, ce sont vraiment les Yardbirds qui l'ont amené.

Il suffit de regarder la célèbre scène dans le film d'Antonioni, Blow Up, où Jeff Beck casse sa guitare sur scène...

Ha, ha, quelle folie ! D'ailleurs, maintenant, tous les groupes le font. Ma première guitare était une coréenne. Une Zim-Gar. Puis, j'ai eu une Douglas. Pas mal. Par la suite, j'ai économisé un peu d'argent et je me suis trouvé une vieille Gibson acoustique dans un magasin de pianos d'occasion ! Elle m'avait coûté 30 dollars. Je l'ai toujours. Ça reste ma petite chérie. Puis, je me suis procuré une SG de 1966. Elle était assez facile à utiliser. Je jouais avec Billy Ficca et un autre guitariste qui avait deux amplis hi-fi qui faisaient un boucan monstrueux. A l'époque, on se limitait à jouer dans des garages. Pas de concerts. Ah si, une fois, on avait joué dans une fête, pour un anniversaire, et les gens nous avaient balancé des tas de trucs sur la gueule. Du pain, des beignets…

Vous comptiez vous spécialiser dans ce genre d'apparitions ?

Non, mais j'étais le seul à vraiment vouloir faire quelque chose de sérieux. Les autres s'en foutaient. Billy à la rigueur. Mais le guitariste au lycée n'en avait rien à battre. C'est à ce moment-là que je me suis davantage concentré sur l'écriture. J'avais un petit carnet que je remplissais de trucs plus ou moins bizarres. Des paroles, des notes ou même des petites histoires. C'était assez chaotique.

Viviez-vous au cœur de la scène new-yorkaise du début des années 70 ?

Pas vraiment. Je n'allais jamais au concert. Pire, je n'avais ni platine disques, ni magnéto, ni télévision, ni radio ! Tous les groupes me prenaient la tête. Je me suis alors acheté une Jazz Master. Puis, il y a eu les Neon Boys avec Richard Hell. Ça reste une aventure assez bordélique. Quelques chansons sur une cassette. Un peu léger, non ?

Vous connaissiez déjà Richard Lloyd à cette époque ?

Non, mais Richard Hell le connaissait. Il m'a dit : « J'ai un pote qui a un super loft. Il t'a déjà entendu jouer et il trouve ça pas mal. Si ça t'intéresse de monter un groupe, tu peux utiliser ce loft. » Pendant ce temps-là, Richard Hell essayait d'obtenir un contrat dans une maison de disques. Ça n'a pas vraiment marché…

À cette époque, vous aviez toujours un problème avec l'image du guitariste ?

Pendant pas mal d'années, je trouvais que la guitare était un instrument débile. Ayant écouté du jazz pendant un certain temps, mon approche de la musique était inévitablement différente. C'est sûr que, comme tout le monde, j'ai eu un choc la première fois que j'ai écouté Hendrix. La majorité des musiciens apprennent la guitare en jouant sur des disques de rock. Ça n'a jamais été mon cas. En fait, je jouais, au sens ludique, avec ma guitare. Parfois, j'improvisais même sur un disque de jazz. J'ai appris les principaux accords grâce à des livres de méthode. Et finalement, j'essayais de transposer le corps du saxophone sur le manche de la guitare. C'était plus ou moins conscient mais je tentais de trouver des sortes d'équivalences sur la guitare. Ça a dû me prendre au moins une semaine.

Votre jeu était une réaction contre les archétypes du genre ?

Je ne pense pas. Simplement, je jouais ce qui m'intéressait. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment aimé les accords de jazz. Mon jeu est davantage le fruit de l'éducation musicale que j'ai reçue tout jeune. C'est quelque chose qui ne se perd pas.

Avez-vous l'impression que ce jeu a énormément évolué depuis vos débuts avec Television ?

Oui, car désormais, je joue beaucoup plus lentement. Je régresse. Dès que je joue très vite, je me trouve un peu merdeux. Je préfère m'attacher à la mélodie plutôt qu'à la rapidité qui, en fait, n'intéresse personne. De plus, depuis environ six ans, je ne joue presque plus avec le médiator. Que ce soit avec une acoustique ou une électrique. C'est difficile d'avoir du volume mais c'est tellement plus riche. Sinon, je ne pratique pas tellement. Disons plutôt que j'expérimente.

Et tous ces gens qui ont essayé, avec plus ou moins de réussite, de copier votre jeu de guitare... Echo & The Bunnymen ou le Gun Club, par exemple.

Influencés par moi ? Ça, c'est ce que tous ces gens disent. Je connais un peu Jeffrey Lee Pierce. J'ai eu quelques histoires marrantes avec lui. Il m'a appelé en 1982 pour que je produise un disque du Gun Club. Mais la maison de disques voulait quelqu'un de plus commercial, ha ha ha. Quand j'habitais Londres, j'étais à trois minutes à pied de chez lui. Sinon, c'est vrai que pas mal de groupes anglais du début des années 80 ont essayé de s'inspirer de moi. Le pire étant quand même la voix de Lloyd Cole ! En 82, un copain m'a dit : « Il faut que tu écoutes ça. » C'était Cole. Et, chose incroyable, le lendemain, on me dit qu'un type devant le studio veut mon autographe : c'était lui ! Comment un Écossais pouvait chanter comme ça ? Ce qui marquait les gens dans Television, c'étaient en fait les arrangements. Ils sont primordiaux pour moi. C'est pour ça qu'il est toujours très difficile de travailler avec d'autres guitaristes.

Television - © Elektra Records

D'où vous est venue l'idée d'enregistrer un album instrumental comme Warm and Cold ?

En 81, j'étais sous contrat chez Wamer. Je leur avais alors parlé du projet. Malheureusement, ils n'avaient pas vraiment l'air branchés par l'idée, selon eux, pas assez commerciale. On m'a répété la même chose chez Phonogram en me précisant que c'était inclassable : comment en faire la promo ? Comme du rock ? Comme du jazz ? Finalement, j'ai réussi à mettre un peu d'argent de côté et j'ai proposé ça à Rough Trade. Trois à quatre jours d'enregistrement avec Patrick Derivaz, un bassiste français, et Billy Ficca. On n'a quasiment pas répété.

Tout est improvisé ?

Presque. Je lançais quelques indications avec la tête et le reste suivait. J'avais à l'esprit depuis plusieurs années certaines idées et principalement les lignes de basse. Mais d'un autre côté, je voulais vraiment rentrer en studio sans avoir la totalité du disque en tête. J'ai principalement utilisé une vieille solid body Framus. Ce sont des guitares 60's à la finition très soignée. Je l'ai payée seulement 120 dollars. Je me suis également servi de ma Jazz Master, d'une Strat et de quelques Gretsch. Un peu de phasing sur les compositions lentes et un peu de delay analogique donnant un son 70's assez étrange.

Étant instrumental, ce disque est très visualisable. La musique de film vous intéresse-t-elle ?

Il y a plusieurs années, en 1988 je crois, j'ai travaillé avec une obscure metteuse en scène allemande sur un court-métrage d'une dizaine de minutes. Elle avait réussi à se payer le chef opérateur d'Antonioni et le résultat était superbe. J'avais samplé quelques violons. Cela dit, cette catégorie est assez astreignante. Chaque morceau doit être chronométré pour tomber pile avec la séquence adéquate. C'est assez chiant. La meilleure solution, c'est de donner trois heures de bande au metteur en scène et de le laisser se démerder lui-même. Pour Warm and Cool, l'idée était de créer des climats. Et l'ordre des 14 titres permettait de moduler ces climats. Ce qui est incroyable, c'est que si vous vous baladez dans les millions de boutiques de disques d'occasion des États-Unis, vous vous rendrez compte que les années 50 ont accouché de tonnes de disques instrumentaux. Je me souviens que mon père ne cessait d'écouter ces trucs kitsch de grands orchestres à cordes.

Êtes-vous en contact avec des guitaristes comme Bill Frisell ou Marc Ribot ?

Frisell ? Connais pas ! Les mecs comme John Zorn puent vraiment du bec ! Leur musique est si mauvaise ! Des gens plus intéressants qu'eux faisaient ce genre de musique free il y a plus de vingt ans (Verlaine sort de sa poche un paquet de clopes rempli de pilules et de comprimés divers. Après en avoir vidé le contenu dans le creux de sa main – y en a des ronds, des carrés, des verts, des roses, des marron et blancs… –, il avale d'une traite son trésor). Ce sont des vitamines (sourire). J'me fais vieux ! J'ai rencontré Ribot au Japon l'an passé. Ce qu'il avait fait sur Big Time, le live de Tom Waits, était excellent. Par contre, son premier LP solo est mauvais. Ce mec n'arrive pas à se fixer une direction. En fait, il a plein de désirs qu'il n'arrive pas à organiser. Il devrait se trouver un bon chanteur.

Vous avez travaillé de la même manière pour Warm and Cool que pour vos albums solos passés ?

Pas vraiment. Lorsque je chante, je dois répéter durant des heures et travailler à fond sur les arrangements. Cette fois-ci, j'arrivais au studio avec une cassette pourrie, quelques plans de guitare acoustique et de rythmique, histoire de mettre les autres au parfum.

La composition The Deep Dark Clouds ressemble comme deux gouttes d'eau au thème de Paris, Texas de Ry Cooder, donc au Dark Was the Night, Cold Was the Ground de Blind Willie Johnson…

Tiens, je ne savais même pas que Ry Cooder lui avait piqué ! Pour The Deep Dark Clouds, c'est amusant, vous n'êtes pas le premier à me le dire (Verlaine se met à chantonner l'air de Paris, Texas, NDR) C'est vrai que le ton est assez proche. Ma composition est plus tendue.

television BBC 2 later 11 92

johnpegg

Venons-en à cette très attendue reformation de Television. Le line-up n'a pas changé ?

Non, c'est le même.

D'où vient l'idée ?

Je ne sais pas trop. On vient de finir l'album. Ça sortira à la rentrée. Quelques concerts suivront et après, on verra. C'est juste une expérience... J'ai toujours continué à travailler avec Fred. J'ai retrouvé Billy l'an passé et nous avons donc fait l'album instrumental ensemble. Il est resté très ouvert d'esprit musicalement, prêt à jouer n'importe quoi. Quant à Richard, il m'appelait quasiment tous les ans pour que l'on recommence. Je lui répondais : « C'est ça, rappelle-moi l'année prochaine. » Et ainsi de suite. Lorsque j'étais sous contrat chez Phonogram en Angleterre, c'était le cauchemar ! Impossible de me débarrasser d'eux. Ils n'ont même pas sorti mon dernier disque solo aux États-Unis. En fait, c'est un peu la zone dans toutes les maisons de disques. Quand je suis parti à la recherche d'un nouveau deal, je me rendais de plus en plus compte que les majors ne voulaient que des trucs qui sonnent comme Madonna ou Guns N'Roses. On a réussi à imposer ce qu'on voulait en précisant que c'était à prendre ou à laisser. Ce qui est amusant, c'est que nos méthodes de travail n'ont pas tellement changé en quinze ans. J'écris la structure de base puis, en studio, cela débouche souvent sur une sorte de jam. Je m'implique également dans les parties de batterie. C'est vraiment LE troisième album de Television. C'est la même histoire mais disons qu'il y a de nouveaux personnages. Il y a davantage de chansons fun et délirantes sur ce LP que sur les deux autres. Mais attention, ça ne sera pas du rockabilly 50's ! Rythmiquement, c'est un disque très solide et je pense qu'il n'aurait pas pu être fait juste à la suite de Adventure. Les gens vont être surpris. En plus, nous avons deux guitaristes, chose rare de nos jours, regardez U2, Simple Minds ou Van Halen.

Vous n'êtes pas un peu amer en voyant que le public attend davantage cette reformation plutôt qu'un autre album solo ?

Il n'y a que les journalistes pour trouver qu'il y a, d'un côté, Television et mes albums solo de l'autre. Pour moi, ça reste une poignée de chansons indifférenciées.

Peut-être, mais Marquee Moon a davantage marqué l'histoire du rock que vos disques solo ?

C'est sûr. Les choses évoluent progressivement. Ma voix, par exemple. Elle était affreuse sur les deux premiers Television. C'est un peu pour ça que j'ai fait des concerts acoustiques, dans le but de travailler cette voix.

Vous avez des chanteurs ou chanteuses fétiches ?

Non, je n'ai pas de modèle. Il y en a que j'adore mais qui n'ont rien à voir avec ma façon de chanter. Quand j'étais môme, j'avais un disque de chants guinéens qui me fascinait. Ça faisait yooooohoooyooo ! J'adore Amalia Rodriguez, Oum Kalsoum, Nusrat Fateh Ali Khan… Ce qui se fait de nos jours me fait chier. Le dernier disque que j'ai acheté était une compilation de thèmes de séries télé des années 50/60. Sinon, j'aime beaucoup ce que fait Jim Dickinson. Il a travaillé avec tant de gens différents, des Cramps à Big Star en passant par Jerry Lee Lewis. J'adorerais bosser avec lui. Dès que je vois son nom sur une pochette de disque, je l'achète car sa démarche me passionne vraiment. J'ai toujours rêvé de faire un album à Memphis ou à La Nouvelle-Orléans.

Avez-vous écouté le dernier projet de Richard Hell, Dim Stars ?

Non, mais je connais bien Thurston Moore de Sonic Youth qui y a participé. C'est un type assez sarcastique. Je l'aime bien. Quant à Richard, je ne crois pas qu'il soit fait pour la musique. Il est bon écrivain, c'est tout. Ils ont fait ça en trois jours. Je me demande même si Thurston trouve ça bien.

Êtes-vous toujours en contact avec les acteurs de la scène new-yorkaise de la fin des 70's ?

Mais je n'ai jamais fréquenté ces gens-là ! Parfois, je croise Debbie Harry dans la rue, on se dit "Hello". Mais on ne se parlait pas à l'époque. Je n'allais jamais zoner dans les clubs, ça me faisait déjà tellement chier d'y jouer. Patti Smith, ça doit faire douze ou treize ans que je n'ai plus entendu parler d'elle ! Les gens pensent que, sous prétexte que 20 groupes se produisent dans le même club, tout le monde couche avec tout le monde. C'est archi faux !

Vous êtes nostalgique de cette période ?

Je n'y pense jamais. Sauf quand un journaliste m'en parle. C'est la même chose quand certains estiment que Television était un groupe important, c'est juste du blabla. Marquee Moon est un bon album pour ce qu'il est : un disque enregistré live en studio. L'album suivant avait des directions atmosphériques différentes. Mais à l'époque, les deux m'avaient déçu. Un jour, en 1984, un ami me fait écouter une cassette : j'ai mis plus de 20 secondes pour reconnaître Marquee Moon. J'ai été agréablement surpris. (Au moment de partir, le serveur nous apporte à chacun un fortune cookie, ces petits gâteaux secs chinois dans lequel se trouve un proverbe. Tom Verlaine déroule son bout de papier et le lit à haute voix :) « Vous hériterez d'une grosse fortune ou d'un vaste terrain. » Tiens, ça pourra vous servir de titre pour votre article.