Didier Varrod, il était une fois l’Hyper Weekend Festival

Après une première édition chahutée par le Covid oblige, l’Hyper Weekend Festival peut enfin dévoiler son véritable visage avec sa deuxième édition. Durant trois soirées, une soixantaine de concerts se déroulera dans la maison ronde, dont des créations originales, des rencontres, des masterclasses, des soirées clubbing et même une exposition immersive. Les 20, 21 et 22 janvier 2023, pointures et jeunes pousses de la scène française vont se croiser dans les différents lieux et studios, histoire de rappeler l’étendue comme l’éclectisme des créations en musiques actuelles. D’Arthur H à Superpoze en passant par Philippe Katerine, Clara Ysé, Acid Arab, Benjamin Epps, Varnish La Piscine, November Ultra, Eddy De Pretto, Zaho De Sagazan et quelques dizaines d’autres, le casting est des plus alléchants. Directeur musical des antennes de Radio France et à la baguette de la programmation de cet Hyper Weekend Festival, Didier Varrod revient sur la genèse du projet et ce qui attend les festivaliers de cette édition 2023.

Quelle était l'idée de départ en créant l'Hyper Weekend Festival ?

L’idée d'un festival dans les murs de la Maison de la radio et de la musique est venue au moment où j'ai pris mes fonctions de directeur musical des antennes de Radio France. C’était comme une anomalie que tous les médias aient leur propre festival et que le plus gros groupe de médias prescripteur n'en ait pas ! Je voulais imaginer un festival dans nos murs, avec la contrainte des jauges., mettre en valeur ce bâtiment qui fête ses 60 ans cette année, avec la projection que, dans deux ans, nous allons récupérer plein d'autres studios actuellement encore en travaux… L'autre idée était de ne pas faire un festival de plus – il y en a déjà tellement – mais de revenir à l'essence de ce qu'est notre mission à Radio France à savoir l'émergence, la diversité, la création. Ne pas faire un festival de diffusion mais un festival de création.

Cette deuxième édition est beaucoup plus dense que celle de 2022…

En 2020, nous avons été empêchés par la grève de 65 jours dans nos murs. En 2021 il y a eu le covid et la première édition, en 2022, s’est certes déroulée mais dans des conditions compliquées, en plein pic de l’épidémie, avec 55% de la programmation en jauge restreinte, sans public circulant dans les espaces. Mais cela a tout de même donné lieu à des moments très forts, avec cette idée de création tapant dans le mille.

Comment construit-on une programmation une fois qu'on a le lieu du crime ? Toute cette diversité de salles, de formes et de jauges…

Le lieu du crime, c'est ça ! C'est à la fois un lieu magique mais c'est aussi le lieu du crime dans la mesure où une partie de la programmation est conçue en fonction des contraintes de ce bâtiment. Il y a deux salles, l'Auditorium et le Studio 104, et tout ce qui est proposé ailleurs se fait dans des espaces qui ne sont pas des espaces dédiés à la musique. Il faut donc inventer des formats et des projets qui puissent quand même trouver leur légitimité et leur faisabilité. Chaque concert est ainsi lié à un lieu... L’autre point fort de l’Hyper Weekend Festival, c’est l'innovation sonore. C'est vraiment un festival pour les auditeurs et les auditrices des antennes de Radio France et pour les spectateurs qui nous font confiance et, partout où cela est possible, de leur offrir une prise de son ou une réalisation sonore qui soit d'exception et qui ouvre des portes pour les années à venir. Ce sera le cas pour le concert de Robin Pharo et Superpoze, pour le concert d'Arthur H et lors des soirées clubbing... partout où il y a des propositions un peu audacieuses en termes d'audio...

Une création égale un lieu ?

La rencontre entre un beatmaker comme Superpoze et Robin Pharo, par exemple, j'ai dit oui tout de suite en pensant au 22e étage, dans un univers en panoramique en 360°... Arthur H voulait faire un mix spatial en immersif, en binaural. Je lui ai fait visiter le foyer qui est un peu comme un espace de musée. La programmation s’est donc construite avec les lieux, leurs contraintes, les jauges… Sur des vraies salles de spectacle comme l'auditorium et le 104, on s’est permis d'être ambitieux dans la manière d'imaginer des créations comme Philippe Katerine avec le Philharmonique de Radio France. Pour Eddy De Pretto, il sera entouré de douze pianistes ! Pour Bonnie Banane et Flavien Berger, leur projet de reprises de Brigitte Fontaine et Areski m’intéressait car ça n’était pas juste Brigitte Fontaine seule, à qui on rend beaucoup hommage ces derniers temps, mais on oublie souvent le rôle d’Areski… Quant à la création autour de Mylène Farmer, l’idée m'est venue à 2h du matin, à la toute fin de la première édition. J’ai dit, l'année prochaine on fait Mylène Farmer et tout le monde m'a regardé. Je ne savais pas qu’elle allait sortir un nouvel album produit par Woodkid, qui est un enfant de la maison, comme je ne savais pas non plus qu’entre temps les artistes que j'allais voir sur scène ou que je découvrais par les réseaux sociaux faisaient souvent des reprises de ses chansons.

Dans une période où la porosité entre les styles est forte, la programmation est orientée musique actuelle, chanson, pop, rock, électro. Il n’y a pas eu la tentation de vouloir essayer d'inclure d’autres genres comme le classique, le jazz ou les musiques improvisées ?

Le classique est quand même présent avec l'Orchestre Philharmonique qui a la main C’est Lucas Henry, contrebassiste de l'Orchestre Philharmonique de Radio France qui a imaginé et conçu tous les arrangements. On est vraiment sur une lecture hybride du répertoire dialoguant avec la musique classique et la pop. Ça n’est pas de la pop symphonique avec juste des arpèges de violons sur les chansons de Philippe Katerine ! C'est un répertoire particulier qui est vraiment revu par Lucas Henry qui est un arrangeur d’exception. Sur Eddy De Pretto, notre organiste résidente Lucile Dollat va partager une session musicale lors du concert de dimanche à l’Auditorium. Cela-dit, tout au long de l'année, la musique classique est très représentée avec les plus de 200 concerts des formations musicales de Radio France. Il y a aussi le festival Présences, par exemple. Mais Radio France n'avait pas de festival de musique actuelle. L’an passé, il n'y avait pas d'électro, cette année il y en a. Sur le jazz, on verra évidemment l'année prochaine… Il faut surtout que l'on ait les artistes et les idées de création !

Des attentes plus personnelles dans cette ample programmation ?

C'est difficile car j'ai un attachement fort à tous ces projets mais je dirais Bonnie Banane et Flavien Berger, Philippe Katerine et Eddy De Pretto.

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