Les Quatre pièces sacrées, ouvrages de l'ultime maturité de Verdi, suivies des plus frivoles ballets de ses grands opéras, écrits pour se plier à la tradition de l'Opéra de Paris au XIXe siècle

Pour le prochain concert du Philharmonique de Berlin, diffusé en direct ce soir samedi 8 décembre à 20h dans la désormais célèbre Salle de concerts numérique, Christian Thielemann a choisi un programme exclusivement dédié à Verdi. Mais vous n'y trouverez pas d’airs de bravoure, pas de contre-ut, pas de cavatines : le concert débute avec les Quatre pièces sacrées, écrites séparément entre 1886 et 1897 – des œuvres de l’ultime maturité donc –, et rassemblées peu après par Toscanini. Hélas, on ne les entend que rarement en concert. Trop difficiles, trop peu « verdiennes » dans le sens belcantesque du terme ? Possible, mais elles n’en sont pas moins le plus grand Verdi.

L’Ave Maria présente une particularité : il est composé selon l’ « échelle énigmatique », une gamme totalement farfelue, contre nature (du moins la nature des gammes et modes en usage dans la musique occidentale). Verdi l’utilise comme cantus firmus une fois dans chaque voix, avec les harmonies délirantes que l’on imagine. La pièce est écrite a capella, de sorte qu’elle reste très difficile à chanter juste, l’intonation ne pouvant se raccrocher à aucun équilibre tonal ou harmonique habituel.

L' "échelle énigmatique" (cliquez ICI pour l'écouter)

On retrouve le Verdi plus scénique dans le Stabat Mater qui pourrait tout aussi bien accompagner une scène de sorcière dans l’un de ses opéras de maturité : chœur et orchestre, effets de contraste violents, solo de grosse caisse… le Requiem n’est jamais loin. Plus angéliques, les Louanges à la Vierge Marie renouent avec le a capella, cette fois limité aux vois de femmes : effet marial garanti. Pour finir, le Te Deum puise dans les sources polyphoniques italiennes médiévales de Palestrina, avant de plonger dans le ton plus dramatique-scénique des grands ensembles d’opéra. Enorme !

Macbeth apercevant le spectre de Banquo (sans ballet, soit dit en passant), Théodore Chassériau, 1854

Après l’entracte, Thielemann nous donnera plusieurs pièces de ballet de Verdi. Ballet de Verdi ? Eh oui, chers lecteurs et encore plus chers abonnés à la Salle de concerts numérique du Philharmonique de Berlin : Verdi dut se plier, comme tout le monde, à l’immuable tradition de l’Opéra de Paris lorsque ses œuvres y furent données au XIXe siècle. Le troisième acte devait contenir un ballet, histoire de donner de quoi reluquer aux messieurs qui venaient s’assurer que leurs danseuses levaient bien la jambe. Peu importe que l’on n’ait guère besoin de tutus dans Otello, dans Don Carlos et dans Macbeth… la tradition, c’est la tradition.

Voici donc ces tuturages. Pour mémoire, le ballet d’Otello fut rajouté en 1894, celui de Macbeth en 1865. Quant à Don Carlos, créé à Paris en 1867, il était flanqué de son plateau de ballerines dès l’origine.

La saison complète 2012-2013 du Philharmonique de Berlin, sujette à d'éventuelles petites modifications dont nous vous tiendrons informés au jour le jour.

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