Comme d'autres marques chinoises, Matrix Audio développe et commercialise des réalisations sous son propre nom et produit également pour d'autres marques locales comme étrangères. Les offres de Matrix Audio sont essentiellement composées d'amplificateurs pour casque, avec ou sans DAC intégré.
Le modèle que nous avons choisi pour ce banc d'essai se nomme M-Stage HPA-3U et peut délivrer près de trois watt dans 33 Ω, sans recourir à un montage ponté, pour cela, il faudra se tourner vers le M-Stage HPA-3B (B comme Balanced, pouvant lui délivrer près de quatre watts dans 33 Ω) mais le DAC 24 bits à 192 kHz et DSD intégré au 3U n'est pas au programme du 3B. Mais, comme on le voit, le M-Stage HPA-3U, avec près de trois watts, c'est déjà du costaud et on peut vraiment se demander quel casque pourrait le mettre à mal.*
Présentation
C'est qu'il a de la gueule le Matrix M-Stage HPA-3U avec son solide boîtier en aluminium anodisé brossé noir anguleux comme un avion furtif et son bouton de volume argenté doté d'un large épaulement et agissant sur le niveau de la sortie casque comme sur celui de la sortie ligne stéréo située à l'arrière.
On trouve deux inverseurs à bascule dans une petite partie concave de la façade. Le premier, à trois positions, permet de choisir entre trois gains pour l'amplificateur (5dB, 10dB ou 20dB), et le second sélectionne les signaux à amplifier, ceux du DAC interne ou ceux de l'entrée analogique. Deux LED bleues sont situées à côté de la prise casque au standard Jack 6,35 mm. Celle du bas indique que l'appareil est sous tension et celle au-dessus s'illumine lors du décodage d'un signal DSD par le DAC.
Pas de quoi se perdre dans la connectique du M-Stage HPA-3U, une entrée USB B, la sortie des signaux sur prises Cinch et une entrées stéréo. Un véritable interrupteur solidaire de l'embase secteur permet de mettre totalement l'appareil hors tension.
Réalisation
Comme on dit, la réalisation du Matrix Audio M-Stage HPA-3U, c'est du lourd. On commencera par le transformateur de l'alimentation, un beau modèle toroïdal du fabricant norvégien Noratel, réputé pour la qualité de ses produits. Un des enroulements de ce transformateur est destiné à faire une tension pour alimenter les relais, cette tension étant filtrée par un condensateur Rubycon de 2200 μF/16V.
Les deux autres enroulements servent pour les alimentations de l'amplificateur pour casque. Le constructeur ne fait pas dans le demie-mesure puisque leurs filtrages après redressement sont assurés par deux condensateurs de 4700 μF/35V de la série de haut de gamme Gold Tune de Nichicon. Ces deux tensions, l'une positive, l'autre négative, sont ensuite stabilisée à + ou - 18V par des régulateurs de types LM7818 et LM7918.
Avec 36V d'amplitude d'alimentation, l'amplificateur pour casque ne manquera pas de dynamique, c'est certain ! L'amplificateur opérationnel utilisé pour procurer du gain en tension est un modèle très performant adapté à cette valeur d'alimentation, en l'occurrence un LME49860 fabriqué par National Semiconductor (+ ou - 22V max, distorsion et niveau de bruit très faibles).
Les transistors de sortie sont des modèles Toshiba 2SA1358 et 2SC3421, en technologie épitaxial réputée pour sa musicalité. Ils pouvent supporter 10W de puissance en étant montés sur radiateur. Deux transistors de chaque type polarisés en classe A sont utilisés en montage double push-pull sur chaque canal. Ces transistors sont fixés sur une barre en aluminium qui est maintenue en contact avec le boitier qui dissipe les calories qu'ils dégagent.
On remarquera aussi que quatre condensateurs Nichicon Gold Tune de 330 μF/25V sont montés sur les alimentations + ou - 18V à proximité des étages de puissance afin de servir de réservoirs de courant. Le potentiomètre de volume est un modèle du fabricant japonais Alps et on note également la présence d'un circuit uPC1237HA fabriqué par Nec qui détecte toute anomalie des amplificateurs afin de protéger les transducteurs du casque en ouvrant les contacts du relais situé à côté de la prise Jack.
Venons-en pour terminer à l'interface USB, on pourrait même dire le DAC USB, qui occupe une carte à part, piquée via un connecteur multipoint sur la carte principale. On y trouve un processeur USB XMOS 6U6C5 compatible avec les signaux PCM 24 bits à 192 kHz et aussi avec les signaux DSD, et également un décodeur numérique analogique DSD1793 de Burr-Brown, compatible avec les mêmes signaux numériques que la puce XMOS.
Les signaux analogiques issus du DSD1793 sont ensuite nettoyés par un filtre actif construit autour d'un amplificateur opérationnel LME49720,de la même famille que le LME49860 utilisé dans l'amplificateur pour casque, l'homogénéité sonore est donc assurée. La liaison des signaux avec l'amplificateur pour casque se fait au travers de condensateurs à couches plastique de marque Wima, des modèles de qualité. Ceux-ci sont précédés de deux relais qui assurent la commutation entre les signaux en provenance de la carte USB et ceux provenant des entrées analogiques.
Ecoute
La restitution sonore du M-Stage HPA-3U nous a enchantés, à commencer par l'Allegro moderato du Concerto pour violon par Patricia Kopatchinskaja au violon et lensemble MusicAeterna dirigé par Teodor Currentzis où les premiers accords de la soliste viennent charmer nos oreilles par leur pureté et où l'on suit avec délices leurs moindres inflexions, pas un moment où l'on ressent des traces de dureté, même quand ça pulse, et pourtant on a écouté sur nos enceintes personnelles équipées de tweeters de type Heil qui vont bien au-delà du spectre audible et qui sont de véritables loupes. Quant au fameux thème de ce premier mouvement, son arrivée est un véritable feu d'artifice orchestral où le HPA-3U lâche les décibels avec une aisance évidente.
On va rester dans les concertos pour violon, mais se la jouer un peu plus calme avec le magnifique adagio du Concerto pour violon de Brahms par Itzhak Perlman au violon et Carlo Maria Giulini dirigeant le Chicago Symphony Orchestra qui se voit restituer dans toute sa splendeur par le M-Stage HPA-3U qui laisse chanter le violon avec toute sa richesse harmonique et sans forcer le trait, tandis que l'orchestre capiteux est restitué avec de l'ampleur et une grande beauté des timbres.
Ecoutés sur la sortie casque avec un Oppo PM-3, les titres North Star et Silent Space de l'album de Tale Of Us sont séismiques avec des graves qui cognent avec puissance et fermeté et dont on ne voit pas les limites en pression sonore (attention aux overdoses !), mais la restitution reste très propre et on entend distinctement toutes les autres sonorités malgré le tsunami de basses fréquences. Impressionnant pourrait-on dire et malgré tout on supporte plutôt bien le niveau sonore grâce à la netteté de la restitution.
En lecture DSD, avec le fichier de test de Blue Coast Records Close To The Soul par Keith Greeninger, Chris Kee & Brain, la restitution est fort belle et d'une grande douceur, avec des accords de guitare très fins, et au casque la voix du chanteur est d'une présence qui fait frissonner.
Pour conclure, l'amplificateur pour casque avec DAC M-Stage HPA-3U est un très bel appareil, qui a une sacrée gueule et qui paraît indestructible. Utilisant des composants de grande qualité, il offre une qualité sonore de premier ordre et déborde de puissance. Qobuzissime donc pour cet appareil qui ne reculera devant aucun casque.
Manuel d'utilisation (en anglais)
Nos remerciements à Audiophonics pour le prêt du M-Stage HPA-3U.
Capacités de lecture
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