En 1981, Bob Marley s’éteignait à Miami, fauché par le cancer, un an après la sortie de son dernier album, “Uprising”, point d’orgue d’une trilogie politique (avec “Survival” et “Confrontation”) qu’il n’a jamais pu achever. Alors que sort en salles le biopic “One Love”, retour sur le virage militant entrepris par le prophète jamaïcain lors des trois dernières années de sa vie.

En 1978, après quinze ans de carrière, et six albums avec ses Wailers chez Island, Bob Marley est devenu une icône mondiale. Il vient de sortir son album le plus populaire, Exodus, inondant les FM des tubes Waiting in Vain, Jamming ou Three Little Birds, autant de futurs classiques. Pourtant, il n’est pas satisfait de l’image qu’il dégage. Assimilé au mouvement hippie et idole de la jeunesse blanche occidentale, il a été vexé par les critiques de Kaya, enregistré, comme Exodus, lors de son exil à Londres, où il s’est connecté avec les rebelles blancs locaux, les punks. Paru en mars 78, l’album est considéré comme son disque le plus léger, du fait de son titre (kaya est un surnom de la ganja) et de chansons douces comme Is This Love ou Satisfy My Soul.

Le personnage de Bob Marley est pourtant éminemment politique. En 1976, sur Rastaman Vibration, il chantait War, inspiré par le mémorable discours du chef d’Etat éthiopien Haïlé Sélassié, dieu vivant pour les rastas, le 4 octobre 1963 à l’ONU, qui appelait au respect des droits de l’Homme “sans considération pour la race”, devenu un hymne antimilitariste. Mais Bob Marley n’est pas un pacifiste, c’est un militant, un révolutionnaire, et il entend le faire savoir avec ses prochains albums, dont il veut faire une trilogie politique et pour lesquels il a déjà les titres en tête, Survival, Uprising et Confrontation.

Après le One Love Peace Concert le 22 avril 78, durant lequel il réconcilie (provisoirement) les deux ennemis de la scène politique jamaïcaine, Michael Manley et Edward Seaga, il se lance dans un militantisme plus global en faveur de l’Afrique et conceptualise son prochain album Survival, qu’il enregistre en janvier et février 1979 à Kingston. La sortie est prévue à l’automne, mais Marley tease son nouveau projet lors de plusieurs concerts printaniers et estivaux, et notamment au Amandla Festival of Unity à Boston le 21 juillet 1979, organisé pour soutenir la libération de l’Afrique du Sud, où il harangue la foule en critiquant le système colonialiste et en lançant des appels à l’unité du continent noir.

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