Le compositeur américain est sorti de sa retraite pour épauler une nouvelle fois le réalisateur Steven Spielberg pour son film « The Fabelmans » début 2023. Retour sur une amitié artistique qui dure depuis « Sugarland Express » en 1974.

Il existe un reportage montrant Steven Spielberg et John Williams en pleine séance d’enregistrement de la BO d’E.T. l’extraterrestre, et l’une des choses qui frappe le plus sur ces images, c’est la différence de style entre les deux hommes, accentuée par une différence d’âge de quatorze ans : voix douce et posée, petite barbe blanche bien taillée, vêtements surannés, John Williams pourrait aisément passer pour le père, voire le grand-père du réalisateur aux attitudes postadolescentes. D’ailleurs, c’est avec un enthousiasme quasiment enfantin que Spielberg sort sa petite caméra pour filmer John Williams quand il dirige l’orchestre. Lorsqu’on connaît les problématiques familiales du cinéma de Spielberg, ainsi que ses liens étroits avec François Truffaut (lui-même en quête perpétuelle de pères spirituels comme Alfred Hitchcock ou Jean Renoir), on touche sans doute là au cœur de leur tandem : John Williams raconte des histoires avec sa musique et Steven Spielberg l’écoute bouche bée, comme un petit garçon fasciné par le pouvoir merveilleux de ces notes. Lorsqu’on parle de « récit » à l’évocation des musiques de John Williams, le mot n’est pas vain.


Le compositeur est un adepte des phrases larges et généreuses, comme si ses partitions étaient un véritable conte de fée que le maestro raconterait au coin du feu. E.T., Jurassic Park ou bien Indiana Jones sont désormais rentrés dans la mémoire collective, grâce à certaines images emblématiques mais aussi à des génériques aux musiques majestueuses, lyriques, et parfaitement tonales. En un mot : confortables. Cette caractéristique de la musique de Williams se retrouve également dans les films historiques de Spielberg, ceux qui ont une vocation quasiment pédagogique (Lincoln, Amistad, La Liste de Schindler, Il faut sauver le soldat Ryan, etc.). Chez les deux compères, la grande Histoire rejoint le désir de raconter des « petites histoires ». Certes, le mot « confortable » n’est sans doute pas le plus approprié pour décrire La Liste de Schindler, mais le thème poignant interprété par le violoniste Itzhak Perlman, personnifiant Oskar Schindler « le Juste », permet au spectateur de rentrer encore davantage dans le récit. A la sortie du film, de nombreuses voix se sont élevées pour pointer du doigt l’aspect trop émotionnel et dramaturgique du film. Certes, la Shoah n’était sans doute pas le sujet idéal pour ces deux raconteurs d’histoire, mais étant donné leurs personnalités, auraient-ils pu procéder autrement ?

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