Auteur de classiques de la variété française comme “Maladie d’amour” ou "Le travail, c’est la santé”, Henri Salvador fut un des artistes les plus appréciés du public, notamment pour son inaltérable sourire. L’occasion de revenir sur la longue carrière d’un chanteur à part qui savait si bien combiner fantaisie et tendresse.

« Je suis né 18 juillet 1917 à Cayenne, rue de la Liberté… C’est un rêve de forçat ! », aimait à plaisanter Henri Salvador. L’anecdote est d’autant plus parlante qu’il est le petit-fils d’un esclave affranchi en 1833, prénommé Salvador. Son père Clovis est, quant à lui, un métis guadeloupéen, et sa mère Antonine, une Amérindienne de Port-Louis. Les origines du chanteur aux 74 années de carrière et au rire si communicatif sont donc multiples. À cela s’ajoute l’identité métropolitaine, suite à la mutation de Clovis, fonctionnaire des impôts, qui emmène toute la famille à Paris en 1929. À 12 ans, Henri parvient à se fondre dans ce nouveau décor, y compris en prenant l’accent gouailleur parisien. Cette facilité d’adaptation préfigure le côté caméléon qui est l’une de ses marques de fabrique du futur artiste qui s’accaparera diverses identités.

Adolescent, il a pour modèle sa tante, la chanteuse de cabaret Léona Gabriel, et sous son influence, il apprend la musique, en particulier la batterie et la guitare. Il se passionne pour le jazz, et à 18 ans, il est musicien résident au Jimmy’s Bar, dans le quartier de Montparnasse. En 1941, il fuit la zone occupée et devient chanteur à Nice puis à Cannes. De 1941 à 1945, il se fait aussi un nom en tant que chanteur-guitariste au Brésil, où, dit-on, il aurait inventé, ou tout du moins initié, la bossa-nova : en entendant Dans mon île chantée par Salvador, Carlos Antonio Jobim aurait eu l’idée de ralentir le tempo de la samba et d’y intégrer des accords de jazz. À la même période, Henri Salvador joue dans le cadre d’une tournée de l’orchestre de Ray Ventura, toujours en Amérique Latine. Il y exerce ses talents de guitariste/chanteur/mime/comique (il est connu pour son imitation de Popeye). Les années de guerre sont, pour Henri Salvador, l’occasion de parfaire une expression scénique complète et de se forger une réputation d’entertainer à l’américaine.

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