Si la plupart des marques présentes sur le marché du convertisseur numérique analogique audio autonome sont nées avec ce marché, les grandes marques de la Haute Fidélité traditionnelle ont été plus tardives à se positionner sur celui-ci. Cela ne leur était probablement pas vital, mais comment désormais résister à l'appel et à l'essor de la musique dématérialisée imposant l'usage d'appareils de ce type ? Luxman, marque japonaise de prestige presque centenaire, y répond depuis quelque temps avec trois DAC, dont ce modèle DA-100 d'entrée de gamme, mais sans concession.

La marque Luxman, qui fait partie, avec Accuphase et Esoteric, des trois marques emblématiques de la Haute Fidélité de haut de gamme au Pays du Soleil Levant, avait déserté les échoppes Hi-Fi de notre pays durant une dizaine d'années, continuant néanmoins sa vie sous d'autres cieux, en particulier ceux qui l'ont vu naître il y a près de quatre vingt dix ans.

Luxman est revenue sur le marché français au travers de Sound Arts Network qui distribue également d'autres marques de Hi-Fi de haut de gamme dont les réalisations sortent pour le moins de l'ordinaire.

A l'image de certaines autres marques fabricants pionniers dans le domaine de la Haute Fidélité, Luxman est assez peu sensible aux modes, et même si la technique reste toujours d'actualité, n'en reste pas moins attachée à certains grands principes, comme le circuit STAR (distribution et retour séparé des courants pour éviter les interactions entre ceux-ci) ou encore l'utilisation d'alimentations linéaires particulièrement silencieuses.

Luxman perpétue également une certaine tradition en offrant aux amateurs des amplificateurs à tubes descendant en ligne droite de la série 38 apparue en 1963 !

Loin des électroniques à tubes et se concentrant sur les puces à haute intégration, le convertisseur numérique analogique DA-100, objet de ce banc d'essai, est le modèle d'entrée de gamme de Luxman parmi les trois convertisseurs que possède la marque à son catalogue, les modèles supérieurs s'appelant DA-200 et DA-06, ce dernier prenant en charge les fichiers audio numérique jusqu'à 32 bits à 384 kHz et aussi les fichiers DSD.

Le DA-100 possède une entrée USB acceptant jusqu'au 24 bits à 96 kHz, et son entrée S/PDIF coaxiale accepte les fichiers jusqu'à 24 bits à 192 kHz, tandis que son format compact lui permettra de s'intégrer sans problème dans la plupart des ensembles de reproduction sonore de qualité.

Présentation

Avec sa façade en aluminium anodisé de 6 mm d'épaisseur et ses boutons de réglage de volume et de sélection de source de la même matière, le Luxman DA-100 se présente de manière assez luxueuse.

Un triple affichage "sept segments" rouge indique la fréquence d'échantillonnage et également (de manière fugitive) le filtre numérique (filt 1 ou filt 2) que l'on choisit grâce au petit bouton situé à sa droite.

La prise casque dorée, au standard Jack 6,35 mm, prend place sous le bouton de sélection de source dont la partie moletée permet de man?uvrer le contacteur à galette (à l'ancienne) aux contacts francs mais nécessitant une certaine poigne

Connectique

Le DA-100 offre une connectique qui peut être qualifiée d'honnête, et de toute manière il aurait été difficile d'en mettre plus sur la surface disponible.

On trouve ainsi une entrée USB B asynchrone, deux entrées et deux sorties S/PDIF (coaxiale et optique) et une sortie stéréo à niveau fixe sur prises Cinch.

L'interrupteur est situé sur cette face arrière, ce qui ne sera peut-être pas toujours facile pour mettre le DA-100 sous ou hors tension.

Fabrication

C?est un peu la crise du logement à l'intérieur du DA-100 pour lequel a été choisi un format de boîtier réduit et l?électronique occupe plusieurs cartes reliées entre elles par des nappes de fils.

Le transformateur d'alimentation, de bonne taille, se fait une petite place le long de la façade et l'alimentation prend place sur une carte montée contre la face arrière dans la partie supérieure du boîtier.

Cette alimentation est assez sophistiquée et voit la tension secteur sérieusement déparasitée par une self de mode commun associée à des condensateurs.

Alors que les alimentations de nombreux DAC sont faites à partir d'un bloc d'alimentation à découpage, le Luxman DA-100 n'utilisent que des alimentations linéaires créées à partir de ce transformateur secteur disposant de multiples enroulements secondaires, une marque de fidélité à une conception classique et puriste de la reproduction sonore.

On peut ainsi remarquer que le redressement et le filtrage destinés à fabriquer les diverses tensions, dont celles de la partie analogique, bénéficient d'un soin tout particulier avec l'utilisation de diodes double en boîtier TO220 (FRH10A20, 10A, 200V), des condensateurs et des selfs éliminant tout résidu de commutation, tandis que deux condensateurs électrochimiques de 2200 ?F/35V se chargent de lisser les tensions (partie inférieure gauche de la photo).

On retrouve des composants similaires pour fabriquer le +5V destinés aux circuits numériques, la tension de service du condensateur de filtrage se voyant réduite à 25V, sa valeur restant de 2200 ?F (partie inférieure droite de la photo).

Le circuit principal, placé au fond du boîtier, reçoit toute l'électronique numérique et de conversion numérique analogique.

L'interface USB, est assurée par un circuit Tenor TE7022L fonctionnant en mode asynchrone jusqu'à 24 bits à 96 kHz tandis que c'est une puce Asahi Kasei AK4114 qui prend en charge les signaux S/PDIF (jusqu'à 24 bits à 192 kHz). La commutation des signaux en provenance des entrées numériques S/PDIF ou USB est confiée à un multiplexeur 74VHC157.

Le convertisseur numérique analogique est un modèle que nous affectionnons particulièrement, le Burr-Brown PCM5102, sans doute la puce la plus performante à l'heure actuelle, pouvant traiter des signaux jusqu'à 32 bits à 384 kHz.

Le PCM5102 est conçu pour délivrer des signaux analogiques ne nécessitant pas de filtrage additionnel par amplificateur opérationnel, et Luxman l'utilise avec un simple filtrage passif pour la sortie ligne, tandis que les signaux sont envoyés tels quels vers l'amplificateur pour casque au travers d'un potentiomètre de réglage de niveau.

L?amplificateur pour casque occupe un petit circuit à part afin que ses divers composants, dont le potentiomètre d?origine Alps, soient regroupés. Le circuit intégré d?amplification, muni d?un petit refroidisseur, est un modèle NJM4580 à faible bruit fabriqué par JRC (New Japan Radio Company) et est identique à celui équipant le convertisseur numérique analogique DA-200 de Luxman.

Les alimentations de cet amplificateur sont stabilisées à +15V et -15V par des régulateurs LM7815 et LM7915 et on peut remarquer que certains condensateurs sont fabriqués sur cahier des charges Luxman, tandis que d'autres semblent être des modèles au polystyrène (recommandé en audio) dans un boîtier noir inhabituel.

Un micro contrôleur NEC D78F0534 situé sur la carte principale (mais non visible) assure la gestion de l'électronique et intègre aussi très certainement les deux filtres numériques.

Ecoute

Le DAC Luxman DA-100 est incontestablement un grand charmeur comme nous avons pu le constater à l'écoute du très chantant du Concerto pour violon N° 1 de Max Bruch dont il restitue toutes les beautés de l'interprétation de Kyung Wha Chung accompagnée par le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Rudolf Kempe, dans la très bonne numérisation en Studio Masters 24 bits à 96 kHz de cet enregistrement d'origine analogique.

Que ce soit sur nos enceintes Triangle Antal Anniversary pilotées par un amplificateur Sony UDA-1 relié en analogique ou avec un casque orthodynamique Audeze LCD-3 (dont nous vous proposerons bientôt le banc d'essai) branché sur la sortie casque du DA-100, la restitution est de toute beauté, le violon s'exprime sans la moindre crispation jusque dans ses notes les plus aigües tandis que l'orchestre tisse une très belle et ample toile sonore où ne règne aucune rupture d'équilibre.

Avec le Gloria entamant l'oeuvre du même nom de Vivaldi, dans la fulgurante version de Rinaldo Alessandrini à la tête du Concerto Italiano, en qualité Studio Masters 24 bits à 44,1 kHz, le DA-100 ne manque aucune des intonations des cordes incisives de cet ensemble ou encore des cuivres triomphants, tandis que les ch?urs s'expriment avec une grande lisibilité même lors des forte.

Dans un autre genre musical, la restitution du titre Crazy Little Thing Called Love de The Platinum Collection de Queen est d'une grande clarté, on entend parfaitement les subtilités du jeu de la guitare et l'ensemble swingue avec un entrain communicatif !

La chanson Bâtard de l'album Racine Carrée de Stromae bénéficie elle aussi de l'excellente capacité d'analyse du DA-100 sans que pour autant celle-ci vide les notes de toute émotion, bien au contraire, cette dernière ne manque aucunement et l'on est aussi très agréablement surpris par le large espace occupé par la restitution comme par l'excellente présence de la voix du chanteur.

Pour conclure, Luxman reste fidèle à sa réputation en proposant avec le DA-100 un DAC aux excellentes prestations musicales et conçu de manière puriste dans un esprit de tradition. Ainsi le constructeur a particulièrement soigné la partie alimentation et a également opté pour la puce de conversion numérique PCM5102 de Burr-Brown, probablement la plus performante à l'heure actuelle. En tous cas, nous, nous l'aimons beaucoup, surtout quand on ne lui rajoute pas de filtre à amplificateur opérationnel, ce qui offre une restitution sonore de haute volée, comme ici. Qobuzissime donc.

Spécifications

DA-100 sur site Sound Arts Network (importateur)

Contact

Capacités de lecture

Nos écoutes ont été faites avec le filtre 1, que nous avons légèrement préféré au filtre 2.

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