Le pianiste et chef d’orchestre Daniel Barenboim a reçu les insignes de Grand officier de la Légion d'honneur.

Lundi 28 février, Nicolas Sarkozy a décoré Daniel Barenboim des insignes de Grand officier de la Légion d'honneur, en rendant hommage au créateur d'un orchestre israélo-arabe qui sait « faire progresser la tolérance au moment où le processus de paix est dans un immobilisme consternant », selon l'AFP.

Pianiste et chef d'orchestre israélien et argentin, également espagnol et porteur d'un passeport palestinien, Barenboim a créé en 1999, avec son ami Edward Saïd, intellectuel palestinien décédé en 2003, un orchestre de jeunes arabes et israéliens de 14 à 25 ans, le West-Eastern Divan Orchestra, qui se produit dans le monde entier.

Avec cet « orchestre exceptionnel, vous savez faire progresser la tolérance au moment où le processus de paix est dans un immobilisme consternant », a affirmé Nicolas Sarkozy. « Votre objectif est davantage moral que politique: montrer à ces jeunes gens qu'ils sont semblables, notamment parce qu'ils ont un point commun, la passion de la musique ».

Rappelant qu'il avait souhaité la présence de Daniel Barenboim au moment où lui-même avait créé l'Union pour la Méditerranée, en juillet 2008, le Président de la République a assuré qu'on voyait aujourd'hui à quel point cette Union « est nécessaire pour faire comprendre aux peuples du nord et du sud qu'ils ont une destinée commune ».

Daniel Barenboim est né en 1942 à Buenos Aires de parents juifs d’origine russe. Sa mère fut son premier professeur de piano à l’âge de 5 ans, puis son père est resté son unique professeur. C’est en août 1950, à peine âgé de 7 ans qu’il donna son premier récital à Buenos Aires. Deux ans plus tard, la famille Barenboim quitte l’Argentine pour l’Israël…

Durant l’été 1954, les parents amènent leur fils Daniel à Salzbourg pour fréquenter les masterclasses de direction d’orchestre d’Igor Markevitch. C’est au cours de ce même été qu’il rencontre Wilhelm Furtwängler pour qui il joue. Le légendaire maestro écrit alors ces mots : « A onze ans, Barenboim est déjà un phénomène ». A Paris en 1955, Daniel Barenboim étudie avec Nadia Boulanger l’harmonie et la composition.

1952 marque ses débuts de pianiste à Vienne et à Rome et 1955 à Paris, suivis par ceux de Londres (1956) et New York en 1957 avec Leopold Stokowski. A partir de ce moment, il joue régulièrement en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Australie et en Extrême Orient.

L’année 1964 marque le début de ses premiers enregistrements dans un répertoire réunissant les plus grandes œuvres pour piano, avec notamment des cycles complets de sonates de Beethoven et Mozart, et des concertos pour piano de Mozart, qu’il interprète tant comme chef que comme soliste, mais aussi les concertos de Beethoven avec Otto Klemperer, ou comme chef avec Arthur Rubinstein en soliste, ceux de Brahms avec Sir John Barbirolli et de Bartók avec Pierre Boulez.

À partir de 1964, Daniel Barenboim se consacre davantage à la direction d’orchestre. Son étroite collaboration avec l’English Chamber Orchestra commence en 1965 et durera plus de dix ans. Pendant cette fructueuse période, ils jouent ensemble d’innombrables concerts en Angleterre, dans toute l’Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Après ses débuts à Londres en 1967, avec le Philharmonia Orchestra, les plus grands orchestres européens et américains sollicitent Daniel Barenboim. Entre 1975 et 1989, Barenboim est le directeur musical de l’Orchestre de Paris, où sont jouées notamment des commandes et des créations d’œuvres contemporaines, avec des exécutions d’œuvres de Lutoslawski, Berio, Boulez, Henze, Dutilleux, Takemitsu…

L’année 1973 a marqué les débuts de Daniel Barenboim comme chef à l’opéra avec une représentation du Don Giovanni de Mozart au Festival d’Edimbourg. Ses débuts au Festival de Bayreuth datent de 1981 : il en sera alors le chef invité pendant 18 ans, donnant des représentations de Tristan et Isolde, L’Anneau du Nibelung, Parsifal et Les Maîtres chanteurs de Nuremberg.

En 1991, il succède à Sir Georg Solti comme directeur musical du Chicago Symphony Orchestra et, en 1992, devient general music director et directeur artistique du Deutsche Staatsoper de Berlin, qui l’a élu « chef à vie ».

En 1999, Barenboim et Edward Saïd, professeur de littérature comparée, créent les résidences du West-Eastern Divan, qui rassemblent chaque année de jeunes musiciens d’Israël et du Moyen Orient pour travailler et jouer ensemble, et ne former qu’un seul orchestre. Cette résidence ne prétend endosser aucun positionnement politique. Il s’agit plutôt de montrer, à travers l’exemple de la pratique commune de la musique, qu’un dialogue reste possible entre les cultures. En octobre 2002, il reçoit avec Saïd le prestigieux Prince Asturias Award for Concord, à Oviedo en Espagne, pour saluer leur engagement en faveur de la paix. Saïd qui s’éteindra peu de temps après, le 25 septembre 2003.

Enfin, Daniel Barenboim a publié deux ouvrages : La Musique éveille le temps, publié en France par Fayard, et Parallèles et Paradoxes, explorations musicales et politiques coécrit avec Edward Saïd aux éditions du Serpent à Plumes.

Le site de Daniel Barenboim