Couramment loué pour ses qualités d'architecte musical, Bach inspire à Zaha Hadid, un édifice hors du commun. Voué à rendre au mieux les qualités esthétiques et acoustiques du Cantor, cette salle d'un genre nouveau a déjà conquis les faveurs de grands interprètes contemporains.

Musicologue et critiques comparent fréquemment Bach à un architecte sonore, à un bâtisseur de cathédrales musicales. A force d’être trop souvent galvaudée, cette métaphore pourrait passer pour un simple effet de rhétorique. Prenant celle-ci à la lettre, Zaha Hadid démontre qu’elle n’avait rien d’un abus de langage.

A l’occasion du Festival International de Manchester l’architecte iraquienne, titulaire du Pritzker Prize a conçu un bâtiment unique, destiné à restituer au mieux l’œuvre du Cantor. Cette large boîte noire, capable d’accueillir 200 personnes, se singularise par la présence d’un long ruban blanc, qui dessine d’amples cercles autour de l’assistance. Composé d’un métal idoine apte à réfléchir et à absorber le son, il constitue une caisse de résonance idéale.

Par-delà les considérations acoustiques, l’édifice constitue une projection de l’esthétique de Bach. Comme le note Zaha Hadid dans une brochure distribuée aux spectateurs, elle s’est efforcée d’intégrer « l’ampleur rythmique et harmonique » du musicien baroque dans un « cadre mathématique ».

Quelques uns des plus grands musiciens de notre temps ont déjà expérimenté cet environnement sonore inédit,. Le trois juillet, Piotr Anderszewski dotait la seconde et la sixième Partita d’une force dramatique peu commune. Le onze, Jean-Guihen Queyras illuminait quatre suites pour violoncelle d’une élégance suprême. Cette semaine, la jeune violoniste russe Alina Ibragimova jouera plusieurs sonates et partitas pour violons.

L’ouvrage de Zaha Hadid apparaît ainsi comme un magnifique écrin, qui éclaire les plus belles interprétations contemporaines d’une lumière nouvelle.

Ecouter aussi