L’ancien directeur de l'Opéra-Théâtre de Saint-Etienne dénonce « mort programmée » de l'art lyrique dans la maison stéphanoise.

Selon l’AFP, le metteur en scène Jean-Louis Pichon a dénoncé les projets de la nouvelle municipalité de Saint-Etienne pour son Opéra-Théâtre, dans lesquels il voit la « mort programmée » de l'art lyrique, un mois après son départ d'une maison qu'il a dirigée pendant 25 ans.

« Le nouveau projet, pluridisciplinaire, est celui d'une scène nationale de 40.000 à 50.000 habitants, on revient 25 ans en arrière », a estimé Pichon lors d'une rencontre à Paris avec quelques journalistes.

Le Stéphanois âgé de 60 ans a fait de l'Opéra-Théâtre de Saint-Etienne une maison reconnue dans le paysage lyrique national en défendant des raretés du répertoire français, signées notamment Jules Massenet - enfant du pays - mais aussi Bizet, Gounod, Lalo... Son contrat de directeur général a pris fin le 31 décembre.

« Je considère que j'ai été poussé à partir, je n'ai pas démissionné de gaieté de cœur », a assuré Jean-Louis Pichon. La nouvelle municipalité de Saint-Etienne, dirigée par Maurice Vincent (PS), a indiqué vouloir faire de l'Opéra-Théâtre une « maison de création et de diffusion généraliste conservant un noyau de programmation lyrique mais ouverte à une diversité de créateurs et abondée par une offre pluridisciplinaire ». La ville souhaite notamment valoriser d'autres formes artistiques contemporaines (musique, chant, danse, théâtre, cirque...).

Selon Jean-Louis Pichon, le budget de la structure, d'environ 8 millions d'euros en 2008, sera en baisse de 540.000 euros en 2009. « La mairie veut quatre ou cinq titres d'opéras par saison contre sept aujourd'hui : j'estime qu'en travaillant à ce rythme homéopathique, on ne peut plus assurer un minimum de qualité. C'est la mort programmée de l'opéra », selon l'ancien directeur.

Environ 150 membres de l'orchestre et des chœurs de l'Opéra-Théâtre de Saint-Etienne ont manifesté dimanche sur scène leur inquiétude quant à l'avenir de la maison. Le Syndicat national des artistes-musiciens CGT s'est saisi du dossier. « Le maire a fait un parallèle entre le remplissage du stade Geoffroy-Guichard et la fréquentation de l'Opéra-Théâtre : il y a là une dérive populiste assez inquiétante », a estimé le baryton-basse Jean-Pascal Introvigne, du Snam-CGT.