Autour d'un programme intelligent, dense et peu commun dans nos contrées musicales bien lisses (Kaminski, Rihm, Pfitzner, Strauss), l'Orchestre Philharmonique de Berlin retrouvait le 11 septembre 2011 le chef letton Andris Nelsons. Abonnez-vous et regardez ce concert dans les archives du Philharmonique de Berlin !

Le concert retransmis en direct par le Philharmonique de Berlin le dimanche 11 septembre comportait quelques raretés qu’il convient de vous décrire. Palestrina de Pfitzner (1917), bien trop rarement joué de nos jours, est un ouvrage largement postromantique, agrémenté d’influences croisées entre Strauss et Wagner : Pfitzner assume pleinement son anti-modernisme. Jusqu’à la Seconde guerre, le Philharmonique de Berlin et Furtwängler firent un pont d’or à ce compositeur, hélas trop négligé par la suite. Pourquoi Andris Nelsons donne-t-il l’ouverture du second acte et non pas du premier ? Afin de commencer le concert en beauté : l’ouverture du premier acte est tout en douceur, elle se cherche, elle erre et tâtonne, tandis que celle du second ne doute plus de rien du haut de son éclatante fanfare !

Encore plus inconnu au bataillon, Heinrich Kaminski. Sa Dorische Musik de 1933, pour violon, alto, violoncelle et orchestre, reste une rareté. Et pourtant, après l’avoir entendu lors de sa création à Berlin, Furtwängler l’inscrivit immédiatement à l’un de ses prochains concerts, en l’occurrence le 26 novembre 1934 – pour la petite histoire : l’œuvre était suivie de concertos pour violon de Bach et Paganini avec Francescatti, puis de la Première de Brahms. Le langage harmonique de Kaminski se situe dans la lignée de Brahms-Reger, résolument tonal mais avec une forte influence modale « à l’ancienne ». Kaminski, successeur de Pfitzner au Conservatoire de Berlin, eut pour disciple Carl Orff.

Rihm, qui a soigneusement évité de suivre l’avant-garde boulézo-stockausenienne des années 60/70, préfère se situer dans l’héritage de l’Entre-deux-guerres, Schönberg en tête. Il a développé le concept de "Nouvelle Simplicité", un évident retour aux sources – qui ne refuse pourtant aucun modernisme, pour autant que la musique reste destinée à des oreilles et des tripes plutôt qu’à des cerveaux et des intellects. On entendra ici la seconde version (1999) de Marysas, écrit initialement en 1989 ; Rihm est connu pour remettre cent fois son ouvrage sur le métier, affaire de spontanéité dans l’écriture.

Pour la bonne bouche, le concert s’achevait avec un bonbon des plus onctueux : la Suite du Chevalier à la rose de Richard Strauss ! Le Lithuanien Andris Nelsons (*1978) est le nouveau chef titulaire de l’Orchestre de Birmingham, une phalange rendue célèbre par Simon Rattle – l’actuel patron du Philharmonique de Berlin. Quant aux cinq solistes (Gábor Tarkövi trompette - Jan Schlichte percussion - Andreas Buschatz violon - Amihai Grosz alto - Ludwig Quandt violoncelle), ils appartiennent tous au Philharmonique de Berlin qui, de la sorte, rend hommage à l’excellence de ses membres.

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