Première réalisation dans le domaine de la musique dématérialisée de la marque française Solen, le convertisseur numérique analogique MuDac-300, s'il reste sage dans ses capacités de décodage, 24 bits à 192 kHz tout de même, opte pour des solutions techniques peu courantes menant à des résultats sonores de très haut niveau, toutes choses nous ayant conduit à lui attribuer notre récompense Qobuzissime.

Solen est une société française située dans la région de Grenoble et dont l'activité principale a été l'audio de 1988 à 1998 mais qui, depuis, s'était plus orientée vers le développement de systèmes radio-fréquence.

Solen a cependant relancé l'activité audio il y a deux ans avec les amplis à tubes CV40 et bientôt CV35, des appareils de très haut de gamme entièrement réalisés à la main de façon artisanale, et la marque termine actuellement l'industrialisation du CT50N qui sera l'avant-dernier modèle de la gamme, intégrant en fait sur un seul circuit le DAC et l'amplificateur à transistor de type circlotron, une technologie d'amplification entièrement symétrique.

Concernant le convertisseur numérique analogique MuDac-300 qui va être l'objet de ce banc d'essai, celui-ci a bénéficié pour sa mise au point des idées du constructeur sur le numérique, à savoir l'utilisation de transformateurs audio en sortie des puces de conversion et un minimum de contre réaction dans les étages d'adaptation pour les sorties analogiques. D'autre part, Solen a décidé d'intégrer ce DAC à son catalogue suite au bon accueil qu'il a reçu auprès d'auditeurs tests, une façon de faire très rare.

A noter que le MuDac-300 que nous a prêté Solen est un appareil de pré-série soudé à la main, mais à partir de maintenant la fabrication est prévue pour être sous-traitée chez un câbleur à Grenoble et que, d'autre part, cet appareil n'est actuellement disponible que chez Hifi Vaudaine à Grenoble en attendant une plus large distribution.

Présentation

Présentation d'une grande sobriété pour le Solen MuDac-300 dont le boîtier monobloc en aluminium s'orne d'une façade en plexiglas fumé maintenue à ses extrémités par deux petites pièces en aluminium brossé légèrement proéminentes.

La mise en marche ou l'arrêt s'effectuent en appuyant légèrement sur la zone située sur la gauche de la façade et illuminée en permanence de l'inscription ON/OFF. Sous tension, la partie centrale de la façade laisse apparaître le logo et le nom de la marque par rétro éclairage, ainsi que le sélecteur de source qui utilise le même principe que pour la mise en marche. Cinq LED rouges situées sous le logo centrale indiquent l'entrée en service (S/PDIF ou USB) et la fréquence d’échantillonnage, à raison d'une LED pour 44 ou 48 kHz, 88 ou 96 kHz et 176 ou 192 kHz.

La connectique comporte la prise coaxiale pour le transformateur secteur, une entrée USB pour raccorder à un ordinateur ou un smartphone ou une tablette sous Android, une entrée S/PDIF coaxiale, et les sorties stéréo audio, asymétriques sur prises Cinch ou symétriques sur prises XLR, un interrupteur permettant de choisir entre celles-ci et excluant tout fonctionnement simultané.

Réalisation

L'électronique du MuDac-300 est constitué d'un circuit principal qui est solidaire de la face arrière tandis qu'un second circuit comportant les commandes et la signalisation est monté perpendiculairement à celui-ci et vient effleurer la face avant.

La partie centrale n'est pas un afficheur mais un diffuseur de lumière faisant apparaître par rétro éclairage le logo et le nom de la marque au travers du plexiglas de la face avant. Le même procédé est utilisé pour la zone de mise en marche et celle de sélection de source.

L'appareil que nous avons eu en prêt étant un modèle de pré-série, le circuit principal comporte quelques modifications et l'interface USB est une carte séparée, sachant que sur les réalisations commerciales le processeur USB sera directement intégré sur le circuit principal (dans la zone dénuée de composants située en haut à gauche du visuel ci-dessous).

L'alimentation du MuDac-300 est de type linéaire et la tension en provenance du transformateur secteur est d'abord redressée puis filtrée par deux condensateurs électrochimiques de 2200μF/25V afin de fabriquer deux tensions symétriques stabilisées ensuite à + ou - 11V par des régulateurs ajustables LM317 et LM337 (montés sur le radiateur) afin d'alimenter la partie analogique. On trouve également deux autres régulateurs pour les circuits numériques, un LM317 et LM317L auprès desquels prennent place quatre condensateurs électrochimiques de 1000 μF/16V et deux de 1000 μF/25V.

L'interface USB est un modèle générique vendue par Audiophonics (et nous qui avons cherché un DAC français afin de changer des réalisations chinoises !) et est équipée d’un processeur multicoeur XMOS 8L6C5 précédé d’une interface USB SMSC (Microchip) USB3318.

Contrairement à ce qui se fait de manière générale, Solen n’utilise pas le bus I2S extrait des signaux USB par le processeur XMOS mais le signal S/PDIF recréé par ce même processeur à partir du bus I2S afin de traiter celui-ci, comme le signal S/PDIF provenant de l’entrée numérique coaxiale, par un récepteur à huit entrées S/PDIF Wolfson WM8805.

Cette façon de faire nous avait étonnés par le fait que l’on assiste de la sorte à deux conversions (USB vers S/PDIF, puis S/PDIF vers I2S) mais Solen nous a expliqué qu’il se servait ainsi de l’excellente PLL (Phase Locked Loop ou boucle à verrouillage de phase, système assurant la synchronisation avec les signaux entrants) intégrée au WM8805 pour les signaux numériques provenant de l'USB comme pour ceux arrivant par l'entrée optique. Le WM8805 délivre en effet une horloge d'excellente qualité qui permet d’offrir un jitter réduit à 50 ps (une option pass trough permet d’ailleurs à cette puce d'y faire simplement transiter les signaux audio numérique afin de les améliorer).

La conversion numérique analogique est confiée à deux puces Analog Devices AD1955A (24 bits à 192 kHz, une puce par canal) qui sortent des signaux différentiels sous forme de courant. C'est ici qu'intervient la patte de Solen qui n'utilise pas d'amplificateurs opérationnels pour transformer ces courants en tensions, mais réalise cette opération de manière entièrement passive en utilisant des résistances couplées à des transformateurs audio.

D'autres part, la bande passante limitée dans l'aigu de ces transformateurs élimine naturellement les résidus de conversion sans avoir recours à un filtre passe-bas, généralement réalisé autour d'amplificateurs opérationnels. On ne trouve dont aucun étage actif à ce niveau, et encore moins de contre-réaction, ce qui ne peut qu'être favorable à la restitution sonore.

Les signaux sont ensuite amplifiés par les étages de sortie dont chacun d'eux comporte un transistor en amplification en tension et deux transistors (BD139) en push-pull classe A pour fournir du courant vers le pré amplificateur que sera raccordé au MuDac-300, et ce en mode asymétrique comme en mode symétrique. Ces transistors sont montés sur le même radiateur que les deux régulateurs fournissant leur alimentation.

Aucun condensateur de liaison n'étant utilisé sur le trajet du signal de sortie pour préserver sa pureté, la tension continue en sortie est maintenue en permanence à 0V grâce à un circuit construit en partie autour d'un amplificateur opérationnel TL072.

Voici ce que dit le constructeur à propos de cette partie de l'électronique "L'association transformateur/triplet de transistors s'inscrit dans la philosophie de nos schémas : Tendre vers une structure minimaliste (du moins vue par le signal), optimisée dans ses réglages, avec un minimum de contre-réaction pour un maximum de transparence."

Voyons maintenant ce qu'il en est au niveau des résultats sonores...

Ecoute

Quant aux résultats sonores, ils entérinent en effet par leur très haut niveau les solutions techniques retenues par Solen et le MuDac-300 fait incontestablement partie des meilleurs DAC que nous ayons écoutés à Qobuz.

Ainsi, le très beau thème du Jeune Prince et la Jeune Princesse, troisième tableau de Shéhérazade de Rimsky-Korsakov par l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Yakov Kreizber se trouve-t-il magnifié par la finesse de la restitution du Solen MuDac-300 avec des cordes qui sont d'une grande pureté et déploient leur chant avec plénitude.

Changement de décors avec le tableau final de cette œuvre, Festival à Bagdad - La Mer - Le bateau se brise contre une falaise surmontée d'un cavalier en Bronze, où le Solen MuDac-300 laisse exploser la dynamique et les couleurs de ce morceau impétueux sans s'embrouiller le moins du monde et en différenciant sans problème les groupes d'instruments dans la furie orchestrale ponctuée par des cuivres tonitruants et le puissant roulement des timbales restitués avec la plus grande des convictions et sans qu'on ait l'impression de se prendre le ciel sur la tête.

Il en va de même avec les fameuses Danses Polovtsiennes de Borodine de ce même album qui scotchent l'auditeur sur son fauteuil par le déluge de puissance des chœurs et de l'orchestre mais le laissent un peu respirer lors des passages moins agités où toutes les subtilités de l'orchestration peuvent être appréciées grâce au fouillé et à la transparence de la restitution.

A l'écoute d'extraits de l'album Le Mariage de Figaro de Mozart par Pier Giorgio Morandi conduisant le Hungarian State Opera Orchestra on est encore saisi par la pureté de la restitution qui permet aux voix féminines de s'exprimer avec limpidité et d'offrir globalement un rendu d'une grande transparence bénéficiant par ailleurs d'une aération rare et d'une grande authenticité, comme nous le remarquons à chaque fois avec les appareils faisant peu ou pas usage de contre réaction. Pour tout dire, une belle, très belle restitution.

Autre genre musical, mais émotions garanties également avec My Sweet Lord de l'album All Things Must Pass de George Harrison où les accords de guitare se montrent riches et fins et sans acidité tandis que le chanteur bénéficie d'une belle présence et que l'accompagnement choral et instrumental reste légèrement en arrière plan d'un espace sonore aéré.

La chanson The Sun Is Gonna Rise Again de l'album Where I Belong de Chris Cab est restituée avec une superbe luminosité et de fermes et puissantes basses et si l'ensemble se montre à la fois pêchu et bien défini on ne note pas de dureté, même à volume soutenu.

En conclusion, nous sommes très heureux de décerner notre récompense Qobuzissime au MuDac-300 de Solen, une réalisation française offrant des prestations sonores de très haut niveau et mettant en œuvre des solutions originales, choisies non pas parce qu'elles répondent aux dernières tendances technologiques, mais parce qu'elles laissent s'exprimer librement la musique.

Spécifications

Site Solen

Hifi Vaudaine (point de vente actuel)

Capacités de lecture

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