Lumïn T3, un lecteur réseau qui allie précision, justesse et musicalité

Technologies et conception

Technologie véritablement née au début des années 2010, la lecture réseau dont le but est avant tout de profiter de plateformes comme Qobuz continue à se développer pour atteindre des niveaux de retranscription aujourd’hui égaux ou supérieurs à ceux du CD, voire du SACD et du BluRay Audio. Parmi les pionniers, le hong-kongais Lumïn est arrivé au côté du Sud-Coréen Aurender, avant de se faire rejoindre par la suite par de nouveaux spécialistes, dont les récents chinois Auralic (de Pékin) et Zidoo/Eversolo (de Shenzhen), en plus des nombreux produits de fabricants hifi conventionnels, dont ceux du français Atoll.

Pour autant, Lumïn n’a jamais perdu sa ferveur ni sa dynamique et si Aurender s’est fait le référent de la lecture de fichier sur mémoire SSD interne, l’entreprise hong-kongaise s’est pour sa part spécialisée dans la qualité du transport réseau, non seulement intégré à des lecteurs numériques avec DAC comme le D3, le T3 et le X1, mais aussi à de purs transports numériques, tous référents dans leurs gammes, du petit U2 mini à l’imposant U1.

Pour ce test, nous avons privilégié l’écoute du T3, prêté pour l’occasion par le nouvel importateur français de la marque, Europe Audio Diffusion, en même temps qu’un U2 mini et qu’un U2 dans le but d’affiner au maximum les tests sur la partie réseau, en comparaison à nos propres streamers. Remplaçant du T2, le T3 en reprend les puces de conversions 8-Dac de Sabre de référence ESS9028 PRO, parmi les meilleures disponibles sur le marché et suffisamment éprouvées pour être utilisées au plus précis sur leurs lignes d’algorithmes. Utilisées ici par deux, ces puces ultra-rapides traitent séparément les canaux de gauche et droite, avec une gigue (jitter) affinée grâce à un puissant système d’horloge, fait d’oscillateurs à cristal à très faible bruit. Quant à la carte de streaming, celle-ci a bénéficié du plus gros développement entre le T2 et le T3 et dérive de technologies propriétaires à Lumïn, afin de lire les données avec la plus grande finesse, retranscrites par un logiciel lui aussi intégralement développé par la marque.

Sur la partie analogique, juste après l’alimentation enchâssée dans une grosse boîte métallique à l’intérieur de l’appareil, l’architecture double-mono reprend les derniers développements des ingénieurs pour le gros lecteur X1, avec des composants discrets qui limitent au maximum les bruits et accentuent les dynamiques. Inclus dans un châssis fabriqué par machine CNC -très flatteur à l’œil qu’il soit argenté ou noir, en plus d’être facilement logeable grâce à sa fine hauteur (6cm)- le circuit interne évite quasiment tous les câbles, ne laissant qu’une courte limande vers le petit écran aux informations toujours uniquement bleutées en façade, là où de plus en plus de fabricants parient sur un écran LCD HD tactiles, d’une perception plus ergonomique, mais souvent peu utile puisque toutes les fonctionnalités se gèrent bien mieux à partir des applications, en plus d’être souvent une vraie source d’interférences et de perturbations électriques.

Grâce à tous ces éléments, avec encore une masse à l’arrière si on souhaite relier le châssis à une terre contrôlée, le T3 se présente comme un lecteur réseau parmi les plus technologiques du marché, auquel s’ajoute le contrôle du volume Leedh processing, le meilleur actuel pour gérer le volume sonore en dégradant au minimum le signal lorsque l’on diminue le son. Avec cela, ce lecteur numérique complet peut donc être relié directement par ses sorties symétriques XLR ou asymétriques RCA sur un amplificateur de puissance, sans nécessiter le passage par une préamplification analogique.

Lecteur réseau avant tout

Conçu pour être avant tout un lecteur réseau, le T3 ne joue pas sur la complémentarité comme d’autres streamers récents ; son utilité première est celle d’un appareil à brancher en analogique vers l’ampli pour lancer des fichiers musicaux en provenance d’Internet, car s’il ne coûte que 400€ de plus que le U2 (5 900€ contre 5 500€, soit 7% de plus), il n’offre ni les mêmes limites de taux d’échantillonnages (PCM jusqu’à 384kHz/16–32bit contre 768 kHz/32bit pour le U2 ou le X1), ni les mêmes sorties streaming, ni de véritables entrées sur sa partie conversion numérique-analogique. Alors, si l’on souhaite en sortir seulement par la partie transport pour attaquer un DAC en direct, ne sont laissées que deux solutions : une sortie SPDIF BNC et une USB, cette dernière servant aussi d’entrée pour ceux qui souhaiteraient intégrer une clé USB ou un disque dur externe. Pour une utilisation avant tout dédiée à sortir vers un DAC par un port USB, en AES/EBU ou en SPDIF RCA, nous renverrons donc plus logiquement les auditeurs vers le U2.

Utilisation du T3

Comme nous venons de l’évoquer, le T3 est avant tout destiné amateurs de musiques et aux audiophiles voulant bénéficier d’une source numérique la plus pure possible, pour écouter avant tout des musiques dématérialisées en réseau. Une fois branché par sa prise RJ45 (1000Base-T) à une box internet, puisque Lumïn ne permet pas encore d’être relié en Wifi - ni encore moins en Bluetooth-, jugeant encore ces connexions sans fil trop dégradées, le T3 doit être relié à un préamplificateur analogique, amplificateur intégré ou tout simplement à un amplificateur de puissance par ses sorties RCA ou XLR.

Ensuite, il suffit de télécharger sur iPhone, iPad ou terminal Androïd l’application propriétaire Lumin Audio, puis de la relier à son compte de streaming, parmi lesquels Tidal, Spotify ou bien sûr Qobuz. Pour les spécialistes, le T3 est aussi Roon Ready et permet donc de lire les musiques par ce logiciel, à condition de posséder en amont un Roon Nucleus ou un appareil Roon Core. Également sélectionnables par UPnP, tous les Lumïn sont reconnus dès l’allumage par toutes les applications tierces, qu’il s’agisse de MConnect ou BubbleUPnP, comme de l’excellent logiciel réseau français Audirvāna.

Une fois la musique débutée, il est impressionnant de voir comme les ponts se font entre ces applis, avec la possibilité, à condition que le même compte de streaming soit loggé sur toutes, de lancer la musique par Audirvāna puis de la récupérer pour la modifier sur MConnect ou l’appli Lumïn Audio. À noter également, Lumïn est l’une des marques les plus avancées pour le multiroom, à gérer directement par l’app, de même qu’une pléthore de paramètres avancés, dont la couleur d’affichage sur le smartphone, la langue, ou encore la déconnexion ou la sélection de certaines sorties.

Écoute et usages avancés

Existant depuis plus d’une décennie et fidèle aux puces du japonais Sabre, certains produits Lumïn ont pu à une époque être jugé trop net, notamment les lecteurs réseaux d’entrée de gamme. Si c’est encore l’idée que vous vous faites de cette sonorité, allez rapidement glisser une oreille chez un revendeur de T3 ou même du plus petit D3, pour vous rendre compte à quel point, si le son de la marque est toujours ultraprécis, il est aussi chantant et très musical.

Grâce à des composants supérieurs et fiabilisés sur toutes les parties, dont l’horloge pour limiter le jitter, le T3 bénéficie aussi de son architecture double-mono pour créer un son dénué de toute les impuretés possibles, à un niveau de référence dans cette gamme de tarif. Les éléments s’y présentent parfaitement détourés, d’une précision à toute épreuve, comme sur les batteries de petites formations de jazz (Kind of Blue bien sûr) ou de Rock (Led Zeppelin par exemple). En musique classique, The Planets de Holst (version Karajan Decca ou Levine DG) permet de définir chaque instrument dans un grand orchestre symphonique, en faisant ressortir un nombre de détails incalculables, en plus d’éclairer la moindre intervention de harpe ou de flûte.

Dans le même temps, l’écoute d’un album beaucoup plus sobre comme le London Circa 1720 (HM) dédié à des pièces de Corelli jouées par l’ensemble La Rêveuse, met en éclairage comme la sonorité timbre parfaitement les violons et plus encore la flûte, tout en lui rendant parfaitement le moindre souffle et lui laissant une magnifique souplesse. De la même manière, le clavecin de Scott Ross dans ses célèbres enregistrements de sonates de Scarlatti est mis en avant avec un rare détail des cordes, déjà très fin avec le U2 mini relié sur notre DAC, mais encore plus subtil et défini grâce au U2 et donc au T3, dont la conversion s’accorde parfaitement à la pureté de la carte réseau. Dans le dernier album Elles de Youn Sun Nah, le « Feeling Good » repris en calme de Nina Simone fait planer en quelques secondes dans les sonorités les plus pures et les plus lumineuses possibles, avec un plaisir de tous les instants.