Depuis plus de quarante ans, le festival d’art lyrique, qui aura lieu du 31 juillet au 12 août 2023, propose un programme riche misant notamment sur la jeune création. Jean-Baptiste Henriat, directeur de la programmation, nous livre quelques secrets de fabrication du festival.

Le Festival de Saint-Céré déploie sa programmation dans des lieux d’exception (châteaux, abbatiales…). D’où est venue cette idée de faire dialoguer musique et patrimoine architectural ?

Sur ce territoire du Lot, ça s’impose ! On y trouve une densité de patrimoine bâti absolument exceptionnelle. C’est vrai pour des grands sites à l’image du château de Castelnau-Bretenoux, des édifices religieux majestueux comme l’abbatiale de Beaulieu-sur-Dordogne, mais ce territoire regorge de lieux plus petits à la beauté étourdissante et que nous avons plaisir à faire résonner : le château de Montal ou l’église des Récollets de Saint-Céré, parmi beaucoup d’autres. Tous sont de véritables écrins pour la musique aux acoustiques idéales.

Quels défis se présentent aux programmateurs lorsqu’on doit monter une programmation aussi diverse dans ses formats (théâtre musical, musique de chambre, opéra, ciné-opéra…) ?

La variété des formats proposés constitue la force de ce festival original. Nous jouons aussi bien l’opéra en grande forme que des spectacles « de tréteaux », et le récital peut se faire spectacle de magie ou théâtre musical de rue ! Nous cultivons cette particularité qui fait du Festival de Saint-Céré un rendez-vous unique. Le défi majeur est évidemment de raconter une histoire à travers toute cette variété de propositions, et que chaque programme - de spectacle ou de concert - témoigne de l’identité du festival.

Festival de Saint-Céré 2023

ScénOgraph

Parmi les artistes invités, on voit côte à côte des talents confirmés et des artistes émergents. La promotion des jeunes talents fait-elle partie de vos missions ?

Nous ne programmons que des artistes avec lesquels nous avons de réelles affinités et qui partagent le projet du festival. Certains sont déjà bien identifiés par le public, d’autres moins. Quoi qu’il en soit, ils font rapidement la connaissance du public car nous aimons les recevoir plusieurs fois dans le festival ou leur offrir un rebond en cours de saison au Théâtre de l’Usine. C’est ce qui fait que le lieu comme la programmation sont habités par les interprètes ! Les propositions viennent tout autant des artistes que de l’équipe du festival. Et la programmation est le reflet de ce dialogue. Cette année, nous présentons également le travail du flamand Tom Goossens avec la DESCHONECOMPANIE car il est important de porter son regard sur ce qui se passe artistiquement au-delà de nos frontières ; l’émergence est partout !

La filière lyrique connaît une période de stress sans précédent entre l’interruption imposée par la pandémie, l’explosion des coûts énergétiques, la frilosité du public à revenir dans les salles. Comment répondez-vous à tous ces enjeux ?

Vous évoquez le stress des institutions ; c’est le travail des professionnels du spectacle. Mais il y a aussi un stress du public qui vit dans cet état de crise permanente – environnementale, économique, sociale. Nous y répondons avec des propositions généreuses, fédératrices, réjouissantes… Un festival est une fête ! Mais nous ne sommes pas là pour agiter le souvenir d’un paradis perdu. Les artistes parlent depuis leur époque. C’est vrai par exemple avec Artefacts, projet musical et scénique porté par l’ensemble La Main harmonique dans lequel une comédienne adolescente se mêle aux musiciens pour faire le récit du présent et interroger le futur. Je peux également citer le projet de création lyrique du Coq Maurice de Pascal Zavaro, qui conte le destin du célèbre volatile de l’île de Ré dont la renommée – internationale ! – témoigne d’une mutation des rapports géographiques et sociaux à travers une histoire légère et drôle.

LA TRAGÉDIE DE CARMEN - Peter Brook, Jean-Claude Carrière & Marius Constant

L'Estive Scène Nationale

Quels sont vos coups de cœur pour cette édition ?

Que répondre ? Car derrière chaque proposition, il y a une envie, une intuition, et j’attends avec le même enthousiasme La Tragédie de Carmen de Peter Brook donnée au château de Castelnau que Les Noces, une comédie de rue imaginée par Samira Sedira et Jeanne Desoubeaux, avec seulement trois interprètes ! Je vous donnerai ma réponse après la clôture du festival, car je sais qu’il y aura des surprises.

Pour voir l’intégralité de la programmation et réserver vos places, rendez-vous sur le site du festival.

La playlist officielle du festival est disponible sur Qobuz.

Saint-Céré 2023
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