Chaque mois, la rédaction de Qobuz repère pour vous les sorties à ne pas manquer, dans tous les genres.

CLASSIQUE (Pierre Lamy)

On entame le mois de mai en trombe avec un Qobuzissime pour la violoniste María Dueñas et son album Beethoven and Beyond. Ne manquez pas surtout pas la dernière sortie d’Alia Vox, le label de la star du baroque qu’on ne présente plus, Jordi Savall. Toutefois; ce n’est pas dans la musique ancienne qu’il s’illustre ici, mais dans un renversant Requiem de Mozart, que Savall réenregistre trente ans après sa première version. Chez Sony Classical, Christian Gerhaher nous gratifie d’un Lied von der Erde (Le Chant de la Terre) de Mahler des plus réjouissants. Un gros coup de cœur de la rédaction à prévoir le 19 mai : tout d’abord Reminiscence, le premier récital pour piano du nouveau prodige Simon Bürki, qui se révèle un brillantissime interprète de Rachmaninov. Enfin, on nous dit dans l’oreillette qu’un autre Qobuzissime classique pointe le bout de son nez vers la fin du mois… A suivre !

MUSIQUES ELECTRONIQUES (Smaël Bouaici)

Au rayon musiques électroniques, la grosse sortie du mois, c’est The Rat Road qui signe le retour de SBTRKT. L’artiste britannique tombe le masque sept ans après son dernier disque Save Yourself et s’entoure de Little Dragon, Toro Y Moi et le fidèle Sampha. L’autre événement du mois, c’est le nouvel album du pionnier de la techno française, Laurent Garnier, qui n’avait plus sorti de long format depuis 2015. Avec 33 Tours et puis s’en vont, dont la sortie est prévue le 26 mai, il annonce un album très orienté dancefloor, comme un exutoire du confinement. KAYTRAMINÉ, vous connaissez ? C’est l’alliance du producteur canadien KAYTRANADA et du rappeur américain Animé. Leur summer hit 4EVA avec Pharrell Williams est déjà sur toutes les hanches et l’album arrive le 12 mai.

A guetter aussi ce mois-ci, le nouvel album de Moby, parti fouiller dans ses archives pour le projet Resound NYC, la réédition de Random Access Memories pour les 10 ans du dernier album de Daft Punk. Et fin avril, il ne fallait pas louper le nouveau Jessie Ware, That! Feels Good! , et le 17e (!) album du combo pionnier de la musique électronique anglaise The Orb, Prism.

CHANSON FRANÇAISE (Nicolas Magenham)

L’événement du mois est sans conteste la sortie du nouvel album d’Etienne Daho le 12 mai. Entre lyrisme orchestral, musique électronique et une pincée de soul, Tirer la nuit sur les étoiles comprend un casting 4 étoiles avec Vanessa Paradis, Calypso Valois, Yan Wagner ou encore Doriand. Un autre nom familier de la pop française des années 1980 sera à l’honneur en ce mois de mai puisque Jean-Louis Murat sortira un Best-of comprenant 20 chansons emblématiques de sa longue carrière, depuis son duo avec Mylène Farmer (Regrets) jusqu’au plus récent J’ai fréquenté la beauté. Pour les plus fervents, un Best of Deluxe sortira le même jour.

Parmi les jeunes pousses de la chanson française, citons deux sorties qui feront certainement parler d’elles. Ancienne danseuse classique, Buridane publie Colette Fantôme le 12 mai. Ses compositions, qui vont du folk à la pop en passant par le swing et une touche reggae, n’est pas sans évoquer l’univers d’Alexis HK. Dans un style nettement plus électronique, Kalika sort Adieu les monstres le 5 mai. Dans ce premier album à la production chiadée, la chanteuse s’interroge sur le passage de l’enfance au monde adulte et invite Yelle sur un morceau (Les Glaçons). Enfin, puisque le Festival de Cannes fait rimer le mois de mai avec cinéma, évoquons une bande originale composée par deux frères talentueux que nous ne manquons jamais de célébrer chez Qobuz, les Français d’origine ukrainienne Evgueni et Sacha Galpérine. Accompagnés pour l’occasion par le jeune violoniste russe Ilia Zelitchonok, ils ont conçu un climat à la fois étrange et effrayant pour le film La Gravité de Cédric Ido, qui plonge une cité dans une ambiance SF.

WORLD (Stéphane Deschamps)

Le nouvel album de Tinariwen aurait presque pu être rangé dans la rubrique country (voir plus bas). Dès le premier morceau, on y entend des galops de banjo, et plus loin du violon ou de la pedal-steel jouée par le producteur Daniel Lanois. Le vénérable groupe touareg n’a jamais caché ses liens avec les musiques folk (et rock) américaines, encore plus présentes sur l’hypnotique Amatssou. Du côté de Fatoumata Diawara et Blick Bassy, les apports de la musique occidentale sont tout aussi assumés et réussis. Sur le cool et groovy London Ko, la première poursuit sa quête d’un mix entre rythmes maliens et arrangements électro-pop. Sur Mádibá, un cinquième album au propos écologiste, Blick Bassy tisse une soul électro aussi délicate que puissante, dont la source d’inspiration se trouve toujours au Cameroun. L’esprit de Marvin Gaye rôde sur ce disque… Autre ambiance avec le pétulant nouvel album du légendaire chanteur guitariste Eliades Ochoa, l’un des rares survivants du Buena Vista Social Club – et bien vivant.

REGGAE (Smaël Bouaici)

En ce mois de mai, c’est l’Italien Alborosie qui fait l’actu dans le monde du reggae avec la sortie de son nouvel album Destiny, avec des invités de poids comme Buju Banton et Kabaka Pyramid, tout juste auréolé de son Grammy. Un premier single est déjà sorti, Viral. A guetter aussi en fin de mois, la sortie du nouveau projet du soundsystem de Glasgow Mungo’s Hi Fi, qui va comme d’habitude inviter les meilleurs MC d’Europe, dont le Breton Pupa Jim sur le single du même nom. La série acoustique Inna De Yard fait aussi son retour avec l’album Family Affair, qui continue de faire jammer les vétérans du roots jamaïcain en version unplugged. Enfin, le combo de Leeds Gentleman’s Dub Club sort un album riche en featuring avec notamment Hollie Cook et Eva Lazarus, deux des plus belles voix du reggae moderne.

BLUES/COUNTRY/FOLK (Stéphane Deschamps)

Le nouvel album de l’improbable Peter One aurait presque pu être rangé dans la rubrique world (voir plus haut). Dans les années 80, l’Ivoirien était LA star de la country et du folk en Afrique de l’Ouest. Après trente ans loin de la musique, installé à Nashville, il revient avec Come Back to Me, merveille d’americana veloutée, et aussi d’africana. Une autre forme de come-back pour Rodney Crowell : le songwriter country-folk boucle la boucle avec The Chicago Sessions, un album qui ressemble à son premier de 1978. La production est signée Jeff Tweedy (Wilco) et c’est toujours un gage de qualité et d’élégance. Autre valeur sûre, le bon vieux Marty Stuart revient avec un album de country-rock traditionnel efficace. La pochette d’Altitude rappelle le classique Sweetheart of the Rodeo des Byrds, et la musique aussi.

Place aux (plus) jeunes et au blues-rock, avec le duo Samantha Fish & Jesse Dayton. Produit sale et funky par Jon Spencer, leur Death Wish Blues sent bon la bière et le barbecue. Ça tombe bien, la saison commence.

ROCK & ALTERNATIF (Charlotte Saintoin)

Beaucoup de belles sorties entre les ponts. Ce 5 mai d’abord, avec les Lemon Twigs, passés chez Captured Tracks. Les frères surdoués de Long Island plongent dans les harmonies sixties et seventies des grands duos avec Everything Is Harmony, inspiré des Everly Brothers, des Beach Boys ou d’Arthur Russell. La pépite du mois ! Un doublé Qobuzissime ensuite. Le 12, pour le premier album du multi-instrumentiste James Ellis Ford, moitié du duo électro Simian Mobile Disco, parti en solo dans l’expérimental, et le 19, pour celui du duo de charme réunissant Paul Simonon des Clash et la chanteuse d’origine grecque Galen Ayers. On retrouve la semaine suivante le génial songwriter texan Kevin Morby pour More Photographs (A Continuum), suite logique donnée de son précédent disque, dont il revisite trois morceaux. Le génie de l’indie Sufjan Stevens s’associe avec les pianistes Timo Andres et Conor Hanick pour Reflections, version studio en sept mouvements d’une commande réalisée pour un ballet de Justin Peck en 2019. Tout à l’opposé, côté garage rock australien tendance psyché-punk, on ne manquera pas le retour des turbulents Murlocs d’Ambrose Kenny-Smith avec Calm Ya Farm, toujours chez ATO Records.

JAZZ (Stéphane Ollivier)

Ce mois de mai débute « dans la tradition » avec le retour sur Blue Note d’une formule renouvelée du groupe féminin mis sur pied par la pianiste Renee Rosnes sous le nom d’Artemis avec une musique toujours aussi sophistiquée et séduisante (In Real Time). Dans un registre beaucoup plus minimaliste, en duo avec le chanteur et percussionniste Abraham Rodriguez Jr., le contrebassiste Avishai Cohen publie avec Iroko un disque gorgé de grooves célébrant ses amours multiformes pour les musiques latines. Pour ECM, le grand saxophoniste ténor Joe Lovano livre avec Our Daily Bread le deuxième opus de son trio expérimental Trio Tapestry en une musique à la fois lyrique et atmosphérique tandis que le guitariste norvégien Jacob Young signe avec Eventually son premier disque dans l’exigeante formule du trio.

Le duo est à l’honneur dans des registres très différents : la chanteuse américaine Gretchen Parlato poursuit dans Lean In une conversation musicale entamée de longue date avec le guitariste et chanteur béninois Lionel Loueké ; le saxophoniste Émile Parisien et le pianiste Roberto Negro s’engagent avec leurs Métanuits dans une ambitieuse et périlleuse relecture des Métamorphoses nocturnes, le premier quatuor à cordes de Ligeti ; et en un geste assez similaire, les pianistes Sylvie Courvoisier et Cory Smythe affrontent la partition originale du Sacre du printemps de Stravinsky pour mieux s’en dégager (The Rite of Spring – Spectre d’un songe). Le pianiste et compositeur londonien Ashley Henry présente avec My Voice le dernier état des lieux de ses expérimentations soniques aux confins de la soul et de la scène électronique. Le guitariste américain Dan Wilson offre avec Things Eternal une nouvelle déclinaison de son jazz funky et élégant actualisant les héritages de Wes Montgomery et George Benson. Enfin, la chanteuse canadienne Laila Biali revisite dans Your Requests les grands standards.

RAP (Brice Miclet)

Si le rap francophone a connu une petite période de torpeur avant de se reprendre en mai, le rap américain, lui, n’a pas faibli d’un poil. Les mastodontes sont encore taiseux, mais pas de panique : la scène boom bap moderne est en pleine effervescence avec la sortie de l’album commun de Billy Woods et Kenny Segal. Deux pontes, deux extrémités des Etats-Unis et deux approches du rap qui se télescopent brillamment sur l’album Maps. Beats cabossés, flows limpides, influences jazz et abstract… On frôle l’excellence. IDK, lui, continue son exploration mélodique sur l’album F65, un aréopage de 22 titres où les pianos distordus côtoient une voix parfois gravement susurrée. Une belle expérience sonore que ne renierait pas Conway The Machine, éminent membre du collectif Griselda, ultra-productif, qui ne ralentit pas la cadence avec son nouvel album, Won’t He Do It. Cette fois, le natif de Buffalo va à l’essentiel pour une efficacité intacte comme en atteste le titre Flesh of My Flesh, aux inspirations blaxploitation.

En France, le beatmaker NxxxxxS, issu de la scène SoundCloud, sort un album sinueux, Short Term Agreement, influencé par les musiques électroniques anglaises. Un véritable album de producteur qui tranche avec le nouveau single d’Hatik, amnezia, sensuel et forgé dans les sonorités nigérianes. Le rappeur des Yvelines prépare la sortie très attendue de son deuxième album officiel, niyya, qui devrait être une des sensations rap français de l’année.

ROCK/METAL (Maxime Archambaud)

L’ovni Rites of Percussion du batteur Dave Lombardo sera la première surprise de mai 2023. Premier projet solo de l’ancien boulanger de Slayer, celui-ci nous fait voyager à travers des dizaines d’ambiances et approches de la batterie. Surprenant mais aussi accessible. Les Deathstars reviennent également avec le plus pop (mais pas trop) Everything Destroys You. Le 19 mai sera le gros jour du mois avec l’EP Phantomime de Ghost, qui voit Papa Emeritus reprendre Tina Turner, Television, Iron Maiden, les Stranglers et Genesis. Def Leppard, eux, revisitent leur catalogue en mode symphonique avec Drastic Symphonies. Sleep Token sortira son troisième album, Take Me Back to Eden aussi à cette date. Enfin, il y aura Yes, ou plutôt ce qu’il en reste, également de retour le 19 mai avec l’intriguant Mirror to the Sky.

Elegant Weapons, side project de Richie Faulkner (Judas Priest), sortira son premier album, Horns for a Halo, le 26 mai. Vous pourrez aussi retrouver Mass Hysteria et son Tenace à cette date. Enfin, on termine avec l’incroyable 16 d’Einar Solberg, chanteur de Leprous, pour son premier album solo.

Playlists