Le label néerlandais fête son quart de siècle avec la réédition du fameux concert Roadrunner United, qui a réuni en 2005 un véritable all star game du metal.

Fondé aux Pays-Bas par Cees Wessels en 1980, Roadrunner Records est un nom qui résonne encore aujourd’hui dans les oreilles de milliers de fans de metal. Ce label aux ambitions initiales modestes – il se chargeait principalement d’importer des sorties américaines en Europe – a connu un essor fulgurant à la fin de cette décennie bénie des dieux pour le « hard », avant de monter en puissance durant les 90′s, qui voient pourtant le genre mis à mal par le tsunami grunge.

Relogé à New York, le quartier général de Roadrunner embauche un directeur artistique qui devient la clé de sa réussite : Monte Conner. Non content de soigner les artistes déjà dans la place (Sepultura, King Diamond, Annihilator…), il se révèle vite un redoutable découvreur de talents et lâche sur la planète des formations qui ne tardent pas à décrocher le jackpot, parmi lesquelles Type O Negative, Machine Head, et bien évidemment Slipknot, dont le coup d’essai sorti de nulle part devient le premier album de platine punaisé au palmarès de la maison de disques. Un véritable tour de force dans une période où le metal est en pleine reconstruction.

Un concert pharaonique

Afin de célébrer son 25e anniversaire, le label met en place en 2005 le projet pharaonique Roadrunner United dont le principe semble fou : réunir sur un double album 57 artistes issus de 49 groupes de son catalogue et leur faire enregistrer 18 compositions originales. Une gageure logistique sans pareille. Pour ce faire, quatre « capitaines d’équipe » chargés d’écrire les musiques sont choisis par Conner : Joey Jordison (Slipknot), Matt Heafy (Trivium), Rob Flynn (Machine Head) et Dino Cazares (Fear Factory), et les différents chanteurs qui se relaient derrière les micros se chargent de déclamer leurs textes. L’entreprise, pourtant risquée (plus le casting est prestigieux, plus les attentes sont démesurées), est un joli succès artistique qui parvient à mêler les différentes sous-chapelles de la scène metal, et éviter la chausse-trappe du gigantesque collage pour livrer un tout cohérent. Dans la foulée, un concert évènement est organisé avec la majeure partie du casting studio, et immortalisé dans un DVD.

roadrunner leaders 3
Joey Jordison (Slipknot), Matt Heafy (Trivium), Rob Flynn (Machine Head) et Dino Cazares (Fear Factory) © Roadrunner

Absorbé par le géant Warner cinq ans plus tard, Roadrunner voit ses budgets réduits de manière drastique, ce qui le contraint à capitaliser davantage sur son back catalogue, riche de centaines de références devenues cultes, que sur la découverte pure dont il était pourtant un spécialiste émérite. Plusieurs antennes de par le monde (dont un bureau parisien) relaient son travail à l’étranger. Avec une petite quinzaine de groupes actuellement sous son égide (parmi lesquels les Français de Gojira, mais aussi Trivium, Corey Taylor ou encore Turnstile), le label n’est plus au faîte de sa gloire mais peut s’enorgueillir d’avoir porté à bout de bras un nombre sidérant de stars de la scène metal actuelle.

Roadrunner United - The End Complete (Live at the Nokia Theatre, New York, NY, 12/15/2005)

Roadrunner Records