Proche de Brian Eno, l'influent trompettiste américain au style totalement ovni s'est éteint à l'âge de 84 ans...

S’il n’était pas le trompettiste le plus connu du grand public, Jon Hassell fut sans conteste l’un des plus influents de sa génération. Élève de Stockhausen à Darmstadt, l’Américain qui vient de mourir le 26 juin 2021 était surtout totalement original. Un insatiable expérimentateur attiré par le minimalisme et le mystique qui n’aura cessé de slalomer entre les genres. Jazz, world, new age, ambient ou rock, la trompette d’Hassell a aussi bien croisé les routes des cadors du minimalisme tels que Terry Riley (il joue sur son mythique In C de 1964) et LaMonte Young qu’un maître du chant ragga indien comme Prân Nath, sans oublier de nombreux acteurs de la planète rock (David Sylvian, Peter Gabriel, Lloyd Cole, Tears For Fears, Ry Cooder, Jackson Browne, Stina Nordenstam, Ani DiFranco…).

The Jon Hassell Concert Group Live 9-16-'89

Trio Nova Music

Comme tout trompettiste, Jon Hassell fut évidemment chamboulé par Miles Davis à qui il empruntera notamment la gestion de l’espace et des silences. Si son premier album, le magique Vernal Equinox paru en 1977, dessine déjà les contours d’une musique hors-la-loi et inclassable, beaucoup le découvrent trois ans plus tard, avec Fourth World, Vol. 1: Possible Musics, conçu avec Brian Eno. Un sommet de fusion entre musiques ethniques et expérimentations électroniques tellement novateur qu’on ne peut le dater ou le rattacher à un genre précis.

La même année, ce même Eno embarque aussi Hassell sur le chef d’œuvre des Talking Heads, Remain in Light… Sans faire de bruits, Jon Hassell passera sa carrière à creuser son sillon bien à lui. À peaufiner ce son reconnaissable entre mille et à entretenir ce no man’s land stylistique méditatif et simplement beau.

" Last Night The Moon Came" Jon Hassell

Miguel Octave

Au cœur de l’été 2020, il avait donné de ses nouvelles à tout de même 83 ans avec l’album Seeing Through Sound. Sur cette suite du premier volume de Pentimento sorti deux ans plus tôt, Jon Hassell dévoilait huit pièces cinématographiques dédiées à Fellini. Des thèmes à regarder avec les oreilles. Comme un film synesthésique qui défile dans la tête, mêlant œuvre méditative, pièce minimaliste et séquence de piano leste et de violon céleste. Une nouvelle merveille apatride et intemporelle qui lui ressemblait plus que jamais…

Jon Hassell Live on KCRW

KCRW