Brian Eno
Il n’y a qu’un seul Brian Eno sur terre. Qu’un seul artiste comme Brian Eno surtout… Le Britannique peut en effet se targuer d’être l’un des rares à être entré dans l’histoire comme musicien et comme producteur. Mieux encore, Eno a traversé les décennies, les genres, les modes en réussissant à se réinventer sans cesse.
C’est d’abord l’attirance pour une certaine avant-garde qui le pousse vers la musique. Fasciné par des compositeurs comme John Cage, John Tilbury et Steve Reich et par tous les aspects technologiques de la musique, il débute sa carrière aux côtés de Bryan Ferry qui l’embarque dans l’aventure Roxy Music en 1971. Au sein de ce groupe majeur de la scène glam, il prend progressivement de plus en plus de place. D’un côté un flamboyant crooner rock décadent. Face à lui, des fanatiques d’expériences osées. For Your Pleasure, le deuxième opus de Roxy paru en 1973, est le clash parfait entre ce dandy Ferry et ce terroriste sonore qu’est Brian Eno. La même année, Eno quitte le navire Roxy Music pour voguer en solo. En 1972 déjà, il avait travaillé avec un autre savant fou d’outre-Manche, Robert Fripp, guitariste de King Crimson, sur No Pussyfooting.
Mais en 1974, Brian Eno impose enfin son nom avec un premier album, l’épatant Here Come The Warm Jets, sublime traité de glam rock où ses talents de compositeur brillent de mille feux. Un chef d’œuvre suivi par deux autres disques tout aussi majeur et d’essence rock : Taking Tiger Mountain en 1974 et Another Green World en 1975. Cette même année, Eno remet le couvert avec Fripp avec l’album Evening Star et participe même à The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis. En 1974, il avait inauguré son travail de producteur pour l’album Fear de John Cale…
Paru fin 1975, Discreet Music est un vrai tournant esthétique et l’entrée d’Eno dans sa phase ambient. Un quatrième album solo planant et quasi-new age dont la philosophie sera plus affine en 1978 sur Ambient 1: Music For Airports. Eno travaille alors avec Conny Plank, qui a œuvré aux côtés de Kraftwerk, Neu! Et autres Cluster. L'ex Soft Machine Robert Wyatt est même au piano. Sur Ambient 1: Music For Airports, Eno conçoit quatre plages de plus de dix minutes chacune de musique instrumentale, comme la fausse B.O. d’un faux film, de belles errances climatiques d’une sensualité étonnante et qui préfigurent ce vers quoi la musique électronique tendra quelques années plus tard avec l’ambient et la techno… Après ce virginal Music For Airports, il poursuivra ses introspections dans les méandres climatiques de son cerveau de chercheur de sons avec Music For Films qui paraitra en 1978. Toujours aussi planants comme ceux de son prédécesseur, les thèmes de ce disque new age sont cette fois assez courts (de une à trois minutes) et accouchent de motifs plus développés à l’instrumentation nettement plus dense. Une grande messe à laquelle il a convié Fripp mais aussi John Cale, Fred Frith et Phil Collins. Eno conserve tout de même un pied dans la pop comme le prouvera l’année d’avant Before And After Science.
A cette époque, Brian Eno met en branle ses dons de producteurs. En 1977, il est derrière la cultissime compilation No New York, instantané parfait de la scène no wave. Mais surtout, de 1977 à 1979, il travaille sur Low, Heroes et Lodger, la fameuse trilogie berlinoise de David Bowie. A la même période, il entamme sa collaboration avec les Talking Heads sur leurs albums More Songs about Buildings and Food en 1978, Fear Of Music en 1979 et Remain In Light en 1980. En cette même année 1980, il signe également avec le leader de ces mêmes Talking Heads, David Byrne, un disque fascinant mêlant pop, musique ethnique et sampling : My Life In The Bush Of Ghosts.
A compter de 1984, le nom de Brian Eno est indissociable de celui de U2. Le Britannique entamme en effet une longue collaboration avec la bande à Bono dont il produit The Unforgettable Fire, The Joshua Tree, Achtung Baby, Zooropa, All That You Can't Leave Behind et No Line On The Horizon. D’autres artistes lui confieront des productions : le groupe James, Geoffrey Oryema, Laurie Anderson, Baaba Maal, Sinéad O'Connor, Jon Hassell, Coldplay, Grace Jones, Seun Kuti, ou bien encore James Blake. En 1995, il retrouve même Bowie pour son album Outside.
Des très nombreux disques que Brian Eno enregistrera durant les années 1990 et 2000 on remarquera une intrigante collaboration avec Karl Hyde du groupe Underworld en 2014. Deux ans plus tard, il publie The Ship. Avec ce disque de 2016 qui renoue avec l’esprit de Ambient 1: Music For Airports et Music For Films, le Britannique alors âgé de 67 ans dit être inspiré par la Première Guerre Mondiale et le naufrage du Titanic. Une première composition de plus de 21 minutes ouvre cet ovni de manière fascinante. Baptisée The Ship, elle offre une captivante sensation d’enlisement (de naufrage ?) au ralenti, comme pris au piège dans les filets d’une électro new age on ne peut plus habitée. La seconde partie du disque est un triptyque intitulé Fickle Sun à la fin duquel Eno reprend I'm Set Free du Velvet Underground dans une version évidemment fantomatique au possible. On sort de ce trip, totalement unique et singulier, comme hypnotisé. Et en bon pape de l’ambient, Brian Eno montre qu’il sait orchestrer, plus que quiconque, ces petites symphonies d’apparence creuses mais au bout du compte d’une grande richesse sensorielle. Le nouveau coup de maître d’un artiste toujours inspiré quoi qu’il fasse… © MZ/Qobuz
Lire aussiIl n’y a qu’un seul Brian Eno sur terre. Qu’un seul artiste comme Brian Eno surtout… Le Britannique peut en effet se targuer d’être l’un des rares à être entré dans l’histoire comme musicien et comme producteur. Mieux encore, Eno a traversé les décennies, les genres, les modes en réussissant à se réinventer sans cesse.
C’est d’abord l’attirance pour une certaine avant-garde qui le pousse vers la musique. Fasciné par des compositeurs comme John Cage, John Tilbury et Steve Reich et par tous les aspects technologiques de la musique, il débute sa carrière aux côtés de Bryan Ferry qui l’embarque dans l’aventure Roxy Music en 1971. Au sein de ce groupe majeur de la scène glam, il prend progressivement de plus en plus de place. D’un côté un flamboyant crooner rock décadent. Face à lui, des fanatiques d’expériences osées. For Your Pleasure, le deuxième opus de Roxy paru en 1973, est le clash parfait entre ce dandy Ferry et ce terroriste sonore qu’est Brian Eno. La même année, Eno quitte le navire Roxy Music pour voguer en solo. En 1972 déjà, il avait travaillé avec un autre savant fou d’outre-Manche, Robert Fripp, guitariste de King Crimson, sur No Pussyfooting.
Mais en 1974, Brian Eno impose enfin son nom avec un premier album, l’épatant Here Come The Warm Jets, sublime traité de glam rock où ses talents de compositeur brillent de mille feux. Un chef d’œuvre suivi par deux autres disques tout aussi majeur et d’essence rock : Taking Tiger Mountain en 1974 et Another Green World en 1975. Cette même année, Eno remet le couvert avec Fripp avec l’album Evening Star et participe même à The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis. En 1974, il avait inauguré son travail de producteur pour l’album Fear de John Cale…
Paru fin 1975, Discreet Music est un vrai tournant esthétique et l’entrée d’Eno dans sa phase ambient. Un quatrième album solo planant et quasi-new age dont la philosophie sera plus affine en 1978 sur Ambient 1: Music For Airports. Eno travaille alors avec Conny Plank, qui a œuvré aux côtés de Kraftwerk, Neu! Et autres Cluster. L'ex Soft Machine Robert Wyatt est même au piano. Sur Ambient 1: Music For Airports, Eno conçoit quatre plages de plus de dix minutes chacune de musique instrumentale, comme la fausse B.O. d’un faux film, de belles errances climatiques d’une sensualité étonnante et qui préfigurent ce vers quoi la musique électronique tendra quelques années plus tard avec l’ambient et la techno… Après ce virginal Music For Airports, il poursuivra ses introspections dans les méandres climatiques de son cerveau de chercheur de sons avec Music For Films qui paraitra en 1978. Toujours aussi planants comme ceux de son prédécesseur, les thèmes de ce disque new age sont cette fois assez courts (de une à trois minutes) et accouchent de motifs plus développés à l’instrumentation nettement plus dense. Une grande messe à laquelle il a convié Fripp mais aussi John Cale, Fred Frith et Phil Collins. Eno conserve tout de même un pied dans la pop comme le prouvera l’année d’avant Before And After Science.
A cette époque, Brian Eno met en branle ses dons de producteurs. En 1977, il est derrière la cultissime compilation No New York, instantané parfait de la scène no wave. Mais surtout, de 1977 à 1979, il travaille sur Low, Heroes et Lodger, la fameuse trilogie berlinoise de David Bowie. A la même période, il entamme sa collaboration avec les Talking Heads sur leurs albums More Songs about Buildings and Food en 1978, Fear Of Music en 1979 et Remain In Light en 1980. En cette même année 1980, il signe également avec le leader de ces mêmes Talking Heads, David Byrne, un disque fascinant mêlant pop, musique ethnique et sampling : My Life In The Bush Of Ghosts.
A compter de 1984, le nom de Brian Eno est indissociable de celui de U2. Le Britannique entamme en effet une longue collaboration avec la bande à Bono dont il produit The Unforgettable Fire, The Joshua Tree, Achtung Baby, Zooropa, All That You Can't Leave Behind et No Line On The Horizon. D’autres artistes lui confieront des productions : le groupe James, Geoffrey Oryema, Laurie Anderson, Baaba Maal, Sinéad O'Connor, Jon Hassell, Coldplay, Grace Jones, Seun Kuti, ou bien encore James Blake. En 1995, il retrouve même Bowie pour son album Outside.
Des très nombreux disques que Brian Eno enregistrera durant les années 1990 et 2000 on remarquera une intrigante collaboration avec Karl Hyde du groupe Underworld en 2014. Deux ans plus tard, il publie The Ship. Avec ce disque de 2016 qui renoue avec l’esprit de Ambient 1: Music For Airports et Music For Films, le Britannique alors âgé de 67 ans dit être inspiré par la Première Guerre Mondiale et le naufrage du Titanic. Une première composition de plus de 21 minutes ouvre cet ovni de manière fascinante. Baptisée The Ship, elle offre une captivante sensation d’enlisement (de naufrage ?) au ralenti, comme pris au piège dans les filets d’une électro new age on ne peut plus habitée. La seconde partie du disque est un triptyque intitulé Fickle Sun à la fin duquel Eno reprend I'm Set Free du Velvet Underground dans une version évidemment fantomatique au possible. On sort de ce trip, totalement unique et singulier, comme hypnotisé. Et en bon pape de l’ambient, Brian Eno montre qu’il sait orchestrer, plus que quiconque, ces petites symphonies d’apparence creuses mais au bout du compte d’une grande richesse sensorielle. Le nouveau coup de maître d’un artiste toujours inspiré quoi qu’il fasse… © MZ/Qobuz
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