Depuis quelque temps certains amplificateurs pour casque disposent d'amplifications pontées pour chaque transducteur afin de délivrer plus de puissance pour les casques exigeants sur ce point. Avec son modèle Pro iCAN, le constructeur anglais iFi Audio propose un amplificateur entièrement symétrique où puissance et connectique sont au superlatif, cette dernière couvrant tout ce qui existe dans ce domaine pour un casque.

Les réalisations du constructeur britannique iFi Audio ont à plusieurs reprises été l’objet de bancs d’essai Qobuz et se sont vues la plupart du temps récompensées par un Qobuzissime, aussi, quand Elite Diffusion, l’importateur français de la marque, nous a proposé de nous prêter le nouvel amplificateur pour casque de la marque, le Pro iCAN, étions-nous fort curieux de voir ce qu’allait nous réserver cet appareil annonçant des possibilités et des performances rarement rencontrées et dont le design très pro collait parfaitement à son appellation et changeait pour le moins de celui des autres références de la marque.

A ce design très pro s’ajoutent une connectique permettant de brancher tout ce que l’on peut imaginer comme type de casque, classique ou symétrique (alimentation de chaque transducteur par un pont d’amplificateurs) et même électrostatique, les cordons de ceux-ci pouvant se terminer par plusieurs types de connecteur (Jack 3,5 mm stéréo ou quatre points, Jack 6,35 mm, XLR quatre broches), ainsi que la possibilité de renforcer le registre grave suivant trois courbes ou encore d’écouter avec trois effets de spatialisation différents, ces traitements du signal étant également disponibles sur les sorties pré amplifiées (asymétriques et symétriques) équipant cet amplificateur Pro iCAN.

Une telle pléthore de possibilités hors du commun ne pouvait se satisfaire d’une puissance courante, aussi cet amplificateur entièrement symétrique de l’entrée à la sortie et doté d’étages de sortie transistorisés et à tubes (fonctionnement au choix) est-il en mesure de délivrer 14.000 mW (14 W) sur 16 Ω en mode ponté, c’est-à-dire que c’est une puissance qui pourrait sans problème faire fonctionner des enceintes acoustiques.

Qu’allaient donc donner sur le terrain de la restitution sonore toutes ces caractéristiques extraordinaires ? Vous le découvrirez dans le dernier paragraphe de ce banc d’essai.

Présentation

Indéniablement, l'amplificateur pour casque Pro iCAN n'a pas usurpé son appellation avec une face avant faisant la part belle aux prises, aux boutons et commutateurs de réglage et aux inverseurs. L'ensemble, qui a de l'allure, est entièrement réalisé en aluminium anodisé vieil argent et le coffret présente des ondulations sur trois de ses faces tandis qu'un petit hublot placé sur la face supérieure permet d'apercevoir le rougeoiement de l'un des tubes.

Un gros bouton situé à l'extrémité gauche de la façade permet de choisir entre quatre sources analogiques (trois asymétriques et une symétrique), le logo ifi Pro prenant place en haut sur sa gauche. Ce logo, rétro éclairé, indique, selon la couleur, le mode de fonctionnement de l'amplificateur, voire une surchauffe des tubes (éclairage rouge). Dans l'angle inférieur gauche de la façade, on trouve un discret bouton poussoir marche-arrêt.

Vient ensuite le sélecteur de la fonction de renforcement des graves XBass, disposant de quatre positions (désactivé, renforcement à partir de 10Hz, 20Hz ou 40Hz) et sous celui-ci un interrupteur à trois positions pour choisir le mode de fonctionnement de l'amplificateur, tout transistors (logo blanc bleuté), tubes et tubes plus (logo jaune dans les deux cas) où la contre-réaction est limitée afin que les tubes ajoutent des harmoniques au message musical (!).

On trouve ensuite pas moins de cinq prises casque positionnées sur deux rangées. Sur la rangée du bas, deux prises au standard Jack 3,5 mm, celle de gauche permettant le branchement d'un casque "normal" (avec trois fils), tandis que sur celle de droite on pourra brancher un casque fonctionnant en mode symétrique (alimentation de chaque transducteur par un pont d'amplificateurs) et équipé en conséquence d'une prise Jack 3,5 mm à quatre contacts (comme celle des écouteurs avec microphone, qu'il ne faut pas essayer de brancher ici !).

Parmi les trois prises du haut, celle du milieu est au standard XLR quatre points et on peut y brancher un casque symétrique équipé d'un cordon avec un connecteur mâle correspondant, ce que l'on peut se procurer maintenant sans trop de peine. Les deux prises situées de part et d'autre sont des modèles combinés XLR trois broches-Jack 6,35 mm (iFi SEC : Single-Ended Compatible).

Lorsqu'on utilise un casque symétrique munis d'une prise XLR trois contacts par transducteur, la prise de droite est utilisée pour véhiculer les signaux symétriques du canal droit, et celle de gauche ceux du canal gauche.

Celle de droite peut également fonctionner de manière classique en stéréo avec un casque muni d'une prise Jack 6,35 mm mâle stéréo donc, tout comme celle de gauche d'ailleurs, mais au prix d'une inversion de phase sur chaque canal.

Avec tout ça, on peut aussi profiter d'une restitution sonore holographique en choisissant parmi trois orientations différentes, et aussi choisir l'un des trois gains disponibles, OdB, +9 dB et +18 dB, et pour régler le volume aux petits oignons, rien de mieux qu'un potentiomètre Alps bien onctueux et motorisé, à côté du bouton duquel se trouve la récepteur de la télécommande.

Connectique arrière

Quatre entrées ligne stéréo sont disponibles, une sur prises XLR permettant de brancher une source délivrant des signaux symétriques, et trois autres sur Cinch pour des sources dont les signaux sont de type asymétrique. Deux sorties ligne stéréo sont également disponibles puisque le Pro iCAN fonctionne également en préamplificateur, une de type symétrique sur prises XLR et une de type asymétrique sur prises Cinch.

L'entrée de l'alimentation est bouclée sur la prise située à sa gauche afin de pouvoir alimenter un autre appareil et un connecteur spécifique permet de brancher le iFi Electrostatic Add-On Module afin de faire fonctionner un casque électrostatique.

Réalisation

Comme toujours chez iFi Audio, la réalisation est superbe et on découvre à l'ouverture du boîtier un grand circuit imprimé verni en rouge sur lequel est monté un autre circuit accueillant les alimentations.

Sous ce circuit se situent deux autres alimentations, symétriques et stabilisées par des transistors de types PZT2222 et PZT2907, ainsi que huit condensateurs de filtrage de 1000 μF/25V et deux autres de 100 μF/50V.

Parmi cette partie de l'équipement électronique qui prend place sur la face supérieure du circuit principal, on découvre le potentiomètre de volume motorisé Alps, un modèle à six voies dont quatre sont utilisées ici afin de régler indépendamment le volume sur chacun des quatre amplificateurs de la structure totalement symétrique.

Dans le prolongement de celui-ci se trouvent les deux tubes d'amplification General Electric 5760, et, sous ceux-ci, prennent place deux les transistors driver de type PZT2907 de ON Semiconducor.

Les deux dissipateurs semblables à ceux utilisés sur les cartes mères informatiques pour refroidir les processeurs que l'on peut voir sont utilisés pour refroidir les transistors se trouvant sur l'autre face et il sont plaqués à même le circuit imprimé sur une zone de cuivre plaquée or facilitant la conduction thermique. A côté de ces refroidisseurs, quatre condensateurs Elna Silmic II de 220 μF/16V spécialement conçus pour l'audio filtrent les alimentation des amplificateurs.

Des relais assurent les commutations des entrées ainsi que l'aiguillage des signaux amplifiés vers les connecteurs situés en façade et destinés au branchement des divers types de casque pouvant être utilisés.

La face inférieure du circuit accueille la partie "solid state" de l'amplificateur, c'est-à-dire tous les transistors et leurs composants passifs associés. C'est ainsi que l'on trouve des transistors complémentaires PTZ2222 et PTZ2907, entre autres pour les étages de puissance qui sont composés de deux fois cinq paires de ces transistors montés en parallèle et ce pour chaque canal. Tout ce petit monde bénéficie d'une implantation d'une très grande propreté.

Côté potentiomètre, c'est un circuit L9110S qui assure la rotation du moteur, et on trouve aussi un amplificateur opérationnel double de précision et à faible bruit Burr-Brown OPA1654. Dans l'angle supérieur gauche se trouve le micro contrôleur de gestion, un modèle Freescale M05R4VLF associé à trois quadruples driver de ligne Texas Instruments SN75188 ainsi qu'à un multiplexeur seize canaux HP4067.

Sur une grande partie du côté gauche se trouvent les composants, parmi lesquels de nombreux condensateurs à diélectrique plastique, fabriquant la tension de polarisation élevée pour un casque électrostatique et disponible sur le connecteur spécial de type HDMI situé à l'arrière du boîtier.

Ecoute

Avant un tel amplificateur pour casque bodybuildé comme ça, autant entrer dans le vif du sujet tout de suite en écoutant les titres North Star et Silent Space de l'album Tale Of Us particulièrement riches dans les basses fréquences et donc gourmands en énergie sur les amplificateurs.

Casque Oppo PM-3 sur les oreilles, amplificateur iCAN relié à la sortie ligne de notre Sony UDA-1 décodant des fichiers audio numériques depuis l'application Qobuz sur PC, tout effet sonore hors service et amplification du Pro iCAN réglée en tout transistors, ça cogne, même avec le gain sur +9dB, et à fond le niveau sonore est encore supportable. On baisse le volume, et sélecteur de gain de gain sur +18dB. On attend que le mute se désactive pour récupérer le son et on y va, on pousse le volume. Aïe, les protections entrent en service... On éteint le Pro iCAN et on le rallume. Allons-y plus doucement. A mi-volume, ça tient bon et nos oreilles aussi mais ça y va très fort, trop car les protections entrent encore en service. Re-arrêt et remise en marche et on reste au tiers du volume. Ca percute très fort et reste net, bref la qualité est là, et les protections sont efficaces.

Même essai avec l'amplification à tubes en position normale. On attend que les filaments aient chauffé au rouge pour pouvoir se faire arracher les électrons, le logo s'éclaire en jaune, on peut y aller ! On a laissé le gain sur +18dB et poussé un peu plus le volume, mais là encore les protections entrent en jeu. On met hors tension quelques instants et on on remet en marche en laissant le volume au tiers de sa course. Les graves sont aussi puissants qu'auparavant mais offrent un peu moins de fermeté, on les trouve même un peu empâtés sur le second titre, tandis que les quelques sons qui se situent en dehors des fréquences basses se montrent un peu plus lumineux.

Sur la position tubes +, on perd un peu en impact sur les graves de Northstar, c'est moins sec, et les sonorités plus hautes en fréquence sonnent un peu plus clair. La restitution de Silent Space confirme les impressions avec des graves qui sont un peu moins tendus.

En repassant en amplification tout transistors, en lecture avec Foobar2000 en mode ASIO, la restitution sonore de la Danse des Acrobates de Snegurochka de Tchaikovsky par Kristjan Järvi conduisant le MDR Leipzig Radio Symphony Orchestra (version 24 bits à 48 kHz) offre une belle vivacité et une bonne restitution des couleurs et si un peu plus d'aération du message sonore ne nous aurait pas déplu (avec notre Oppo PM-3, du moins), la restitution offre une certaine densité.

En passant en amplification lampe, tout en conservant sa vivacité et ses couleurs, le message sonore regagne en aération grâce à des graves moins appuyés, la situation évoluant encore en mode tubes + où la restitution se montre plus lumineuse, avec des cuivres rutilants, et fait ressortir avec acuité la moindre intervention du triangle.

Si l'on peut résumer, on dira plutôt, en ce qui nous concerne, transistors pour les musiques qui cognent dans le grave et plutôt tubes pour l'orchestre. Quant au XBass, il se montre efficace (comme on peut le voir sur les courbes que nous avons relevées), mais gonfle quand même le bas du spectre, surtout sur la position 40 Hz, ce qui est probablement intéressant avec un casque un peu léger dans ce registre, mais ne semble pas utile avec un modèle comme le Oppo PM-3, mais bon, comme on peut le mettre hors service.

Quant aux effets 3D, nous les avons trouvés, et ce quel que soit l'angle choisi, plutôt probants et ne diluant pas le message sonore comme cela peut arriver avec les processus usant de déphasages sur certaines bandes de fréquences.

Nous ne nous étendrons pas non plus sur les résultats sonores en mode ponté, qui, une fois ramenés à un niveau identique au mode non ponté, nous ont paru en tous points semblables à ceux obtenus dans ce mode.

Pour conclure, le iFi Pro iCAN est un amplificateur qui offre à peu près tout ce que peut désirer un amateur exigeant en termes de puissance ou de connectique et également désireux de profiter de divers types d'amplification, toutes offrant des qualités sonores différentes mais de qualité, le son pouvant être agrémenté ou non de renforcement des graves et (ou) d'effet de spatialisation, ces options étant aussi disponibles sur ses sorties pré amplifiées.

Caractéristiques techniques

Manuel d'utilisation (en anglais)

Site iFi Audio

Site Elite Diffusion (importateur)

Contact

***

Pour suivre tout ce qui se passe sur Qobuz, rejoignez-nous sur Facebook !

www.facebook.com/qobuz

Si vous êtes constructeur, importateur, distributeur ou acteur dans le domaine de la reproduction sonore et que vous souhaitez nous contacter, merci de le faire à l'adresse suivante : newstech@qobuz.com

Si vous êtes un passionné de la rubrique Hi-Fi Guide et que vous souhaitez nous contacter, faites-le uniquement à l'adresse suivante : rubriquehifi@qobuz.com