Sans doute dans un proche avenir serons-nous obligé de suivre des cours de mandarin afin de prononcer correctement le nom des marques chinoises dont nous testons les DAC tant celles-ci sont productives dans ce domaine. Nous serions d'ailleurs curieux de connaître le ratio entre les appareils issus de jeunes pousses chinoises et ceux proposés par les grandes marques occidentales ou asiatiques ayant de longue date pignon sur rue.

Effectivement, on est toujours quelque peu surpris, lorsqu'on clique sur "about us" sur le site d'une marque chinoise dont on va tester une réalisation, de constater que celle-ci affiche assez souvent moins de dix années d'existence.

Ainsi, Yulong Audio a été fondée en 2009 et son équipe est composée de connaisseurs avec une riche expérience dans l'appréciation des équipements audio.

La marque propose actuellement un petite quinzaine d'appareils. Parmi ceux-ci, trois convertisseurs numérique analogique, le Yulong Audio D200, objet de ce banc d'essai et version simplifiée du modèle supérieur, le Sabre DA8, celui-ci ayant aussi donné naissance à une version améliorée, le Yulong Audio D8. On trouve également plusieurs amplificateurs pour casque, certains fonctionnant en amplification symétrique, ainsi que quelques appareils plus atypiques.

Pour l'heure, intéressons-nous au travers de ce banc d'essai au D200 qui accepte les signaux audio numérique PCM jusque sur 32 bits à 384 kHz et aussi les signaux DSD64 et DSD128, dispose d'un amplificateur pour casque développé par la marque et peut délivrer les signaux ligne à niveau variable ou fixe en mode Pure DA, faisant contourner aux signaux certaines parties de l'électronique pour préserver leur pureté.

Présentation

Avec sa façade en aluminium brossé anodisé naturel de 6 mm d'épaisseur et son capot de la même matière anodisé noir et de 2 mm d'épaisseur, le DAC Yulong D200 a de quoi rassurer quant à sa solidité.

Sa présentation reste classique avec un affichage bleu à deux lignes situé dans la partie gauche de la façade, puis viennent trois touches, la première pour sélectionner l'entrée numérique, la seconde pour changer de filtre, et la troisième pour désactiver le circuit anti-jitter. Enfin, on trouve une prise casque au standard Jack 6,35 mm et le réglage de volume, par encodage optique avec pression centrale pour passer en mode pure DA où le volume et l'ampli casque sont contournés (bypass).

Connectique

Le D200 dispose de quatre entrées numériques, une USB B pour relier à un ordinateur, deux S/PDIF (coaxiale et optique), et une prise symétrique au standard professionnel AES/EBU. Quant aux signaux analogiques, ils sont disponibles en mode asymétrique sur prises Cinch et en mode symétrique sur prises XLR.

Réalisation

Hormis l'affichage et la gestion des commandes et du volume situés sur des circuits annexes montés le long de la façade, l'ensemble de l'électronique prend place sur un grand circuit occupant une bonne partie de l'intérieur du D200.

On remarquera la prise Jack massive offrant des contacts fermes et le transformateur toroïdal de l'alimentation enrobé dans de la résine.

Fait assez rare, Yulong Audio propose le synoptique du D200 que nous intégrons à ce banc d'essai. On remarquera les dix voies de régulation de l'alimentation dont nous n'avons pu isoler que neuf avec certitude, la dixième étant peut-être la régulation à transistor, composée de Q1 et de U23, à proximité de la puce de conversion.

Les divers enroulements du transformateur d'alimentation arrivent sur plusieurs ponts de diodes, dont deux moulés, sur la carte principale. On trouve à la suite de ces ponts redresseurs six condensateurs de filtrage de 2200 ?F/35V, des valeurs confortables.

On trouve également plusieurs régulateurs, dont trois sont en boîtiers TO220, en l'occurrence des MC7805, MC7815 et MC7915 (alimentations symétriques + ou - 15V de la partie analogique), et sont montés sur radiateur, et deux autres, un AS1117L12 (U19) et un 1117S33 (U18), respectivement de 1,2V et 3,3V, sont en boîtier à montage en surface.

L'interface USB est assurée par un processeur XMOS acceptant les signaux numériques PCM échantillonnés jusqu'à 384 kHz sur 32 bits et les signaux DSD et autour duquel on peut voir les différents quartz nécessaires à son fonctionnement. On peut également voir d'autres régulateurs de tension dont certains sont coiffés d'un petit radiateur.

Les signaux S/PDIF et AES/EBU sont isolés et adaptés en impédance par un transformateur de marque Pulse et sont ensuite pris en charge par un récepteur différentiel DS90LV de national Semiconductor.

La sélection, avant conversion numérique analogique, entre les signaux en provenance de la puce XMOS et ceux de l'une des entrées S/PDIF ou de l'entrée AES/EBU est réalisée par deux multiplexeurs 74VHC257 (partie inférieur droite de la photo).

La conversion numérique analogique est réalisée par une puce ESS ES9016S utilisant la technologie Hyperstream de ré-échantillonnage sur 32 bits des signaux audio numérique ainsi qu'un processus breveté de réduction du jitter.

Le filtrage après conversion est assuré par des filtres construits autour de performants amplificateurs opérationnels Analog Devices OP275 (U7 et U20). Ensuite, des étages de pré amplification utilisant des amplificateurs opérationnels différentiels à très hautes performances Burr-Brown OPA1632 attaquent les sorties sur prises XLR en mode symétrique, tandis que le signal non inversé va également sur les sorties asymétriques sur prises Cinch ainsi que sur l'amplificateur pour casque.

Le gain de cet amplificateur pour casque est fourni par un amplificateur opérationnel OP275 tandis que le courant est délivré par un étage de sortie faisant appel à des transistors complémentaires MJD243 et MJD253 polarisés en classe A.

Ecoute

Il y a certains albums qu'on aime bien écouter lorsqu'un DAC ne traite pas nativement les signaux, ce qui est le cas de ce Yulong D200. Parmi ces albums, le Concerto pour violon de Beethoven par Vera Beths accompagnée par l'ensemble Tafelmusik dirigé par Bruno Weil.

Cette interprétation sur instruments anciens se prête assez bien à mettre plus ou moins en évidence les colorations souvent apportées par les systèmes à conversion de taux d'échantillonnage qui ont tendance à enrichir le haut du spectre.

Mais là, ou nos oreilles nous ont joué des tours, ou le D200 voulait nous prouver qu'un appareil équipé d'une puce de conversion ESS pouvait ne pas en faire trop, si ce n'est pas du tout, ce qui semble bien être le cas ici.

C'est donc à une très belle restitution de ce Concerto pour Violon de Beethoven que nous avons eu droit de la part du Yulong D200, équilibrée, ample, chantante, et avec des timbres respectés, particulièrement ceux du violon solo. Précisons que nous étions passé en mode pure DA et sans activer le filtre ni désactiver le jitter eliminator (visiblement celui du processus Hyperstream ESS).

Ajoutons sur ces deux derniers points que si l'activation du filtre se manifeste par une très légère (vraiment très légère) atténuation de l'aigu, nous n'avons pas remarqué d'effet de la désactivation du jitter eliminator sur les résultats sonores, possibilité qu'évoque par ailleurs Yulong.

Ca se passe très bien aussi pour divers titres de l'album Chaleur humaine de Christine and the Queens qui sont restitués avec toute la densité qu'il faut à cette musique très prenante.

Avec le titre So long, Marianne extrait de l'album The Best Of Leonard Cohen on se laisse emporter avec bonheur par la finesse et le dynamisme de la reproduction offerte par le DAC Yulong D200, et ceux de nos lecteurs qui n'auraient pas saisi le jeux de mots de l'accroche trouvent ici l'explication.

L'écoute au casque se révèle également de très bon niveau et offre selon nous une puissance plus que convenable et nous avons remis ça avec le Concerto pour violon de Beethoven qui nous a bien charmé grâce à une restitution ample et au chant fort beau suivi dans ses moindres inflexions par les étages d'amplification.

Pour conclure, le DAC Yulong D200 est un appareil bénéficiant d'une belle qualité de fabrication et offrant de très bonne prestations sonores, équilibrées et respectueuses de la musique, et ce sur ses sorties ligne comme sur sa sortie casque. Une belle découverte.

Spécifications

User's Manual (English only)

Site Yulong

Contact (Contact Audiophonics, importateur)

Capacités de lecture

Nos remerciements à Audiophonics pour le prêt du D200.

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