Jusqu'au 14 août, le Festival de Chaillol se déroule dans le magnifique territoire haut-alpin. Les villages des Hautes-Alpes reçoivent cette dix-huitième édition musicale à l’identité singulière grâce à une programmation toujours aussi éclectique et créative. Fondateur et directeur de l'événement, Michaël Dian évoque cette cuvée 2014.

Fondateur et directeur du Festival de Chaillol, Michaël Dian donne une véritable cohérence à sa programmation musicale dans le cadre idyllique des Hautes-Alpes dans la région de Gap. Musique de chambre et du monde se côtoient le temps de conversations musicales lors de cette dix-huitième édition qu'il présente ici.

Quelle est la particularité de la programmation de l’édition 2014 du festival ?

Michaël Dian : Cette dix-huitième édition développe en l'approfondissant le parti pris fondateur des éditions précédentes : proposer au public haut-alpin une itinérance musicale de quelques vingt-quatre concerts, vaste composition musicale déployée sur près d'un mois, généreusement défendue par des artistes de belle envergure. On y découvre le meilleur et le plus singulier de la création musicale du moment, et dans le même mouvement, une traversée des vallées rurales du pays gapençais, territoire d'exception qui porte et inspire notre action depuis près de vingt ans.

Saxophoniste de jazz ou pianiste classique, ensemble contemporain ou bidouilleur de la scène électro : l’éclectisme du casting semble être dans l’ADN du Festival de Chaillol, non ?

C'est en effet un choix délibéré et très assumé que de ne pas limiter notre curiosité et nos appétits musicaux à une esthétique ou une grammaire particulière. Au Festival de Chaillol, nous aimons faire dialoguer les démarches singulières de musiciens qui, chacun à leur manière, questionnent leur pratique et leur relation au public, repensent leur rapport aux répertoires, défendent la création musicale contemporaine... C'est dans cette confrontation finement dosée, de répertoires, de territoires musicaux, que le Festival de Chaillol a bâti son identité, sa signature particulière. La question de la création musicale y est envisagée de manière panoramique, ouverte et transversale, sans exclusivité d'un langage ou d'un genre, mais en privilégiant plutôt la rigueur de démarche innovante sur le plan de l'écriture comme sur celui de la relation au patrimoine musicale, qu'il soit savant ou traditionnel.

© Alexandre Chevillard

Cette année, le festival programme, pour la première fois, les concerts des professeurs de l'Académie de Musique de Chaillol. Quelle est l’origine de cette initiative ?

L'Académie de Musique de Chaillol existe depuis 24 ans, animée par des professeurs issus des établissements spécialisés de la région Paca. C'est pendant les stages de musique qu'en 1997 ont été produits les premiers concerts de ce qui allait devenir le festival de Chaillol. Nos deux associations cultivent une même approche, exigeante et généreuse, de leurs missions respectives - formation d'un côté et production, diffusion et soutien à la création de l'autre. Elles s'attachent à créer les meilleures conditions pour que, dans ce territoire exceptionnel entre Alpes et Provence, s'épanouissent la musique et les musiciens qui la font, professionnels ou en herbe... Nos deux structures ont très tôt compris l'intérêt de mutualiser certains postes, comme la location des pianos ou l'accompagnement technique et administratif. Il manquait une complicité artistique, souhaitée de part et d'autre. Ce sera chose faite cette année, par la présence, dans la programmation du festival, des professeurs de l'Académie, chambristes confirmés.

Pourquoi le développement durable est-il au cœur des enjeux du Festival de Chaillol ?

La question du développement durable est sans doute dans les gènes du festival de Chaillol et est intimement liée à la nécessité, très tôt sentie, de donner du sens à notre présence sur ce territoire. Penser le développement durable d'une structure culturelle n'est pas seulement une question d'économie d'énergie et de recyclage des déchets. C'est bien plutôt d'une vision extensive de la responsabilité dont ils 'agit, c'est à dire de la relation à son environnement envisagée comme écosystème. Quels modes de production et de diffusion pour un territoire, certes absolument magnifique parce qu'encore très préservé, mais aux contraintes géographiques fortes, aux ressources modestes, faiblement peuplé et à l'habitat dispersé ? Le développement du festival s'est fait en tenant compte de ces données incontournables et en essayant d'exercer une action qui puisse générer des effets positifs sur son territoire. C'est une vision politique du développement durable qui nous anime.

© Alexandre Chevillard

La pire des questions pour un directeur de festival : lequel des 24 concerts de cette cuvée 2014 attendez-vous le plus ?

Question délicate, en effet, pour un directeur artistique qui a choisi les artistes et les programmes qui seront présentés au public. Mais, très honnêtement, je crois que cette question ne se pose pas dans le cas du festival de Chaillol, dont la programmation est pensée comme une écriture, un geste musical élaboré dans un rapport fin avec les artistes et les lieux. Ainsi chaque concert est essentiel, et aucun, sinon le concert d'ouverture et de clôture, n'acquiert de place particulière. Tout fait sens, et pour le public, qui circule dans cette programmation comme dans un paysage de montagne, chaque soirée est l'occasion d'une rencontre unique.

Site officiel du Festival de Chaillol