La Chine vient d’interdire la représentation de diverses œuvres musicales religieuses chrétiennes signées Haendel, Mozart et Carl Orff.

Depuis plusieurs semaines, de nombreux musiciens et promoteurs occidentaux sont informés par les autorités de Pékin d’annuler des œuvres religieuses de la programmation de leurs concerts sur le sol chinois.

Parmi les victimes de cette censure, l’Academy of Ancient Music qui doit se produire ce mois-ci au Festival International de Musique de Pékin pour y interpréter le Messie de Haendel. Le concert aura bien lieu mais sur invitations seulement.

Contrairement à ce qui avait été initialement prévu, le Sinfonica Orchestra di Roma ne jouera finalement pas le Requiem de Mozart au profit des victimes du récent tremblement de terre du Sichuan.

Aucun communiqué n’a été publié par la Ministère de la Culture local pour commenter cette décision. Un officiel a simplement déclaré : « Ça n’est pas un dossier noir ou blanc, et il n’y a aucun écrit sur cette situation. Des extraits seraient acceptés, mais pas le « Requiem » de Mozart dans son intégralité ».

La situation actuelle semble en tout cas bien incohérente. Avec une classe moyenne grandissante, de nombreux jeunes Chinois étudient de plus en plus la musique classique occidentale. Et de nombreux instrumentistes et formations se produisent régulièrement en Chine. Jusqu’à présent, les autorités locales semblaient porter un intérêt modéré à cette évolution. Cette année à Rome, l’Orchestre Philharmonique de Chine a même joué devant le Pape le fameux Requiem de Mozart incriminé, preuve flagrante de la volonté de la diplomatie de Pékin de faire les yeux doux au Vatican.

Mais les divisions subsistent à la tête de l’exécutif chinois concernant la religion et la culture occidentale en général. L’expansion du christianisme est perçue comme un facteur social bénéfique par certains, alors que d’autres n’y voient qu’une menace à l’encontre du Parti Communiste.

Stefano Palamidessi, manager du Sinfonica Orchestra di Roma, a été invité à supprimer le Requiem de Mozart de sa programmation d’un concert gratuit, prévu en plein air, sur la place centrale de la ville de Dujiangyan où des milliers de Chinois ont péri dans le récent séisme.

De son côté, Simon Fairclough, directeur du marketing de l’Academy of Ancient Music, a même affirmé que le choix du Messie de Haendel était au départ une idée des organisateurs du Festival de Pékin! Un porte-parole du festival a déclaré que la présence de leaders politiques majeurs à ce concert avait soudainement impliqué l’exclusion du grand public.

En août dernier déjà, le chef chinois Cai Jindong, par ailleurs professeur de musique à l’Université de Stanford aux Etats-Unis, avait du éliminer du programme de son concert donné à Shanghai, le Carmina Burana de Carl Orff. Il avait expliqué cette censure par la présence de la chanteuse Björk à cette soirée, la chanteuse islandaise ayant fait de nombreuses déclarations officielles critiquant la politique de Pékin au Tibet…