Šaban Bajramović est décédé à Niš au sud de la Serbie à l'âge de 72 ans. Considéré comme le « roi de la musique des Gitans », Bajramović, qui depuis un certain temps avait de graves problèmes de santé qui l'ont poussé à cesser de chanter, est décédé dimanche 8 juin des suites d’un infarctus.
Très réputé dans la région de l'ex-Yougoslavie, le chanteur et compositeur, né le 16 avril 1936 à Niš, a publié une vingtaine d'albums et signé des centaines de chansons au cours de sa carrière.
Le ministre serbe de la Culture, Vojislav Brajovic a qualifié « d'énorme perte pour la culture nationale », le décès de Šaban Bajramović dans un message de condoléances adressé à sa famille.
La légende Bajramović décolle à 19 ans lorsque, pour l’amour d’une jolie fille, il déserte les rangs de l’armée et se retrouve envoyé pour trois ans dans les camps de travail de Tito à Goli Otok, île-goulag sur la côte Dalmate, dont le film Papa est en voyage d'affaires se fait l’écho. De cette expérience, Šaban Bajramović tirera la force de sa longue carrière. Il avouera plus tard avoir beaucoup lu durant son incarcération. « Roi des tsiganes » pour les uns, « Sinatra des Rroms » pour les autres, il signe entre autres Mesecina arrangé par Goran Bregović pour la bande originale du film Underground. Il chante également sur la musique d’un autre film de Kusturica, Chat Noir, Chat Blanc (notamment le titre Bubamara), et participe aussi à Tales And Songs From Weddings And Funerals de Goran Bregović et Queens And Kings de la Fanfare Ciocarlia. Bajramović a aussi joué et chanté dans le film L’Ange gardien de Goran Paskaljević.
Tant de choses ont été racontées sur Šaban Bajramović qu’il est devenu, au fil des années, un véritable mythe vivant. Et sa voix exceptionnelle cache un personnage entouré de mystères. Il conserve d’ailleurs sur son visage les cicatrices de son passage sur l’île de Goli Otok. Au fil des ans, sa musique s’est vue copiée, imitée, voire volée…