Le très bel hommage d’un claveciniste d’aujourd’hui à l’auteur de "À la recherche du temps perdu" qui vécut à une période encore trop ignorée de l’histoire de l'instrument...

À priori ce n’est pas au clavecin que l’on pense immédiatement pour représenter le monde de Marcel Proust, mais le claveciniste Olivier Baumont, en homme cultivé et raffiné, a plus d’un tour dans son sac à malices. Il a en effet conçu son nouvel album comme un tribut à l'auteur d'À la recherche du temps perdu qui s’intéressait vivement aux musiciens de son temps comme à ceux du passé. C’est ainsi que Baumont a relevé dans les lettres et les écrits de Proust de nombreuses allusions à des compositeurs comme Bach, Couperin, Rameau ou Scarlatti en contrepoint des personnages de son vaste roman. Comme les sept jours de la semaine ou ceux de la Création, le programme est découpé en autant de séquences évoquant tour à tour, le narrateur, Albertine, Morel, mais aussi les personnages de la vie réelle de Proust comme Léon Delafosse, Louis Diémer ou encore Reynaldo Hahn.

Un clavecin chez Marcel Proust

Olivier Baumont

Épris lui aussi du riche passé musical français, Ravel figure sur ce disque intitulé Un clavecin pour Marcel Proust, et publié par le label L'Encelade, grâce à son délicieux pastiche évoquant un XVIIIe de pacotille, D’Anne jouant de l’espinette, brève mélodie sur un poème de Clément Marot qu’Aldo Ciccolini avait enregistré lui aussi au clavecin, en 1967, dans une splendide anthologie de mélodies de Ravel avec le baryton Jean-Christophe Benoît. Cette improbable rencontre entre Marcel Proust et le clavecin rend pourtant parfaitement compte d’un esprit propre à l’univers particulier de l’écrivain mieux que tant d’hypothétiques concerts reconstitués.

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