Leyla McCalla au micro de Radio Haïti

Bien loin des recettes de cocktails pour touristes à la plage, la culture créole est toujours plus intéressante quand le mot redevient l’anagramme de colère. Et synonyme de revendication, de résistance, d’histoire intime et collective à explorer, révéler et réparer. Depuis ses débuts avec les Carolina Chocolate Drops, et plus encore sur ses albums solos, c’est tout ça qui anime Leyla McCalla. Elle est née à New York, mais n’échappe pas à sa couleur de peau ni à ses racines haïtiennes. L’histoire a toujours été présente dans ses disques, à travers des reprises, la langue créole et un goût pour les chansons qui vont pied-nus.

Avec Breaking The Thermometer, son quatrième album qui vient de paraître chez ANTI-Epitaph, elle franchit un cap énorme, sur le fond et la forme. L'album est construit autour de documents sonores, témoignages et sons d’ambiance évoquant l’histoire de la radio indépendante et créole Radio Haiti Inter, qui fut longtemps un véritable quatrième pouvoir dans un pays ravagé par la dictature et la violence politique. Créée en 1935, Radio Haiti a cessé d’émettre en 2003, trois ans après l’assassinat de son directeur Jean Dominique. Cette histoire et cette matière documentaire, de l’extrait d’émission au chant du coq en terminant par le bruit des vagues, ont touché Leyla McCalla, qui en a fait la sève de chansons essentielles.

Sur ses reprises et ses compositions, elle a soigné les arrangements, les détails, les contrastes. Par rapport à ses précédents albums, celui-là est plus tout : plus roots, plus rock, plus mordant, plus dense, plus collectif, plus complexe, plus poignant, plus audacieux, plus mystérieux. Un grand disque hanté par la mémoire, qui valide le chemin emprunté par Leyla McCalla depuis ses débuts.

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