En quittant les plaines du Hellfest le 23 juin 2019, une seule pensée occupait nos esprits : Vivement l’année prochaine ! Gloups ! Si l’on avait su. Après une disette forcée en 2020 et en 2021, c’est avec émotion que nous franchissons à nouveau l’imposante cathédrale servant d’entrée au festival, dont cette 15e édition se tiendra sur deux week-ends, du 17 au 26 juin 2022 (avec, entre autres, Metallica, Deftones, Ghost, Gojira, Guns N’ Roses ou Nine Inch Nails). Il va falloir s’accrocher.

Vendredi 17 juin 2022 : Jour 1

C’est bien réel, nous franchissons à nouveau l’entrée du Hellfest Open Air Festival pour la première fois en trois ans. Tant de souvenirs remontent dans nos esprits, mais pas de temps à perdre, les décibels se font attendre et c’est avec Heart Attack posté en Mainstage 2 que nous lançons les hostilités. Le combo français est adepte d’un thrash metal des plus virulents et décide de ne pas spécialement faire dans la dentelle pour ce qui sera la première vraie surprise du festival. Kevin Geyer martèle sa guitare et hurle comme un démon au rythme d’un thrash metal tout de clous vêtu. Le groupe défend les couleurs de son nouvel album Negative Sun paru une semaine plus tôt et nous permet d’entamer ce premier week-end sous les meilleurs auspices.

Changement de décor pour l’entrée sur scène de Frog Leap, emmené par Leo Moracchioli, youtubeur connu pour ses reprises d’hymnes pop à la sauce metal. Pas surprenant donc de le voir entamer son set avec l’entêtant Party Rock Anthem de LMFAO, et le terminer avec le Zombies des Cranberries, le tout agrémenté de vidéos collant aux thèmes des titres. Moment sympa et généreux, on ne peut s’empêcher de penser que le très talentueux Leo aurait pu mériter un horaire un peu plus tardif. Pour la prochaine fois ?

Greenleaf investit la scène Valley une demi-heure plus tard pour déverser son stoner corrosif et habité à une audience très bien préparée pour ce qui allait arriver. C’est bien simple, le son de guitare de Tommi Holappa, proche de la perfection, va devenir une référence et quand le groupe quitte la scène, le temps est passé trop vite.

On retrouve ensuite les légendes du hardcore de Slapshot, qui nous sert exactement ce que nous attendons de lui, et nous enchaînons quasi immédiatement avec le metal progressif de Leprous. Les Norvégiens menés par Einar Solberg nous offrent un set inspiré alternant les moments aériens, agressifs et chiadés. Qu’attendre d’autre d’un groupe s’inspirant aussi ouvertement de Dillinger Escape Plan et de Radiohead ?

Notre périple continue avec Shinedown qui délivre son metal alternatif tout sauf surprenant sur une Mainstage 2 acquise à sa cause. L’histoire retiendra par contre le show absolument possédé de la nouvelle icône du punk rock Frank Carter, dont l’énergie ne sera égalée que lors de la journée du dimanche (on y reviendra) avec une foule tellement en feu qu’il faudra plusieurs lances à incendie pour la rafraîchir. Absolument démentiel.

Shinedown © Katja Ogrin

On redescend avec les Suédois d’Opeth en Mainstage 2 dont le leader avoue son incompréhension face à la canicule : “Je ne comprends pas comment vous faites pour résister à une telle température.” C’est l’amour Mikael ! Ça repart avec les Grecs de Rotting Christ qui ont décidé de tout brûler sur leur passage pour leur set sur la scène Temple. Encore ! Encore ! Alors que la chaleur commence à vraiment avoir raison de nous, nous filons en Mainstage 2 pour voir les Américains de Mastodon délivrer un concert d’une rare intensité (mais tout de même un peu trop en pilote automatique ?). Brann Dailor (batterie / chant) est clairement la star de la soirée et c’est avec des étoiles dans les yeux que nous assistons à l’interprétation d’un Blood & Thunder des grands jours. Baroness investira la Valley une heure plus tard pour revisiter tous ses classiques. L’enthousiasme de John Dyer Baizley est contagieux et l’attitude de Gina Gleason force le respect. Le concert qu’il ne fallait pas louper lors de cette première journée.

Opeth © Frank Hoensch

Samedi 18 juin 2022 : Jour 2

C’est la Valley qui nous tend les bras en ce samedi matin pour la prestation des Français de Point Mort, venus présenter leur post hardcore d’une méchanceté rare. Une belle claque pour lancer la journée. Derrière, le set un peu ennuyant de Fire From The Gods est très vite rattrapé par le troll metal technique et abouti d’Aktarum. C’est bien simple, les Belges ont servi à l’heure du déjeuner l’un des meilleurs concerts de cette cuvée 2022. Un régal pour les yeux, les oreilles et l’âme.

Un set plein d’amour de The Picturebooks et une mandale de Knocked Loose plus tard, on a rendez-vous avec le quatuor anglais The Darkness et son hard rock toujours les fesses entre trois chaises, celles d’AC/DC, Queen et Thin Lizzy. La Mainstage 2 est en feu et I Believe in a Thing Called Love finit de mettre tout le monde sous terre avec en guest star Michael Starr, vocaliste de Steel Panther qui viendra délivrer son glam un peu plus tard dans la soirée. Imprenable !

Retour dans l’arène à 17h30 sous l’Alter, scène dédiée au thrash et death, pour un show bien old school d’Exciter qui ne s’était pas produit en France depuis déjà six ans. Il est ensuite temps pour Rival Sons d’investir la Mainstage 1 pour donner l’une des meilleures prestations de ce Hellfest qui n’a laissé aucun survivant. Megadeth fera à peu près la même chose une heure plus tard avec un concert millimétré et acéré comme rarement. Deep Purple, malgré les quelques approximations d’un Ian Gillan souriant en début de show, offre également une prestation remarquable.

C’est enfin au tour de Ghost de venir taper dans l’objectif des photographes. La prestation tant attendue de Tobias Forge alias Papa Emeritus IV (leur première en tant que tête d’affiche au Hellfest) a fait la part belle aux titres issus du dernier album Impera devant une foule tout acquise à la cause des Suédois. Leur leader finira même par y perdre sa voix… Mention spéciale pour la première interprétation live de Griftwood avec son chœur de bonnes sœurs qui restera dans les annales.

Ghost © Mikael Eriksson

Dimanche 19 juin 2022 : Jour 3

Qu’elle est belle l’Altar lorsqu’elle est investie par nos amis d’Exocrine, rare (pour ne pas dire seul) combo français à pratiquer un death metal ultra-technique et violent qu’on rêvait de voir au Hellfest. Un groupe qui mériterait une plus ample reconnaissance, tout comme Deliverance, victime du syndrome c’est trop bien, mais c’est trop tôt. Là aussi, la baffe est totale (et inattendue). Qu’il s’agisse de l’ambiance, du son, de la prestation des musiciens, nous sommes soufflés par l’ambiance quasi rituelle qui s’abat sur nous durant cette demi-heure d’intensité. Monumental, tout simplement.

Forcément, après ça, le hard rock de Tempt paraît un peu plan plan et Kontrust, malgré son univers très particulier mêlant diverses sonorités (heavy, pop etc.) ne parvient pas à relever le niveau. Heureusement, Battle Beast investit la Mainstage 2 pour un set absolument apocalyptique avec une Noora Louhimo facile au micro. Le public ne s’y trompe pas et fait une ovation aux Finlandais.

Lorsque Regarde Les Hommes Tomber monte sur les planches quelques minutes plus tard, la Temple déborde de monde, comme si la moitié du festival était venue assister au concert endiablé, très aérien de Français qui, techniquement, mettent à l’amende bon nombre de formations qui auront foulé le sol du Hellfest ces dernières années. Imparable ! Twin Temple et son satanic doo-wop vient détendre un peu l’atmosphère et nous offre un moment à la fois drôle et impressionnant avec cette ambiance vintage et malaisante qui fait tout le sel du duo et une manière inédite de haranguer la foule. A découvrir d’urgence.

Derrière, les Ukrainiens de Jinjer menés par Tatiana Shmayluk montent sur la Mainstage 1 sous les applaudissements et les encouragements de la foule. Jinjer déballe son groove metal / metalcore avec maestria et énergie. Un moment fort avant l’apothéose de ce premier Hellfest : Maximum The Hormone. Le groupe japonais a mis le feu à une Mainstage 1 bondée avec son mélange de metal, punk et rap. L’un des évènements de cette édition à n’en pas douter.

On termine ce premier week-end sous l’Altar avec un Devin Townsend des grands jours puis devant la dernière mue d’un Gojira qui offre une véritable performance scénique. Le meilleur des trois headliners de cette première édition. La reprise des hostilités aura lieu le jeudi 23 juin avec, on espère, un son amélioré sous les tentes (Valley, Temple et Altar).

Gojira © Gabrielle Duplantier

Le top 5 du premier week-end :

- Exocrine

- Baroness

- Deliverance

- Megadeth

- Aktarum

A ne pas manquer lors du second week-end :

- SLOPE

- Bring Me The Horizon

- Metallica

- Nine Inch Nails

- GBH