Arthur Lavandier revisite le chef d’œuvre de Berlioz avec Le Balcon, l'ensemble de Maxime Pascal...

Puristes purs et durs, passez votre chemin ! La réécriture, la « recréation » de la Symphonie fantastique de Berlioz signée Arthur Lavandier bousculera toutes les habitudes. Outre le fait que l’ensemble Le Balcon dirigé par Maxime Pascal compte seulement une vingtaine de musiciens là où la partition originale en exige confortablement le quadruple, il y est fait usage de nombreux sons préenregistrés, le discours est de plus en plus modifié au fur et à mesure de l’évolution. Si le premier mouvement reste raisonnablement proche de l’original – quand bien même avec certaines nouvelles harmonies, une ample improvisation pour violon solo au début, et de hardies superpositions qui font parfois penser à Charles Ives, c’est sans doute délibéré –, le deuxième, s’il commence à peu près « normalement », s’évade rapidement vers le bal musette ou encore le big band swing dans une troublante alternance d’un orchestre à l’autre qui tient plutôt du rêve éveillé, voire enfumé, avec quelques clins d’œil carrément comiques. La scène aux champs fait appel à un vrai cor des Alpes (représenté par le cor anglais chez Berlioz) et à de nombreux bruitages naturels ; la transformation du discours original se fait de plus en plus notable, en particulier dans l’architecture générale, remaniée de bout en bout. Et les surprises ne s’arrêtent pas là puisque la Marche au supplice est confiée à une vraie fanfare d’amateurs (au lieu des musiciens professionnels du Balcon), dans une révision de Quatorze juillet sinistre légèrement jazzy, comme si les majorettes étaient habillées de noir… Enfin, le Sabbat final comblera les amateurs de délire et de déviation, avec son discours très modernisé, parfois à la Ives (superpositions et intrusion subite de musique de rue ou de citations de Beethoven et autres), parfois proche de Hollywood – côté Dracula, alternant avec Tex Avery ou encore Orange mécanique, des allusions pleinement assumées. L’aimable auditeur l’aura compris : il lui faut vraiment connaître son Berlioz sur le bout des doigts pour goûter pleinement chaque seconde ce cette monumentale farce, réalisée avec une science sûre et une profonde connaissance de la partition originale autant que des moyens d’en dévier. Gageons que le jeune Berlioz de vingt-sept ans aurait explosé de rage, mais que le Berlioz de l’ultime maturité aurait applaudi Arthur Lavandier !

Symphonie fantastique • Opéra de Lille - 25 mars • Le Balcon

Le Balcon

Berlioz ⎮ Lavandier: Symphonie fantastique • 19 août à 21h • ouverture Festival Berlioz

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