Gary Peacock, le conteur

Grand artisan de l’évolution du rôle de la contrebasse dans les années 60, Gary Peacock a toujours été attaché à la trame mélodique de ce qu’il jouait. Celui qui s’est éclipsé le 5 septembre le prouvait encore avec une grâce folle sur son dernier album, Tangents, publié chez ECM en 2017…

Né dans l’Idaho en 1935, Peacock qui apprit d’abord la batterie puis le piano avant de s’arrêter définitivement sur la contrebasse a joué avec les plus grands révolutionnaires de l’histoire du jazz, qu’il s’agisse de Miles Davis, Bill Evans, Albert Ayler, George Russell, Paul Bley et bien évidemment Keith Jarrett dont il sera membre du fameux trio avec Jack DeJohnette de 1983 à 2014. Quand il ne pigeait pas pour des pointures nommées Marc Copland, Bill Frisell, Lee Konitz, Ralph Towner ou Marilyn Crispell pour n’en citer qu’une poignée, Gary Peacock gravait sous son nom des albums toujours parfaits.

Comme le chef d’œuvre Tales of Another enregistré en 1977 avec… Jarrett et DeJohnette ! Le fameux trio du pianiste n’est alors pas encore sur les rails. Mieux : ce disque sera le premier de leur association qui entrera par la suite dans l’histoire du jazz, gravant une bonne vingtaine d’albums. Nous sommes le 7 février 1977 au Generation Sound Studios de New York. Manfred Eicher alias Monsieur ECM est évidemment derrière la console. Mais surtout, les six pièces enregistrées sont toutes signées Peacock. Là est la grande et belle singularité de ce superbe premier disque pour le label munichois. Sa musique n’est ni celle de Jarrett, ni celle de DeJohnette. Il y a une simplicité dans l’énoncé des thèmes chez l’élégant contrebassiste et, surtout, ce sens de la narration véritablement bluffant. Tales of Another offrait également déjà un aperçu de la complicité que développeront les trois hommes tout au long de leur association.

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