Sophistication, humour, sensibilité… Tels sont les mots qu’on accole souvent à la musique d’Henry Mancini. Depuis sa disparition en 1994, il est toujours considéré comme un compositeur pop majeur et influent. Sans doute parce que, à côté des œuvres satinées et légères qui ont fait sa réputation (“Diamants sur canapé”, “La Panthère rose”…), il a su montrer la complexité de son langage à travers des compositions plus tourmentées.

« Vous êtes le plus branché des chats et le plus sensible des compositeurs. » Ainsi se termine une lettre écrite par Audrey Hepburn à l’attention d’Henry Mancini, après la sortie de Diamants sur canapé, le célèbre film de Blake Edward (1961). S’il existe un compositeur à la sensibilité exacerbée, c’est bien ce fils d’immigrés italiens né à Cleveland en 1924, et mort à Los Angeles en 1994. Pour s’en convaincre, il suffit de se lover dans le lyrisme délicat de la chanson-titre du film, Moon River, dans les musiques de source douces et sophistiquées de La Party de Blake Edwards (1968), ou encore dans le dépouillement narquois et mélancolique du Thème de l’inspecteur Clouseau dans Quand la panthère rose s’emmêle, du même réalisateur, sorti en 1976.

À travers ces quelques exemples, on réalise la portée considérable du tandem Blake Edwards/Henry Mancini dans l’histoire de la musique de film, et ce dès 1958, avec la série TV Peter Gunn. C’est l’année précédente que les deux hommes se rencontrent : à cette époque, Mancini n’est plus sous contrat avec le Studio Universal (où il fut engagé en 1951 par Joseph Gerhenson comme arrangeur et compositeur), mais un jour où il passe par hasard au salon de coiffure du studio, il croise Edwards, lequel lui demande d’écrire les musiques de cette série policière. La BO classe et jazzy de Peter Gunn deviendra disque d’or et obtiendra deux nominations aux Grammy Awards. Ce sera même le premier gros succès discographique de l’histoire des bandes originales. Le duo enchaîne avec une autre série, Mister Lucky, en 1959, pour laquelle Mancini essaie de s’éloigner de la formule de Peter Gunn : outre une section de cordes jouant une mélodie au raffinement extrême, il fait appel à deux organistes au jeu concis et énergique – Wild Bill Davis et Buddy Cole. 

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