Luxman D-07X

Il y a quarante ans, le Compact-Disc nous ouvrait les portes de la musique numérisée. Dépassé par le streaming en termes de part de marché, et même rattrapé par le vinyle dernièrement, il n’en reste pas moins un support de qualité. De plus, il existe des versions haute résolution du CD comme le SACD et le MQA-CD. Le support s’adresse aujourd’hui aux audiophiles, qui ont constitué leur collection au fil du temps et qui apprécient le contact physique avec le disque, comme aux plus jeunes générations, qui redécouvrent les supports physiques que sont le vinyle et le CD.

La société Luxman n’a jamais cessé de fabriquer des lecteurs CD. Il y a eu des modèles mythiques comme le D-500xs et son format à plat ou encore le D-107u et son étage de sortie à tubes. La série des plus récents lecteurs Luxman « u » a été remplacée par la série « X » dont fait partie ce nouveau D-07X. Elle comprend deux autres modèles : le D-10X et le D-03X. On comprend donc que le D-07X vient s’intercaler entre les deux. La présentation est similaire, les composants et la conception interne évoluant avec la montée en gamme.

Présentation générale du Luxman D-07X

Extérieurement, le D-07X fait immédiatement passer le message qu’il est un appareil haute-fidélité haut de gamme. Cela se ressent à la qualité des matériaux utilisés, aux ajustements ou au toucher des boutons. Le D-07X fait partie de ces produits audio qui sont encore fabriqués au Japon. Beaucoup de ses principes de conception découlent du modèle supérieur D-10X.

Les lignes sont franches et simples. Il n’y a pas beaucoup d’extravagance dans le dessin mis à part le renfoncement du bouton de mise en marche en bas à gauche de la façade, l’une des signatures discrètes de la marque. Les autres touches sont rangées par tailles. Les plus grosses prennent place sous l’écran pour la gestion de la lecture. Les quatre plus petites servent à accéder à quelques fonctions que nous détaillerons plus loin.

Le fin plateau accueillant les disques compacts suit un mouvement lent et quasi silencieux, sans aucun jeu. C’est évidemment ce qu'on attend d’un lecteur de ce niveau. Le mécanisme à haute rigidité LxDTM est développé par Luxman. Il comprend un portique, une plaque de protection supérieure et un plateau en aluminium moulé afin d’évacuer tout risque de vibration pour une lecture laser dans les meilleures conditions.

Toujours à l’intérieur, il y a une volonté de cloisonnement de tous les circuits. Globalement, le lecteur est divisé en sept sections séparées par des panneaux, sur deux niveaux. Au-dessus se trouve le transformateur, dont la puissance gagne 50 % par rapport au modèle que le D-07X remplace dans la gamme, le mécanisme de lecture, la carte de sortie analogique et les circuits de gestion de la façade et de l’écran. En dessous, on va trouver la carte d’alimentation, la carte de gestion de la mécanique de lecture et la carte d’entrée et de sortie numérique.

Car c’est là l’une des particularités principales du D-07X : il intègre un DAC avec des entrées numériques. La face arrière est donc bien remplie pour un lecteur CD. Il y a tout d’abord les sorties analogiques disponibles en asymétrique RCA et en symétrique XLR. Elles sont complétées par deux sorties numériques, une coaxiale et une optique, qui désactivent l’étage de conversion. Enfin, les trois entrées (numérique coaxiale, optique et USB-B) permettent de relier autant de sources externes dont le D-07X pourra effectuer la conversion en analogique.

Cette conversion est confiée à deux puces BD34301EKV fabriquées par Rohm. Ce sont elles qui permettent de convertir à la fois le contenu des disques et celui des sources externes. Elles sont associées à une horloge de haute précision à faible bruit. Le double DAC est relié à un circuit tampon qui intègre le filtrage des très hautes fréquences pour une amélioration du signal analogique en sortie.

Utilisation du Luxman D-07X

L’écran est constitué de pixels de couleur orange – là encore un marqueur propre à Luxman. Il affiche les informations habituelles telles que le numéro de plage et le temps écoulé mais aussi la fréquence d’échantillonnage en mode DAC. Il est accompagné de minuscules LED indiquant différentes fonctions liées aux petites touches. Par exemple, lorsque la sortie numérique est active, une LED le confirme. C’est aussi le cas de l’inversion de phase, une possibilité traditionnellement offerte par certains produits Luxman. Cela consiste à inverser le point chaud et le point froid sur la connexion XLR.

Le D-07X est un lecteur multiformat stéréo. Il lit les CD, les SACD et les MQA-CD. Ces derniers sont moins répandus, mais c’est toujours un bonus appréciable. Trois des LED en façade indiquent justement quel type de disque est en cours de lecture. De plus, la LED MQA change de couleur selon le type de fichier. Car le D-07X lit aussi le MQA arrivant depuis un lecteur externe via son entrée numérique USB.

C’est un véritable avantage pour le D-07X de proposer de partager son DAC avec d’autres sources. De cette façon, il joue le rôle de deux appareils en un. Les entrées coaxiales et optiques sont compatibles avec les flux jusqu’en 192 kHz et 24 bits. Tandis que le port USB accepte pour sa part les fichiers en 768 kHz et 32 bits maximum ainsi que les MQA et les DSD512. Il fait donc carton plein sur cette cible, à l’identique d’un DAC autonome. L’une des petites touches en façade permet de basculer du lecteur de disque aux entrées numériques.

Luxman fournit une grande télécommande en aluminium pour piloter l’intégralité des fonctions depuis son canapé. En plus des touches en façade, la télécommande permet de basculer entre les deux filtres FIR en lecture DSD, de moduler la luminosité de l’afficheur du lecteur, et de passer les informations de deux lignes sur une seule ligne écrite plus grosse, pour une meilleure consultation de loin. Elle ajoute également le clavier numérique, la lecture en boucle ou en ordre aléatoire ainsi que la programmation.

A l’écoute

Nous avons installé le Luxman D-07X au sein de notre système de test en le reliant en analogique symétrique à un préampli Merging Anubis, un amplificateur Elac DPA-2 et une paire d’enceintes de bibliothèque Dynaudio Special 40. Les sources étaient des CD, SACD et MQA-CD et surtout un ordinateur Mac avec Roon et Qobuz relié en USB au D-07X.

Les tests démarrent sur du jazz vocal. La voix de Gabi Herman sur son nouvel album est reproduite avec plénitude et beaucoup de douceur. Le naturel et la délicatesse sautent aux oreilles. Bien détachée des instruments des chœurs, la voix prend forme légèrement en arrière des enceintes, entourées par les instruments. L’impact et la profondeur de la batterie dans les basses fréquences sont intéressants, là encore avec un bel effet de véracité. Les timbres de la clarinette ou du piano bénéficient également d’un traitement de premier ordre avec beaucoup de justesse.

Nous profitons ensuite du dernier album très funky Schvitz du groupe Vulfpeck. On ressent très bien l’attaque sur la batterie ou les guitares avec un sentiment de rapidité aussi bien dans l’établissement des notes que dans leur extinction, excluant ainsi tout traînage. La douceur se ressent également sur cet album, sans projection inutile. Le D-07X ne surjoue jamais et transmet le flux converti en analogique de la meilleure façon qui soit.

Bien que ce D-07X soit universel dans sa lecture et sa capacité à reproduire n’importe quel style musical, il livre tout son potentiel à l’écoute de grandes formations orchestrales. La Symphonie No. 3 de Rachmaninoff dirigée par John Wilson se répand dans notre pièce en trois dimensions avec un effet de largeur évident mais aussi une profondeur impressionnante. Le D-07X ne fait pas l’économie des micro-informations, ce qui contribue à placer de façon efficace les différents pupitres face à nous avec un étagement respecté des plans. Les enceintes s’effacent complètement, les envolées dynamiques sont reproduites avec ferveur sans agressivité aucune.

Nos sessions se terminent avec l’écoute de quelques disques dans les différents formats supportés. Sans chercher à comparer les supports, on retrouve, sur des titres identiques, les mêmes qualités à l’écoute des CD. La lecture de quelques SACD et MQA-CD nous a permis également de profiter de la haute résolution. Nous avons évidemment profité des mêmes qualités qu’en streaming via le DAC en termes de dynamique, de respect des timbres et de plénitude globale.

Conclusion

Le Luxman D-07X peut être vu soit comme un lecteur CD qui offre en bonus la fonction DAC, ou bien le contraire ! Ses qualités permettent de l’envisager comme DAC principal sans aucune arrière-pensée. On sait que l’on pourra alors profiter de sa bibliothèque musicale aussi bien physique que dématérialisée en passant par une plateforme de conversion unique. L’envie de monter le volume à des niveaux supérieurs à l’habitude sans que cela ne crée de fatigue auditive est un bon marqueur des produits de haute qualité. C’est exactement ce qu’il s’est passé avec le D-07X, comme s’il supprimait de la crispation pour délivrer un signal musical plus zen à la suite de la chaîne Hi-Fi. Tout cela sans occulter le naturel original de la musique, bien au contraire.

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