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San-Nom

"Deux ans après la mixtape « Rien », qui préfigurait son rap entre vannes frontales et franc chaos, San Nom migre aujourd’hui vers d’autres limites avec « Silence ». Un premier album à la beauté virulente, qui enfonce le clou depuis son canapé, où le cynisme colle aux semelles comme la fin du monde. Et dont la seule issue reste… l’amour, le vrai. Vous n’y auriez pas cru ?
Lui non plus.
 
Ça sonne comme une blague, et pourtant, pour une fois, c’est tout sauf. Ce « silence », qui titre le nouveau chapitre de San Nom, est un cri du cœur. De ceux qui intiment aux avalanches d’opinions de se taire, tout en volant le micro pour ne jamais le rendre.  
Vous avez dit « paradoxe » ? C’est le mot. Celui qui le suit, qui l’étreint, qui le borde et lui donne les armes. Le rend dingue et contagieux. 
En même temps, qu’attendre de celui qui a fait son éducation musicale comme on lance des couteaux à l’aveugle : Stravinski et death metal, Coltrane ou John Zorn, après s’être pris le choc de sa (très jeune) vie à 3 ans devant un Renaud dont il ne comprend pas les textes, mais tombe en amour du reste. Chercher à comprendre serait ici vain, voire dangereux. 
 
C’est en revanche en toute logique qu’il grandit guitare à la main, et comme ses idoles Henry Dès et Renaud, commence à composer. Pas mal de conneries, tout d’abord et de son propre aveu, dès 11 ans. Avant de filer vers son destin, le rap, qu’il percutera à 15 ans en total look country (son autre passion), dans un concert de VALD. Là-bas, plantés dans ses santiags, il comprend la force, l’effervescence. Plus question alors de chanter la rage du désespoir, guitare à la main. Il veut désormais communier, en toute puissance. 
Et quoi de mieux qu’haranguer pour allumer la mèche ? Le jeune artiste prend donc ses quartiers dans le rap, et donne naissance à « San Nom ». Sale gosse aux textes acides, dont le personnage intenable finira par se dévorer lui-même, sur l’autel de la pandémie. 
 
San Nom est presque mort, vive San Nom. Dès lors, une traversée en eaux sombres s’amorce. Une remise en question aux airs de dépression, dans laquelle il finira par trouver sa vérité. Absurde et sans filtre, paradoxale, toujours. Aux confins d’une production organique épique, belle et malade à la fois.
A travers « Silence », San Nom nous invite aujourd’hui dans ce miroir de vie. On y prend place comme on se cale devant sa télé, avide du spectacle déformant de la réalité.
 
Une introduction prétend tout d’abord nous éclairer avant de se rétracter, et on entame, dans le désordre, le voyage immobile avec « Hamindgja ». Recherche du bonheur qui tourne sur elle-même, jusqu’à s’en mordre la queue. L’espoir, c’est déjà pour plus tard. Le réveil se poursuit avec « ZigZag », étrange, cotonneux, avide de cette paresse et des addictions que l’on prend pour de la tendresse, et dont la caresse nous anesthésie. Changement de chaine, changement de haine : et si l’amour arrivait ? Il offrirait des faux-semblants lors d’une première rencontre inversée, à l’image de ces « Monts et merveilles » façon sitcom doux-amer. Un jeu dangereux qui laisse place à l’allocution « Je vous promets », discours politico-halluciné qui se prélasse dans l’évidence des promesses les plus crasses. De quoi donner des envies de vacances, hein ? C’est certain. Qu’on les boive « Tous ensemble », comme un documentaire social aux allures d’apéro sur le radeau de la Méduse, ou qu’on se les prenne dans les dents. Belles et connes comme les vacances d’un autre dans le titre « Saint Tropez », fruit des amours de Renaud et de T.T.C. Mais ce serait sans compter le décollage, enfin, vers d’autres sphères, à la fois abyssales et limpides, où tout se digère pour mieux se recracher dans « J’assume tout ». La presque fin, la vraie, sous toutes ses coutures, encore à vif et prête à céder pour renaître. Mais pourquoi ? Peut-être pour aimer. Oui c’est ça, avec « Toi aussi », chanson d’amour où tout se rejoint, et fait sens, enfin. Mais jusqu’à quand ?
 
C’est ainsi que prend fin ce « Silence », la grande épopée à domicile dont on ressort lessivé, et bêtement heureux, gagnant sur la fin du monde, qui, pourtant, et pour toujours, nous attend.
 
D.J."

Discographie

19 album(s) • Trié par Meilleures ventes

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