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Alex Chilton

Peu connu du grand public, le songwriter de Memphis est considéré pour beaucoup et à juste titre comme un acteur culte et essentiel de la scène rock des années 70. Pour Tom Waits, Alex Chilton était le Thelonious Monk de la guitare rythmique... S’il décroche la gloire avec son premier groupe les Box Tops pour le légendaire single The Letter dont il n'est d'ailleurs pas l'auteur (il n’a que 16 ans !), c’est avec Big Star que Chilton entre réellement dans la légende. Mais comme pour certains groupes ou certains disques souvent négligés en leur temps, la canonisation de cette Grosse Étoile à la carrière éphémère n’interviendra que bien plus tard…


Une Grosse Étoile réellement vénérée par des gens aussi divers que R.E.M., Wilco, Elliott Smith, Teenage Fanclub, les Bangles, Sparklehorse, Garbage, Jeff Buckley, Cheap Trick, Cat Power, Yo La Tengo, Placebo et bien évidemment les Replacements de Paul Westerberg qui composeront une superbe chanson sobrement intitulée Alex Chilton…


Né dans une famille de musiciens le 28 décembre 1950 à Memphis dans le Tennessee, Alex Chilton est rapidement repéré à l’école pour ses capacités vocales. Il intègre les Devilles rebaptisés Box Tops. Memphis est alors un fief on ne peut plus conservateur dans un Sud où les marques de la ségrégation poussent certains locaux à en refuser ce diktat. Avec leur pop matinée de blue-eyed soul, les Box Tops sont propulsés sur le devant de la scène nationale et surtout internationale grâce au single The Letter qui sort à l’été 67.


Si Alex Chilton impose sa voix, c’est la qualité des chansons composées par la crème des musiciens locaux comme Dan Penn, Chip Moman et Spooner Oldham qui marque les esprits. Après quatre albums (The Letter/Neon Rainbow en 1967, Cry Like A Baby en 1968, Non-Stop également en 1968 et Dimensions en 1969), les Box Tops se séparent en 1970.


Alex Chilton peaufine alors son jeu de guitare, son chant et son écriture à Memphis et s’envole quelques mois à New York pour là aussi emmagasiner expérience et savoir-faire De retour à Memphis en 1971, il fonde Big Star avec notamment Chris Bell, autre cerveau de cette formation inclassable. Dès le premier album du groupe, #1 Record enregistré au légendaire studio Ardent de Memphis, on sent l’étonnant et atypique carambolage d’influences. Et si l’affaire est à la base foncièrement pop – les effluves Beatles, Beach Boys et Kinks sont évidentes – la musique du groupe intègre d’étranges et belles parties de guitares, des éclairs presque soul et de nombreuses bizarreries disséminées tout au long du disque. Alliant les mélodies et les structures de la pop music à l’énergie du rock’n’roll, Big Star invente un genre, la power pop, dont ils restent les parrains les plus doués.


Ce premier disque est aussi l’œuvre de deux personnalités bien distinctes : Alex Chilton le rebelle nerveux et amer et Chris Bell le rêveur torturé. Si dépressif qu’à la fin de l’année 1972, celui-ci quittera le navire avant la finalisation du second opus du groupe, Radio City. Bell préparera un bouleversant disque solo porté par les chefs d’œuvre I Am The Cosmos et You And Your Sister avant de périr dans un accident de voiture en décembre 1978.


Alex Chilton publie donc Radio City en 1974. Second album de Big Star et second chef d’œuvre de pop étrange au cœur duquel l’on trouve (attention, roulement de tambour !) l’une des plus belles chansons de l’histoire de la pop music : September Gurls. L’époque vénère alors l’artillerie lourde de formations comme Led Zep et la power pop du groupe de Memphis, à la fois colorée et vicieuse, fait tache dans le paysage américain.


Si Big Star commence à battre de l’aile, Chilton accouche tout de même, en 1978, d’un troisième album improbable (baptisé Third par certains et Sister Lovers par d’autres…). Produit par le sorcier de Memphis, Jim Dickinson, cet ovni beau et effrayant à la fois renferme tant l’ADN initial de Big Star que d’étranges expérimentations folles héritées du Velvet Underground (hallucinante reprise de Femme Fatale), de Nat King Cole (Nature Boy), des Kinks (Til The End Of The Day), de la soul music sudiste et même de la musique classique ! Il y a dans cet improbable machin apocalyptique, dans cette superbe descente aux enfers, du violoncelle, des larsens et l’état désespéré de Chilton, comme la décomposition en direct de son groupe qui n’en est plus un. Un album kaléidoscopique improbable et génial ! Un chef d’œuvre tellement utile que Big Star peut définitivement baisser le rideau en cette même année 74…


Chilton se lancera désormais seul, sous son nom, sortant des albums solo régulièrement, tantôt flamboyants et toujours étranges (comme le chaotique Like Flies On Sherbert en 1979), où les reprises sont souvent légions (rock certes mais aussi country et même jazz). Dans les années 80, il se produira régulièrement avec une autre figure déjantée de la scène de Memphis, Tav Falco, qu’il épaulera régulièrement au sein du groupe Panther Burns. Il reformera également Big Star à plusieurs reprises épaulé par les Posies.


La scène indé redécouvre Big Star à la fin des années 80 et Chilton est souvent cité comme une influence pour de nombreux groupes et songwriters. Mais si cette carrière solo demeure au final assez anecdotique quoique non négligeable, Alex Chilton aura eu le mérite d’apporter une contribution majeure à l’histoire de la pop et du rock avec les trois albums de Big Star, comme le triptyque vital d’un genre passé au filtre du cerveau bouillonnant, cultivé mais aussi complexe et surtout énigmatique bonhomme. Il est terrassé par une crise cardiaque, le 17 mars 2010 à New Orleans. Il avait 59 ans. © MZ/Qobuz

Discographie

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