L'une des plus belles surprises de l'année 2010 fut la réédition de quelques enregistrements Chopin de Ruth Slenczynska. Cette pianiste américaine, un peu oubliée aujourd'hui, fut l'un des phénomènes pianistiques les plus incroyables du milieu du XXe siècle, son jeu « scotchant » les grandes salles de concerts aux États-Unis, comme les étudiants et les professeurs – bouche-bée devant sa technique transcendantale – des grandes écoles du pays. Elle grava de nombreux enregistrements pour American Decca, surprenants de liberté expressive, de rubato, d'intelligence musicale - phrasés, équilibre des mains phénoménaux, comme en témoignent ces Chopin parus donc cette année sous label Deutsche Grammophon. Ici, en concert il y a quelques années, au Japon, dans le cadre d'une tournée assez tardive certes, mais qui offrit au public nippon l'occasion de redécouvrir une immense dame du piano, elle revenait à son amour de Chopin et aux Préludes du compositeur : la technique n'est certes plus aussi foudroyante que dans son enregistrement pour The Heritage Society - en 1974, où elle nous donne peut-être l'une des plus belles interprétations du Sixième Prélude - mais la puissance de la vision demeure...
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