Majeur Thompson

Plus de quarante ans de carrière avec Fairport Convention, avec sa femme Linda ou, depuis 1972, en solo, Richard Thompson est un songwriter ovni et un vrai-faux guitar hero dont l'art peut paraître austère. Bien ancré dans la tradition folk, son jeu complexe fait d’open tunings étranges et de picking singulier trouve pourtant sa source chez des génies aussi divers que Django Reinhardt, Bob Dylan, les Byrds et même Scotty Moore et James Burton, les guitaristes d'Elvis. Le Londonien est surtout une sorte d’icône pour beaucoup, un musicien culte comme on dit et dont les ventes de disques sont toujours restées malheureusement assez confidentielles (la fameuse croix des artistes cultes justement…). Depuis l'âge d'or du folk-rock anglais, Richard Thompson distille ses valeurs, sans compromis, furieux guitariste électrique lorsqu’il branche son ampli, ou artisan d’un folk à tiroirs virtuose quand l’option choisie est acoustique. Avec le bien nommé Still (ben oui, pourquoi bouger ?), le roi Richard ne change guère son fusil d’épaule et reste ancré dans ses propres valeurs éternelles. Enregistré à Chicago au Loft Studio, tanière de Jeff Tweedy de Wilco qui a d’ailleurs produit le disque et participe à quelques parties de guitares et de chant, ce 42e album n’offre aucune fioriture, aucun effet de manches, juste du folk pur, acoustique ou rock, qui se concentre sur l’essentiel : les chansons. Connaissant le rapport charnel que Tweedy entretient avec la country mais aussi le folk, la communication passe plus que bien entre les deux musiciens que 18 années séparent. Comme toujours avec Richard Thompson, on ne tombe pas amoureux de son album au sortir d’une seule et unique écoute. Non. Cet art se mérite car en contrepied total avec l’air du temps. Still n’est pourtant pas pour autant un opus désuet. Juste l’œuvre d’un artisan unique qui peaufine chaque jour un peu plus la chose la plus précieuse qu’il possède : son style.

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