Chaque mois, la rédaction de Qobuz repère pour vous les sorties à ne pas manquer, dans tous les genres.

MUSIQUES ELECTRONIQUES (Smaël Bouaici)

La rentrée est riche au rayon musiques électroniques ! Roisin Murphy, l’ex-moitié du groupe anglais Moloko, est de retour avec Hit Parade, produit par l’Allemand DJ Koze, tandis que James Blake revient à ses premières amours sur son nouvel album Playing Robots Into Heaven, précédé par deux singles, le grime Big Hammer et Loading, dans une vibe post-dubstep plus éthérée. Autres poids lourds de retour : les Chemical Brothers avec For That Beautiful Feeling, un album où ils semblent plus libres que jamais. Il y a aussi la productrice tunisienne Deena Abdelwahed qui, sur son nouvel album Jbal Rrsas, revisite la club music arabe entre bass, techno et expérimentations. Et pour terminer le mois en beauté, une collaboration inattendue entre les pionniers de la rave anglaise The Orb et David Gilmour, sur Metallic Spheres in Colour le 29 septembre, qui fait résonner ses guitares floydiennes sur quatre longs titres psychédéliques à souhait.

JAZZ (Stéphane Ollivier)

C’est une fois encore une image du jazz contemporain délicieusement éclectique que nous propose cette rentrée où trois disques font événement dans des registres et des styles radicalement différents. On s’arrêtera d’abord sur Black Classical Music, le premier disque en leader du batteur Yussef Dayes, figure clé de la jeune scène britannique : un cocktail détonant de néo-fusion mâtinée de dub, de jazz post-coltranien et de nu soul qui célèbre avec faste une vision très actuelle et résolument multi-culturaliste de la musique et de la société. C’est plutôt un « retour aux sources » auquel nous invite de son côté le saxophoniste Joshua Redman qui pour fêter en beauté sa signature avec le label Blue Note propose avec Where Are We un remarquable portrait de l’Amérique à travers une série de thèmes évoquant les grandes villes qui ont fait le jazz. Autre œuvre phare de cette rentrée, l’hypnotique (I’m just) Chillin’, on Fire de Carlos Nino & Friends, dans lequel le producteur, arrangeur et compositeur californien entouré d’une pléiade d’invités (d’André 3000 à Kamasi Washington) décline les beautés cotonneuses d’un jazz ambient expérimental volontiers psychédélique et parfaitement envoûtant.

On retiendra également les nouveaux albums des guitaristes Biréli Lagrène et Wolfgang Muthspiel — le premier revisitant dans l’ombre de Django le répertoire oublié d’un grand compositeur français (Biréli Lagrène plays Loulou Gasté ; le second enregistrant pour ECM à la tête de son power trio une nouvelle déclinaison de sa musique lyrique fortement influencée par le folk (Dance of the Elders). Enfin, on ira se plonger dans les arrangements somptueusement cinématiques du disque que Kyle Eastwood consacre aux musiques des films ayant marqué la carrière de son père (Eastwood Symphonic) avec un grand savoir-faire et beaucoup de tendresse.

ROCK & ALTERNATIF (Charlotte Saintoin)

Sueur, stress, excitation… Les disques pleuvent sous la canicule de la rentrée ! Retour en arrière d’abord avec les ballades envoûtantes de Haunted Mountain, troisième album solo de Buck Meek (Big Thief), passé chez 4AD. Le 1er, les rares Slowdive faisaient leur grand retour avec l’un des plus beaux albums de 2023 : Everything Is Alive, mélange de shoegaze et d’ambient. Le 8, le chantre de Laurel Canyon, Jonathan Wilson, dépose Eat The Worm, une pépite inclassable qu’il a concoctée dans ses studios à Topanga, alors que les archives d’autres Californiens, Fleetwood Mac dans leur formation la plus connue, avec Stevie Nicks/Lindsey Buckingham et feu Christine McVie aux claviers, prennent la lumière. Leur concert du 29 août 1977 au Forum de Los Angeles, durant le Rumours Tour, sort en intégralité et en Hi-Res pour la première fois.

Le 15, chaleur toujours avec Sahel du génial guitariste nigérian Bombino chez Partisan, Relentless des Américains Pretenders avec une collaboration avec Jonny Greenwood, l’équivoque Bluegrass, le mille et unième album (on ne compte plus) de Willie Nelson pour les adeptes, Secret to Life, le premier disque popesque et feel good (qu’on auréole d’un Qobuzissime) des tout jeunes FIZZ. Mais il y a aussi Perennial, un grand moment grâce folk-rock signé Woods et ce coup au coeur : Bird Machine, le touchant album posthume de Sparklehorse. Ne passez pas non plus à côté, à la fin du mois, du synthétique Flying Wig de Devendra Banhart concocté avec Cate Le Bon, et du très attendu Cousin de Wilco.

CLASSIQUE (Pierre Lamy)

Qobuz ouvre la rentrée de septembre avec une très belle exclusivité au téléchargement parue chez PentaTone : Dido & Aeneas, l’unique opéra de Purcell dans une très belle version de l’ensemble La Nuova Musica, disponible en streaming à partir du 22. On continue avec les douloureux mais magnifiques adieux du mythique Quatuor Emerson qui tire sa révérence après un quasi demi-siècle de carrière. Pour l’occasion, les Emerson s’associent à la merveilleuse soprano Barbara Hannigan (à retrouver en interview dans nos colonnes le 13 septembre), et signent chez Alpha le splendide Infinite Voyage, album consacré à la seconde école de Vienne. Le 15, on ne manquera pas le fascinant Par un Matin premier album du jeune ensemble vocal féminin Esquisses, qui travaille à merveille les répertoires à voix égales des XXe et XXIe siècles. Le 22, on retrouvera avec bonheur la désormais incontournable « collection Vivaldi » de Naïve avec Fabio Biondi et Europa Galante avec au programme le Concerti per Violino XI ‘per Anna Maria’. Le 22 toujours, le jeune guitariste virtuose Thibaut Garcia revient chez Erato avec El Bohemio, programme dédié au légendaire compositeur Agustin Barrios. Enfin, on termine le mois en beauté avec, au choix, Fantasia du pianiste star Igor Levit chez Sony Classical, ou The Great Puccini, nouveau récital du ténor Jonathan Tetelman chez Deutsche Grammophon.

REGGAE (Smaël Bouaici)

Un disque à rattraper pour commencer : la version dub réalisée par Adrian Sherwood de Reset, le génial album publié en 2022 par Panda Bear et Sonic Boom. Une relecture inspirée et inspirante ! Dub toujours pour démarrer le mois avec une plongée dans les archives du regretté producteur et selector Mickey Dread, pionnier du reggae à la radio jamaïcaine. C’est Greensleeves Records qui s’associe aux habitués du Notting Hill Roots Defenders pour sortir ce Down in the Dub Vaults Channel One, avec des grands du roots reggae comme Wailing Souls, Michael Prophet ou Triston Palma. La grosse sortie du mois, c’est l’album de Stephen Marley, Old Soul, dont on a eu un aperçu au printemps avec le single du même nom. Sur ce nouveau disque, le fils de Bob a sorti son carnet d’adresses, avec des guest de luxe un peu partout, entre Bob Weir, Jack Johnson, Ziggy Marley et Eric Clapton, avec qui il reprend I Shot the Sheriff, la même chanson que l’Anglais avait empruntée au père du Jamaïcain en 1974, contribuant à son accession vers le mainstream. Enfin, Don Letts, le copain des Clash et de Bob Marley, auteur d’un documentaire sur le punk avant tout le monde, sort son premier album Outta Sync le 29 septembre, sur lequel on retrouve notamment Hollie Cook, la fille de Paul Cook, le batteur des Sex Pistols. La boucle est bouclée.

CHANSON FRANÇAISE (Nicolas Magenham)

Disparu en 2022, Arno était un adepte de duos parfois improbables, jamais prémédités, toujours magiques. Cette compilation réunit 18 collaborations fabriquées dans l’urgence avec Jane Birkin, Stromae ou Stephan Eicher. Ce type d’exercice était souvent l’occasion pour lui de proposer des reprises décalées (La Paloma adieu avec Mireille Mathieu, Le téléphone pleure avec Alice On The Roof) et de jouer à fond la carte de l’émotion (Je me repose avec Ibrahim Maalouf). Les Duettes sort le 8 septembre.

Après un EP magnétique en 2018, Clara Ysé publie un premier album qui mêle pop, musique baroque et musiques du monde. Un disque puissant qui marque la naissance d’une voix lumineuse. Oceano Nox sort le 15 septembre. Le même jour, on aura le plaisir de retrouver l’artiste canadien Chilly Gonzales pour un album 100 % chanté en français (French Kiss). Un disque qui a le mérite de réunir des artistes aussi différents que Juliette Armanet, Arielle Dombasle, Teki Latex et Richard Clayderman ! Toujours en cette mi-septembre, Jil Caplan est de retour avec un album d’inspiration folk, élégant et poétique, qui s’intitule Sur les cendres danser.

La fin de ce mois sera marquée par la sortie du premier album en français de l’acteur franco-canadien Aliocha Schneider (Aliocha Schneider), ainsi que la réédition d’une BO culte composée par une sommité de la variété française : Alain Goraguer (premier arrangeur de Serge Gainsbourg, disparu cette année). La Planète sauvage est la musique d’un dessin animé SF de René Laloux sorti en 1973 et qui brille par son mariage de funk, électronique et rock psychédélique.

METAL/ROCK (Maxime Archambaud)

Septembre aura bien commencé : Memorial, nouvel album des Suédois de Soen, est disponible depuis le début du mois. C’est ensuite Kvelertak qui sortira Endling le 8 septembre. Les chantres du black’n’roll (n’punk) continuent leur chemin de croix entamé en 2020 vers une musique plus sauvage et épaisse. Le 15 septembre verra Corey Taylor (Slipknot, Stone Sour) sortir son second album solo, CMF2. TesseracT sera également de la partie avec War pf Being. KEN Mode sortira l’impétueux Void le 22 septembre, en même temps que Fight as One des hardcoreux de Freya.

Le vrai dilemme ce sera pour le 29 septembre avec les sorties de Screamin’ at the Sky de Black Stone Cherry, The Above de Code Orange, la version cinquantième anniversaire du Space Ritual d’Hawkwind, sans oublier les KK’s Priest (KK Downing et Tim Ripper Owens) qui sortiront leur second album The Sinner Rides Again. Si rien de tout cela ne vous branche, l’album de l’année sortira également ce jour-là, The Harmony Codex de Steven Wilson.