Chaque mois, la rédaction de Qobuz repère pour vous les sorties à ne pas manquer, dans tous les genres.

MUSIQUES ELECTRONIQUES (Smaël Bouaici)

Côté électronique, l’été a démarré avec le septième album du combo suédois Little Dragon Slugs of Love, (le 7 juillet), tiré par son irrésistible single du même nom, qui succède sur un ton toujours aussi joyeux à New Me Same Us, paru en 2020, sur lequel ils régénéraient un son dance/soul/R&B toujours plus ouateux. Fin juin, il ne fallait pas non plus rater l’album de Rrose, Please Touch, qui mixe dancefloor et avant-gardisme, tandis que le combo britannique Jungle a annoncé son quatrième long format Volcano, chez Caiola Records, pour le 11 août, avec un single irrésistible et 100 % soulful, Candle Flame (featuring Erick The Architect). Tout ce qu’il faut pour passer l’été à danser les bras en l’air.

JAZZ (Stéphane Ollivier)

L’été est habituellement une période assez pauvre en sorties de disques mais ce mois de juillet fera exception pour les amateurs de jazz avec l’exhumation inespérée de deux documents live inédits de John Coltrane et Nina Simone appelés à prendre une place tout sauf anecdotique dans leurs discographies respectives. Rendant compte de concerts donnés à New York dans le petit club du Village Gate à l’été 1961 par le mythique quartet de Coltrane rejoint pour l’occasion par le clarinettiste basse Eric Dolphy, Evenings at the Village Gate restitue l’extraordinaire énergie créative du saxophoniste à cet instant crucial de sa carrière et s’impose d’ores et déjà comme un document incontournable. Même chose pour You’ve Got To Learn publié par Verve et offrant pour la première fois au public l’occasion de partager le concert que donna Nina Simone le 2 juillet 1966 dans le cadre du festival de jazz de Newport à un moment particulièrement créatif et engagé de sa carrière en pleine luttes pour les droits civiques. Là encore, impossible de faire l’impasse.

Côté nouveautés, on s’arrêtera sur le magnifique hommage rendu par le pianiste allemand Joachim Kühn à la tête de son New Trio à la musique du compositeur polonais Krzysztof Komeda (Komeda, chez ACT). Et le collectif post-fusion jazz de Los Angeles High Pulp nous donnera avec Days in the Desert un petit aperçu des dernières avancées de sa musique à la fois expérimentale et atmosphérique inventant de nouveaux liens entre jazz et musique électronique.

ROCK & ALTERNATIF (Charlotte Saintoin)

Beaucoup de retours de flamme pour juillet ! Le joyau de ce mois chaud, c’est bien sûr le soulful My Back Was a Bridge for You to Cross d’Anohni & The Johnsons le 7 juillet. La chanteuse anglaise vivant à New York plonge dans la soul-folk américaine des années 70 pour défendre, avec son sublime falsetto, les droits des personnes transgenres et la planète. Le même jour sonnait un autre grand retour : celui, après six ans d’absence également, de PJ Harvey. On la retrouve pour I Inside the Old Year Dying, avec une voix plus haute, sur le fil, qui habille des morceaux très épurés, produits par les fidèles Flood et John Parish. La Sud-Africaine Alice Phoebe Lou, que l’on aime beaucoup et qui avait été distinguée par un Qobuzissime pour son second Paper Castles, sortait Shelter, toujours dans cette pop-folk à la douceur infinie.

Le 21, Blur revient en force avec The Ballad of Darren, dont vous pouvez déjà entendre le single The Narcissist. Et pour clore, place à l’une des reines de Fleetwood Mac, Stevie Nicks. Un important coffret rassemblant l’ensemble de ses albums studios solos et des raretés paraît le 28.

CLASSIQUE (Pierre Lamy)

Juillet a commencé sur les chapeaux de roues avec deux très belles rééditions parues le 7 : la première signée Martha Argerich dans un programme live, le 15e volume de cette édition parue chez DOREMI. La seconde nous vient d’Herbert von Karajan, dont on pourra redécouvrir la 8e Symphonie de Bruckner remastérisée par Archipel. Le 14, il ne faut surtout pas manquer chez Deutsche Grammophon le nouveau récital solo de la violoniste Hilary Hahn, qui nous séduit par son interprétation virtuoses des 6 Sonates pour violon seul d’Eugène Ysaÿe. Le même jour, le Prague Symphony Orchestra et Václav Smetáček raviront les auditeurs dans un programme entièrement consacré à Dvořák. Enfin n’oublions pas deux sorties majeures le 28 : le très beau récital Beethoven de la pianiste Alice Sara Ott (Deutsche Grammophon), ainsi que les œuvres orchestrales de Paul Wranitzky données chez Naxos par le Czech Chamber Philharmonic Orchestra.

COUNTRY/FOLK (Stéphane Deschamps)

Dans les collections de disques de nos parents, de nos grands-parents ou de nos jeunes années se trouvaient parfois des vinyles de Nick Drake et Joni Mitchell, précieux refuges folk où dorloter et enrichir sa mélancolie. Les deux sont toujours d’actualité en ce mois de juillet, par ailleurs plutôt calme en sorties d’albums. Nick Drake est honoré de The Endless Coloured Ways, un album de reprises intéressant pour son casting panoramique : on y croisera aussi bien Ben Harper que Fontaines D.C., Craig Armstrong ou la Française Camille. Quant à Joni Mitchell, elle est de retour avec At Newport, un album live qui tient du miracle, huit ans après un AVC.

On aurait rêvé d’entendre un duo entre Nick Drake et Joni Mitchell. Ça tombe bien, l’Américaine Allegra Krieger sonne comme leur fille secrète, déployant sur I Keep My Feet on the Fragile Plane des trésors de folk éthéré et langoureux.

Dans un registre proche, la New-Yorkaise Julie Byrne est bouleversante, ou éblouissante de noirceur sur son album The Greater Wings. À la fois évanescent et dans la torpeur, son folk de catharsis post-deuil évoque Nico, Judee Sill ou le meilleur de Sufjan Stevens. Et pour ramener un peu de joie et de rythme, on pourra compter sur le City of Gold de l’Américaine Molly Tuttle, chanteuse, guitariste et banjoïste virtuose, adepte de la tradition bluegrass dont elle fait voler la poussière.

REGGAE (Smaël Bouaici)

Island continue de promouvoir l’héritage de la musique de Bob Marley, qui est cette fois associé à des artistes du continent noir sur l’album Africa Unite. Des noms liés au mouvement afrobeats sont invités à reprendre des classiques de l’idole de la Jamaïque, avec un beau casting comprenant Sarkodie, Afro B, Ayar Starr, Patoranking ou Tiwa Savage. Un premier extrait était tombé début juin, Three Little Birds, repris par les Nigérians Teni et Oxlade, en attendant l’album le 4 août.

Hollie Cook prépare de son côté pour le 11 août une version dub de son excellent album dédié au lovers rock, Happy Hour, en 2022, Happy Hour in Dub. Un premier extrait est disponible, la version dub de son hit Kush Kween avec Jah9, avec l’apport de Josh Skints.

Enfin, le chanteur américain Jah Sun est de retour avec un nouvel album Return to Balance en collaboration avec le groupe et label autrichien House of Riddim et avec des gros noms du reggae moderne comme Peetah Morgan de Morgan Heritage, Jesse Royal, Mellow Mood ou Lutan Fyah.


RAP (Brice Miclet)

Avant de partir en vacances, les rappeurs français ont pris la peine de livrer quelques projets alléchants pour ce mois de juillet. Deen Burbigo, d’abord, esthète qui semble se perfectionner d’année en année, sort la suite d’OG SAN, EP paru en 2022, en complète la tracklist avec huit nouveaux morceaux puissants, dont le fantastique featuring avec Limsa d’Aulnay, Domaine. Huit frappes, huit titres savoureux. Caballero & JeanJass continuent leur discographie en roue libre avec High & Fines Herbes – Edition 420. Mélange d’ego trip enfumé et de second degré, toujours basé sur cette alchimie sonore et vocale qui les caractérise.

Révélé au grand public par le télécrochet Nouvelle Ecole, Coelho a un beau CV au compteur. Il y ajoute une ligne avec Le Soleil ne s’éteint jamais, qui alterne entre radicalité rap sur Donner ou Business, et mélodies sur Parapluie ou Romance. Un dernier pour la route des vacances : le mystérieux Houdi et son dix titres intitulé SUN7, ovni nébuleux et versatile qui fait prendre conscience du talent du bonhomme aux retardataires.

De l’autre côté de l’Atlantique, Never Broke Again est toujours aussi productif avec Green Flag Activity, Vol. 2, projet fourni en titres expéditifs, complètement débridé, se rapprochant furieusement du format mixtape avec toute la liberté de ton et de prod que cela sous-entend. Une belle piqûre de rappel. Plus confidentiel mais pas moins talentueux, Magestik Legend, vétéran de la scène de Detroit, sort Come Back to Me, un album terrible où il explore son histoire, en forme de thérapie, sur des prods magistrales et pompeuses. Enfin, Pluto Mars, petite pépite de derrière les fagots, contentera toutes les générations d’auditeurs avec son album Bornstar, juste milieu sonore entre les aspirations sudistes et un rap inspiré des golden years.