Trente ans après la mort de Freddie Mercury, Qobuz revient sur le parcours de Queen, souvent réduit à la personnalité de son chanteur, mais qui était bien la réunion de quatre musiciens exceptionnels au sein d’un groupe équitable. C’est ce que Brian May et Roger Taylor (sans John Deacon parti à la retraite) se sont attaché à démontrer depuis la disparition de leur flamboyant frontman le 24 novembre 1991.

À l'aube des années 70, Farrokh Bulsara était déjà connu sous le prénom de Freddie dans les couloirs de l'Ealing Technical College & School of Art, mais il n'avait pas encore adopté le patronyme de Mercury. Il ne le fera qu'au moment de rejoindre enfin Smile, dont il était le plus grand fan, et en convainquant ses deux principaux membres, Brian May (chant, guitare…) et Roger Taylor (chant, batterie…), de rebaptiser le groupe Queen, peu de temps avant l’arrivée du bassiste John Deacon. Si les quatre hommes étaient avant tout unis par une passion commune pour le rock'n'roll, selon May, ils ont eu très vite l'ambition de jouer bien au-delà du circuit des pubs anglais : "J'ai vu les Who ou Jimi Hendrix et j'ai été transporté parce qu'ils étaient extravagants, qu'ils avaient l'air dangereux, que ça jouait très fort, que le spectacle était éblouissant… On ne savait jamais à quoi s'attendre vraiment. Nous avons voulu redonner aux gens toutes ces émotions que nous avions ressenties étant gamins. Avant même de jouer une note, nous avions déjà un but très clair. Et nous avions le goût du risque. C'est pour cela que nous avons misé énormément sur notre show, avec des décors, des light shows énormes… Et c'est aussi pour ça que nous aimions faire beaucoup de bruit (rire) !"

Roger Taylor n'est pas le dernier à rappeler que Queen transcendait les talents de ses membres. Tous, y compris Mercury, se sont essayés avec plus ou moins de réussite en solo, mais aucun n'a réussi à éclipser le groupe : "Nous étions un véritable groupe et il n'y en a pas tant que ça. Le plus souvent, il y a un leader qui fait tout et surtout de l'ombre aux autres… Freddie insistait en disant toujours : "Je ne suis qu'un membre du groupe." Même avec un aussi formidable chanteur et compositeur, nous étions un groupe équitable où chacun contribuait énormément. C'est l'un des secrets de la réussite de Queen. Nous étions une équipe soudée où chacun avait son importance. Tout le monde composait, tout le monde jouait de plusieurs instruments, on pouvait même tous se succéder aux claviers ou à la guitare en travaillant sur une chanson…"

Brian May reconnaît toutefois que les risques pris par le groupe ont rendu ses débuts difficiles et le succès est venu avec l'album de "la dernière chance" : "Je reste fier de tous les albums que nous avons enregistrés. Mais j'ai une tendresse particulière pour A Night at the Opera qui a inauguré une période faste pour le groupe. Nous avons enfin pu bénéficier de tous les moyens pour nous exprimer. On a commencé à nous donner du temps et beaucoup d'argent alors que nous étions quasiment ruinés au moment de commencer à enregistrer l'album. Nous avions des dettes énormes. Nous avions signé avec un nouveau manager, John Reed, et il nous avait dit ce que nous rêvions d'entendre : "Je prends en charge tous vos problèmes financiers, mais vous avez intérêt à enregistrer le meilleur album que vous ayez jamais réalisé. Un album qui changera le monde !" À partir de là, nous nous sommes sentis libres et cet album est comme un tableau qui contient toutes les couleurs que nous voulions intégrer."

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